9ème Forum Mondial de l’Eau : Speak Up Africa impulse la réflexion pour un secteur d’assainissement inclusif en Afrique

« Une jeune fille sénégalaise de 14 ans s’appelle Raki. Elle rêve de devenir maîtresse parce qu’elle aime beaucoup apprendre et aller à l’école avec ses amis et cousins. Raki a une maîtresse, Mme. Faye, qui l’inspire énormément.

À la maison, Raki n’a pas d’eau courante. Les filles de la famille passent au minimum 2heures par jour à gérer la collecte d’eau, encore plus les weekends quand elles n’ont pas école.

Raki vient d’avoir ses menstrues. Elle a vu ses cousines et grandes sœurs utiliser des serviettes hygiéniques jetables et ne pas trop savoir comment en disposer. Il arrive à sa cousine Anta de rester à la maison pendant une semaine. Quand elle a demandé comment ça se faisait, pourquoi Anta n’était pas tenue d’aller à l’école comme tout le monde, on lui a répondu qu’Anta ne pouvait pas aller à l’école quand elle avait ses règles. Raki n’a pas compris. Où était le rapport entre les règles et l’école ? Un petit garçon du quartier lui répondit qu’Anta était sale quand elle avait ses règles. Raki s’est demandé si elle aussi elle allait être sale quand elle aurait ses menstrues. Anta lui a confié qu’en fait, elle préférait rester à la maison. A l’école elle n’arrive pas à se changer dans les toilettes. À cause des séquelles de la polio, Anta est tombé plusieurs fois dans les toilettes de leur école.

Le meilleur ami de Raki c’est son cousin Diam. Diam qui tombe souvent malade en juillet à cause des eaux stagnantes de son quartier. Il n’est pas le seul d’ailleurs. En juillet, leur équipe de foot « ballou kogn nawetan » passe de 12 à 6 membres à cause des problèmes respiratoires et du palu.Raki se pose beaucoup de questions. Elle se demande comment faire pour aider son cousin Diam. Comment faire pour aider Anta. Elle se demande pourquoi les toilettes de son école ne lui permettent pas de se changer sans se salir et pourquoi une partie de son quartier sent toujours très mauvais ».

Il y a combien de Raki autour de vous ?, d’Anta qui frôle l’abandon scolaire à cause du non accès à des latrines adéquates à l’école ? de Diam toujours malade par le fait d’un cadre de vie insalubre ?

Cette histoire fictive racontée par la Directrice des Operations de Speak Up Africa, Carina Ndiaye, lors du panel sur « Genre, l’inclusion à tous les niveaux dans le secteur de l’assainissement » organisé par son organisation dans le cadre du 9ème Forum Mondial de l’Eau, a rappelé au public la réalité quotidienne de l’inaccessibilité d’une frange importante de la population aux ouvrages d’assainissement adaptés à leur besoin. Une situation jugée déplorable et inacceptable.

« On ne peut pas dire qu’on œuvre pour le développement lorsqu’on met de côté plus de la  moitié de la population » a martelé le parlementaire béninois Aké Natondé. Pour lui, les questions de genre doivent être au cœur de la mise en œuvre des politiques publiques. Dans le secteur de l’assainissement, le deputé Aké Natondé a conduit dans son pays la révision du code de l’hygiène publique. Selon ses propos, la gestion de l’hygiène menstruelle et des dispositions qui obligent les pouvoirs publics à tenir compte du genre dans la construction des infrastructures publiques sont inscrites dans la nouvelle mouture de la règlementation. Un exemple à reproduire dans la plupart de nos pays pour l’épanouissement de toutes les couches sociales.

L’accès à l’assainissement pour tous n’est pas seulement un droit fondamental mais surtout de justice sociale. Pour cela,  le système doit être inclusif. « Nous devrons  prendre en compte le genre et les personnes vulnérables à tous les niveaux dans l’élaboration des solutions par rapport à l’assainissement » a plaidé la vice-présidente de l’Association Panafricaine des Acteurs de l’Assainissement, Eva Muhia.

HSD

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