Juin, juillet, août, c’est la période des karités. À Ouagadougou, ils deviennent le gagne-pain de certaines femmes. Alignés sur des sacs, dans des paniers ou dans des petits bols, des femmes vivent occasionnellement de la vente de ces fruits saisonniers.

Au feu tricolore de Kouritenga, Awa (nom d’emprunt) est assise devant un tas de karités. Les uns dans un vaste panier et d’autres dans des petits bols. Accompagnée de sa fille, lycéenne en vacances, la vieille Awa ne fait pas d’effort pour avoir des client.e.s. Ses karités sont soigneusement triés et lavés. « Je me ravitaille à Komsilga. Là-bas, c’est la saison. Je paie le panier autour de 2 500 francs là-bas et ici je vends petit à petit », explique-t-elle.

À ses pieds, les petits et moyens bols sont vendus à 250 francs et 500 FCFA. Mais parfois, elle accepte de céder à 200. Une, deux clientes à moto ont été attirées par la qualité des karités de Awa. Elles achètent chacune 2 bols à 250 FCFA. « Chiéé, c’est joli. C’est bien trié, gros, et c’est moins cher ici que chez certaines vendeuses », a-t-elle apprécié en langue dioula.

Le long du mur de l’échangeur de Gounghin, Mariam (nom d’emprunt) vend aussi des karités. Elle se ravitaille auprès d’autres femmes vendeuses de karités. « Quand je vends bien, je peux gagner au moins 1500 à 2000 francs dans la journée », affirme-t-elle en triant des karités.
Son client du moment, un jeune homme véhiculé, s’arrête et descend pour lui acheter une assiette. « C’est combien, madame ? Je veux 1 tas de 250 FCFA », dit-il en posant son billet de 500 FCFA.

Pour Mariam, cette période est vitale. « Quand la saison finit, on doit chercher autre chose. Mais pendant ces mois, Dieu merci, on survit »,a-t-elle souligné en souriant.
À l’entrée ouest du marché de Kalgondin, Alimata (nom d’emprunt) s’est aussi reconvertie dans la vente des karités. Assise devant l’entrée principale, Alimata se protège sous un grand parasol bleu. Elle a abandonné la vente de condiments pour se consacrer exclusivement au karité pendant ces 3 mois. « C’est plus rentable en saison. Je peux acheter 3 grands paniers à 7 000 francs et revendre en petits tas pour plus de 15 000 en tout. C’est dur, mais ça vaut le coup », informe-t-elle en chassant des mouches de ses karités.

Elle discute avec une autre cliente, Adèle, ménagère. « Je suis venue faire le marché, j’en profite pour payer des karités pour mon petit et moi. Actuellement en tout cas, on en trouve partout », affirme-t-elle timidement.
Lire aussi: Mai-juin: C’est la période des raisins et des lianes – Mousso News
Un commerce éphémère mais vital
Entre 9 h et 17 h, ces femmes restent assises, souvent sous une chaleur écrasante, parfois chassées par un vent violent. Mais aucune ne se plaint. La vente du karité est pour elles une aubaine passagère, qui leur permet d’épargner un peu, de nourrir les enfants ou d’acheter les fournitures scolaires pour la rentrée.

Mais dès septembre, les tas de karités disparaîtront. Certaines retourneront aux autres petits commerces, à la terre ou à la maison. En attendant, le karité règne sur les trottoirs de Ouagadougou.
Annick HIEN/MoussoNews