Originaire de la Californie, aux États-Unis, Erin Stephens, dite ‘’Erin Nassara », a posé ses valises à Ouagadougou en pleine pandémie de la COVID-19. Jongleuse professionnelle et passionnée, elle a fait du Burkina son nouveau terrain de jeu artistique et de vie sociale.
Quand elle parle du Burkina, Erin Stephens a des étoiles dans les yeux. Jongleuse professionnelle venue tout droit de Californie, elle s’est installée à Ouagadougou en plein Covid, en 2020. Celle que ses voisins appellent affectueusement “Erin Nassara” est tombée amoureuse du pays lors d’un passage à Cotonou, au Bénin, en 2018. Là-bas, elle fait une rencontre déterminante : Armand Ouendlamita, acrobate burkinabè, médaillé d’or d’une compétition internationale de cirque.

« C’était mon rêve de venir au Burkina depuis mes 16 ans », confie-t-elle. Face à Armand Wendlamita, elle explique lui avoir confié son amour pour le Pays des Hommes intègres avec pour rêve d’y aller visiter. Après plusieurs échanges, les deux sont parvenus à même créer une académie professionnelle de cirque ensemble qui sera basée à Ouagadougou.
Tout allant comme elle a toujours rêvé, elle saute le pas. Elle quitte les États-Unis et s’installe à Ouagadougou, et avec Armand Ouendlamita et quelques adeptes du cirque, ils créent l’association Yennenga Circus située à Somgandé, secteur 18 de Ouagadougou.
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En relatant ses débuts, elle confie que c’est à l’âge de 8 ans que s’est développé son amour pour les cirques. Ayant eu l’opportunité de se lancer depuis l’école, grâce aux activités extrascolaires,elle y a travaillé afin de faire valoir son potentiel en jonglage.
Jusqu’à aujourd’hui, elle n’a jamais lâché les balles. Erin révèle qu’aux États-Unis, le jonglage a été longtemps perçu comme une affaire d’hommes. De là, Erin a décidé de réinventer la jonglerie au féminin, en y ajoutant de la danse, l’élégance, le glamour… « Je voulais changer les mentalités, montrer que c’est un art noble, accessible aux femmes », explique-t-elle.
Lauréate de plusieurs médailles de bronze aux Championnats mondiaux de jonglerie en 2006, 2007 et 2013, et classée 8ᵉ sur le plan mondial en 2021 sur une quarantaine de candidats, Erin Stephens aurait pu poursuivre sa carrière ailleurs. Mais elle choisit le Burkina.
Yennenga Circus
L’association Yennenga Circus a vu le jour en 2020 sous le leadership de Erin, Armand Ouendlamita et de quelques amateurs du cirque. Elle est spécialisée dans plusieurs disciplines comme le jonglage, des spectacles de clowns… En plus des spectacles, l’association a aussi un volet social.

« On veut créer une véritable école de cirque pour les enfants, former les jeunes, organiser des spectacles et utiliser le cirque comme outil de développement personnel », affirme-t-elle. Chaque année, l’association organise un grand spectacle de Noël au CENASA, pour émerveiller les plus petits et les amener à s’y intéresser.

Ayant ancré la solidarité africaine en elle très tôt, il ne lui a pas fallu longtemps pour se faire des ‘’copines’’ tant au travail que dans le quartier. Acclamée et chérie par les enfants du quartier, Erin avoue avoir été émerveillée de la solidarité et du vivre-ensemble africain, chose rare dans son pays, a-t-elle dit, où l’individualisme est leur quotidien.
Comme meilleure amie et collègue, Kadja Kouza Koné est, entre autres, celle qui connait mieux Erin. Artiste circassienne, aussi jongleuse, elles travaillent en parfaite collaboration.
Pour Kadja Kouza Koné, Erin est bien plus qu’une collègue. « C’est une sœur. Elle a un grand cœur, elle partage tout avec nous. Elle nous pousse à rêver plus grand », lance-t-elle.

Dans un pays où les disciplines du cirque restent méconnues, Erin rêve de les faire découvrir au grand public. Parmi ses ambitions au Burkina, elle projette de créer le tout premier championnat national de jonglerie.
Erin Stephens nourrit de grands rêves pour le cirque et particulièrement la jonglerie au Burkina. Entre projets de créer un championnat national et inculquer cette discipline dans les habitudes, elle se donne tous les moyens pour réussir.
« Le cirque existe au Burkina depuis 25 ans, mais beaucoup l’ignorent », regrette Erin. Elle vit aujourd’hui grâce aux spectacles, aux tournées et aux invitations internationales, tout en formant une nouvelle génération d’artistes.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews