Liza ferme, un modèle d’agriculture durable

Agricultrice et promotrice de l’entreprise agroécologique Liza ferme, Alizeta Rouamba figure parmi les bénéficiaires du projet FASOVEIL dans la région des Hauts-Bassins. Par le biais de l’association ROPSA, elle a renforcé ses capacités entrepreneuriales dans le domaine de la production agricole et de la sécurité alimentaire. Zoom sur la participation de Alizeta Rouamba à ce programme. 

C’est à Karangasso-Vigué, dans la région des Hauts-Bassins, que s’étend Liza ferme, une exploitation agroécologique fondée par Alizeta Rouamba/Kaboré. Cette ferme familiale, fondée en 2014, s’étend sur 20 hectares, où se mêlent production végétale, élevage, compostage et transformation artisanale. « L’agriculture, c’est une passion pour moi. Mais ce n’est pas facile. Il faut du courage, de la planification, et surtout de la rigueur », affirme-t-elle avec espoir.

Son engagement et son apport dans le monde agricole dans la région des Hauts-Bassins lui ont valu d’être identifiée par l’association ROPSA (Réseau des Organisations Paysannes pour la Sécurité Alimentaire) comme bénéficiaire du projet FASOVEIL, volet sécurité alimentaire. Une reconnaissance de terrain, obtenue à travers son implication dans l’Union régionale des jeunes professionnels agricoles des Hauts-Bassins et la Fédération nationale des jeunes professionnels agricoles du Faso où elle a occupé le poste de chargée des questions de genre.

Un laboratoire d’innovation

À Liza ferme, tout est pensé dans une logique agroécologique. L’entreprise produit du compost, du piment (transformé en pâte et en poudre), du miel, et de la volaille nourrie aux céréales produites localement. L’intégration des chaînes de valeur est au cœur du fonctionnement de la ferme : « Nous produisons nos propres intrants, nos bio-pesticides, et tout est fait sans produits chimiques », explique-t-elle.

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Avec trois employés permanents, dont elle et son mari, et 32 ouvriers saisonniers (dont 19 femmes), Liza ferme est un acteur économique local, mais aussi un laboratoire d’innovation rurale. Pour accroître la productivité, Alizeta Rouamba/Kaboré dit gérer la ferme comme une entreprise, avec des outils de planification, des budgets, un cahier des charges.

Et ce, grâce au Projet de Suivi citoyen des politiques de sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso (PSC/PSAN-BF) de ROPSA où elle a bénéficié de plusieurs formations : leadership, gestion financière, structuration des exploitations. Un projet cofinancé par la Coopération suisse et l’Union européenne dans le cadre du programme FASOVEIL, visant à renforcer la participation citoyenne dans le suivi des politiques publiques, notamment dans le secteur de la sécurité alimentaire.

« Le changement a été radical. Avant, on travaillait à l’instinct. Aujourd’hui, chaque activité fait l’objet d’un budget prévisionnel. Tout est planifié à l’avance » dit-elle. Mais au-delà de la technique, c’est la confiance en soi et la professionnalisation de son entreprise qu’elle retient comme les plus grands acquis. En plus, elle ne manque pas de mentionner la visibilité que lui confère sa participation à ce projet notamment à travers les médias.

Vers une indépendance agricole

Interrogée sur ses souhaits, Alizeta Rouamba insiste sur la continuité du projet ne serait-ce qu’à travers des canaux d’échange. Elle espère aussi que les politiques publiques prendront davantage en compte les réalités des producteurs tel que les difficultés d’accès au financement, les taux d’intérêt élevés, le manque de mécanisation, ou encore l’inaccessibilité du marché pour la commercialisation des bio-intrants.

Sur ce dernier point, elle est catégorique : « Ce sont les entreprises comme la nôtre qui produisent les composts bio. Mais sur le marché, ce sont d’autres qui les vendent à notre place, à bas prix. On devient des ouvriers au lieu d’être reconnus comme des entrepreneurs. ».

Pour Alizeta, une fois ces verrous lever,  la souveraineté alimentaire au Burkina Faso serait tout à fait possible. Elle conclu en soulignant l’importance de valoriser les productions locales et de reconnaître le rôle des femmes agricultrices, trop souvent restés dans l’ombre.

Studio Yafa/MoussoNews

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