“C’est mon handicap visuel qui m’a amené dans le journalisme”, Tani Diadiapoua Tindano

Dans un paysage médiatique où l’image prend souvent le dessus, Tani Diadiapoua Tindano fait entendre sa voix, claire et posée, comme une lueur dans l’ombre. Née handicapée visuelle, elle a choisi le micro pour se faire une place et pour ouvrir celle des autres. Journaliste à la RTB Radio, elle anime, produit des émissions qui parlent aux cœurs et aux consciences. Par sa voix, elle s’est donnée pour mission de briser les préjugés autour du handicap.

Derrière le micro de la RTB Radio, sa voix résonne, adoucit les auditeurs et aussi sensibilise. Chaque mot, chaque parole lancée par Tani porte une vocation de changer, transformer. Née malvoyante, la journaliste n’a jamais laissé son handicap avoir raison sur elle et lui dicter ses limites. Là où certains auraient baissé les bras, Tani Diadiapoua Tindano, originaire de la commune de Mani, dans la province de la Gnagna, dans la région de l’Est du Burkina, y forge sa force.

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Tani Diadiapoua Tindano, journaliste à la RTB Radio

Des premiers pas sur les bancs rudes

Les premières années à l’école ont été tendre pour la jeune femme, animé de soutien. Pour l’école primaire, Tani a fréquenté comme tous les autres enfants, car elle et ses camarades vivant du handicap avaient bénéficié de l’aide d’un centre. Ils ont eu une éducation conforme à leur situation.

“ C’est quand nous avions fait nos premiers pas au collège que les problèmes ont surgit », se remémore t-elle.

Tani se rappelle encore de ses moments amers et de cette phrase, qui a-t-elle avoué, l’a bouleversée.

“ Ils nous ont clairement dit que nous n’avions pas notre place”, a-t-elle lâché.

Elle ajoute que c’est la structure qui les accompagnait qui les ont aidé à s’intégrer comme tous les autres enfants. Une intégration mais avec des réserves. “ Il y’avait toujours des enseignants qui nous faisaient comprendre que nous n’étions pas à notre place. Qu’ils nous enseignaient juste par contrainte », lance-t-elle amèrement. En 2016, Tani est déclarée la seule admise au premier tour au BEPC de son école.

Une passion tournée vers le journalisme

Le déclic pour le journalisme est née de sa passion qu’elle nourrissait depuis son enfance. Tani se rappelait toujours de ses longues heures passées devant la radio de ses parents, quand il était l’heure de ses émissions favorites. A travers ces écoutes, elle apprend, s’instruit par les voix des autres. Faute de livres adaptés à sa situation, sa source de culture générale était la Radio, comme repère.

Très vite, cette passion prend vie et devient concrète. Après l’obtention de son Baccalauréat, elle s’inscrit en Journalisme à l’Institut des Sciences de l’information et de la Communication (ISTIC) à Ouagadougou.

De l’ISTIC aux studios de la RTB Radio

Durant sa formation à l’ISTIC, Tani a effectué un stage d’immersion à la RTB Radio. Une occasion en or pour elle car elle voyait déjà son rêve se concrétiser. Après, elle obtient un second stage dans les même locaux en perfectionnement où elle y décroche un contrat en prestation en avril 2023. Dès lors, elle ne cesse d’apporter sa voix et son regard unique sur les enjeux sociaux.

Une parole utile, deux émissions à sa direction, elle prête sa voix forte à ceux qui en ont besoin. Elle anime dans les antennes de la RTB Radio, deux émissions dont l’une à thème sur les faits de la société et la deuxième traite cependant sur des questions de santé et de prévention du Handicap.

“ Je veux montrer que chacun peut contribuer au développement à condition qu’on lui donne les moyens, y compris les personnes en situation de handicap”,

Tani Diadiapou Tindano
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A travers sa voix, Tani veut sensibiliser sur le handicap

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Tani rêve de parrainer à son tour un enfant vivant avec un handicap

Vivre sa passion pour le journalisme était son rêve au début. Maintenant Tani nourrit d’autres projets et cela au profit des personnes vivants avec un handicap.

Parmi ses ambitions futures, une lui tient particulièrement à cœur : parrainer un enfant, comme d’autres l’ont fait pour elle.

“ Je rêve un jour d’avoir un ou une filleul.e vivant avec un handicap visuel que j’accompagnerai bientôt d’une manière ou d’une autre”, déclare t’elle.

Une manière pour la journaliste, de témoigner sa gratitude à ses bienfaiteurs et aussi rendre service ne serait ce qu’à un enfant vivant dans la même situation qu’elle.

Un message d’espoir à ceux qui vivent avec un Handicap

 » A toutes ces personnes qui vivent avec un Handicap, si vous avez l’occasion d’aller à l’école, il faut vous y mettre et apprendre. Si vous n’avez pas aussi eu cette chance, apprenez un métier. Car comme vous le savez, c’est pénible de soutenir une personne éternellement. Vous finirez par les en vouloir quand il n’y aura plus de mains tendues vers vous. Ne soyez pas des charges pour autrui », conclut-elle.

Diane SAWADOGO/ MoussoNews

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