Coup d’Etat du MPRS: le MBDHP condamne

Le 24 janvier 2022, alors qu’après le procès du putsch avorté de septembre 2015 on les croyait à jamais révolus, un coup d’Etat militaire, conduit et porté par le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), a mis fin à l’exercice du pouvoir par le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP).

Passés les premiers moments de stupeur et de frayeur et sur la base des constats de l’heure, il apparait évident, que la gestion calamiteuse du pouvoir d’Etat par le MPP et ses alliés caractérisée par l’aggravation continue de la situation sociopolitique et sécuritaire au Burkina aura été la principale cause de cet état de fait.

En effet, au cours de ces six (6) dernières années, la gestion du pouvoir d’Etat par le MPP et ses partis alliés, unis en Alliance de partis de la majorité présidentielle (APMP), aura été marquée notamment par :
– le développement sans précédent de l’insécurité à travers par la multiplication des attaques terroristes contre les forces de défense et de sécurité ainsi que les populations civiles, le déplacement forcé de près de 1,5 million de burkinabè, l’inaccessibilité des services sociaux de base (éducation et santé) dans bon nombre de localités ;
– une réduction drastique des espaces de libertés (de manifestation, d’expression et d’opinion), ponctuée par des interdictions abusives de manifester, des interpellations, arrestations et détentions arbitraires de lanceurs d’alerte, de journalistes, de syndicalistes et de défenseurs de droits de l’homme, des coupures abusives de salaire, le refus d’exécution des décisions de justices, etc. ;
– une mauvaise gouvernance caractérisée, soutenue par des faits présumés de corruption à ciel ouvert impliquant de très proches collaborateurs du Chef de l’Etat ainsi que des notables du pouvoir ;
– l’abandon de larges couches des populations à leur sort face au renchérissement exponentiel du coût de la vie ;
– une gestion calamiteuse des rapports et conflits sociaux latents, caractérisée par la suffisance, l’arrogance,
le mépris, des menaces tous azimuts et la répression.

C’est donc l’incapacité congénitale du MPP à répondre convenablement aux attentes et appels pressants et incessants des populations qui aura davantage servi de terreau à cet énième coup d’Etat militaire perpétré dans notre pays. Déjà, le 21 novembre 2021, à travers une déclaration publique sur la situation sociopolitique délétère et face aux appels au coup d’état lancés au cours des multiples manifestations de protestation dans plusieurs localités, le MBDHP rappelait et réaffirmait qu’aussi bien au Burkina qu’ailleurs, les coups d’Etat n’ont jamais apporté de solutions justes et pérennes aux préoccupations et attentes des populations. Le MBDHP réaffirme sans réserve cette position. Les coups d‘Etats militaires constituent des reculs démocratiques ; celui perpétré par le MPSR ne fait pas exception.

Lors de son adresse à la nation le 27 janvier 2022, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, Président du MPSR s’est engagé, entre autres choses, à respecter les droits humains et à garantir l’indépendance de la justice. Le MBDHP note qu’au-delà de cette profession de foi, le meilleur indicateur de mesure de cet engagement n’est autre que le retour rapide à un ordre constitutionnel normal à travers le rétablissement de la Constitution.

Le MBDHP reste convaincu aujourd’hui encore que seul notre peuple mobilisé et décidé à assumer ses responsabilités pourra venir à bout des forces du mal qui endeuillent quasi-quotidiennement nos populations des villes et campagnes et par la même occasion mettre notre pays sur la voie du progrès économique et social véritable. C’est donc fidèle à ses principes ainsi qu’à sa triple mission de promotion, de protection et de défense des droits de l’homme, que le MBDHP :
– Condamne le coup d’Etat du 24 janvier 2022 ;
– Appelle instamment le MPSR :
– à assurer la sécurité physique et psychologique du Président déchu, de sa famille ainsi que des membres de l’ancien régime et à garantir, en l’absence de toute procédure judiciaire, leur liberté de mouvement à l’intérieur du territoire national ;
– à rétablir la Constitution et les Institutions établies sur les fondements et dispositions de celle-ci ;
– au strict respect des droits humains ainsi qu’à une garantie effective de l’exercice des libertés publiques
sur l’ensemble du territoire national.

 Appelle ses militants et militantes à la vigilance en ces moments difficiles de l’histoire de notre pays. Le Mouvement les invite également à poursuivre avec abnégation et courage leurs actions de promotion, de protection et de défense des droits humains et à s’organiser aux côtés des autres couches sociales de notre pays, afin de revendiquer pour tous les Burkinabè, des villes comme des campagnes, le respect des droits fondamentaux notamment la réalisation du droit de notre peuple à la sécurité.

Ouagadougou, le 28 janvier 2022
Le Comité exécutif national

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