Terre ceinte : le théâtre pour germer l’espoir chez les déplacés internes

Faire du théâtre ensemble, faire des photos, visionner des films, partager des repas…, – Terre Ceinte- à Kaya dans la région du centre-nord a réuni plus d’une centaine de déplacés internes en communion et désormais orienté vers la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble.

« Est-ce que vous allez revenir encore, ici à Kaya ? », demandait tristement la jeune Mariam (nom d’emprunt), une déplacée interne à Aristide Tarnadga, promoteur des’’ récréatrâles’’. Il rassure. « Nous serons toujours des vôtres autant que possible ».

Du 3 au 23 décembre 2021, une centaine de déplacés internes ont vécu les meilleurs moments de leur existence. « J’ai cinq enfants à ma charge, en plus de ma belle-mère. Mon mari a dû fuir les attaques terroristes pour se retrouver au Mali. Je lave les habits pour m’occuper de la famille depuis notre fuite de Yirgou. J’avoue que je n’avais jamais passé de merveilleux moments comme ces trois semaines à l’occasion de terre-ceinte. Nous avons beaucoup appris et le soir quand je rentrais à la maison, je me sentais déchargée d’un poids. Je me sentais légère. », témoigne jovialement Binta Diallo.

Des clichés, de la danse, de la musique….

Bougobali Sanou pour la danse, Zerbo Siaka dit Fasky pour la photo, Zongo Sibiri dit Zabda, Mariam Sougué et Wilfried Ouédraogo pour la peinture…, les ateliers de formation ont drainé plusieurs apprenants très enjoués. Un scorpion au milieu des moutons et bœufs, c’est l’image que Mamadou Sondé a représenté sur une toile. « Je vivais au milieu des scorpions. Ils étaient tellement habitués à moi qu’ils ne me piquaient plus. Cela me manque énormément », explique le jeune berger. Des souvenirs entremêlés de souhaits et de messages de paix, le mur de la maison de l’écoute et du dialogue de Kaya a changé de visage. Il est désormais coloré des souhaits les plus profonds de ces burkinabè obligés de fuir leur terre natale.

Nourrir l’espoir !

Terre ceinte à Kaya a pour objectif de nourrir l’espoir, explique Aristide Tarnadga, metteur en scène et dramaturge. Il estime que les artistes ont le devoir d’aider ces burkinabè a supporter leur douleur à travers des outils artistiques comme le théâtre, la danse, la peinture ; etc,.

Une façon d’épauler ces burkinabè victime de terrorisme afin qu’ils retrouvent l’espoir, afin qu’ils se relèvent, afin qu’ils affrontent et fassent face à cette situation d’insécurité. « Il n’y a pas que les politiques qui ont péché. Les artistes ont aussi leur part de responsabilité d’avoir laisser le terrain vide, d’avoir laisser les gens se vider de ce qui avait comme sens pour eux. Nous souhaitons rattraper à travers Terre-Ceinte », espère Aristide Tarnagda.

Après Tenkodgo, Koupela, Kaya, Terre Ceinte entend déposer ses valises à Kongoussi, Dédougou, Koudougou, Ouahigouya…

Le projet Terre Ceinte est soutenu par l’ambassade de France au Burkina, le ministère en charge de la communication, de la culture, des arts et du tourisme, l’UNHCR, et le ministère du genre, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire.

Par Bassératou KINDO