L’accès des femmes à l’eau potable reste toujours un calvaire

Sipigui est à seulement quelques kilomètres de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville dite économique et culturelle du Burkina. En 2014, le village a accueillie un grand événement.  Il s’agissait en effet de l’inauguration d’une route rurale financée à hauteur de 150 millions de FCFA.

Longue de 23 kilomètres, l’infrastructure routière a été applaudie, particulièrement par les femmes qui, enfin, vont voir les lourdes tâches de leur quotidien réduites. Pourtant, elles semblent vivre une triste réalité qu’est l’accès à l’eau potable dans leur village. En effet, juste après le cérémonial, des femmes se sont rendues dans le seul puits du village où l’on peut encore avoir de l’eau pour servir les étrangers. Le puits a, selon une femme, une profondeur de 10 à 15 mètres. Sans attendre, deux autres femmes se mettent au travail. Elles puisent l’eau pour la mettre dans une bassine. Mais, en attendant de rejoindre le lieu de la cérémonie, l’une d’elles qui avait soif, prend une gorgée. « Comment peut-on boire une telle eau ? », leur a-t-on demandé, ahurie. « C’est l’eau que nous buvons tous les jours au village. C’est d’ailleurs le seul puits où l’on peut encore en avoir. Les autres ont déjà tari. A défaut de celui-ci, il faut se rendre au marigot. Nous faisons la cuisine et nous nous lavons avec cette eau », répondirent-elles. Ainsi, les femmes de Sipigui n’ont pas accès à l’eau potable et sont exposées à toutes sortes de maladies. Leurs progénitures n’en sont pas non plus épargnées.

Pendant qu’on fait semblant de mener des études de réflexion sur les problèmes que rencontrent les femmes au Burkina. Pendant qu’on organise chaque année un forum des femmes pour parler de leurs difficultés. Pendant qu’on organise des futilités d’activités à l’occasion de la journée du 8 mars. N’est-il pas prioritaire de trouver de véritables solutions à l’accès à l’eau potable plutôt que les formulations de recommandations et de stratégies pour un meilleur accès des femmes aux différentes sources de financement ou encore pour le renforcement de leurs capacités entrepreneuriales ? N’est-ce pas nécessaire de poser des actes concrets plutôt que d’aller se bousculer pour paraître en Faso Dan Fani ? En tout cas, la promotion de l’autre moitié du ciel reste encore une lutte qui ne  pourra jamais se mener entre quatre murs. Le plein épanouissement de la femme ne peut en aucun cas se réaliser sans son accès à l’eau potable, source de vie.

Quatre ans après la situation demeure la même.

Bassératou KINDO

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