#InstantDiasporaBurkinabè : Jamel Hien innove pour l’Afrique grâce à la science et à l’eau

Originaire du Burkina Faso et installé depuis 8 ans au Canada, Jamel Hien, 1er jumeau incarne la rencontre entre passion scientifique, engagement environnemental et innovation technologique. Lauréat de plusieurs concours prestigieux, dont AquaHacking et OSEntreprendre, il développe AquaPure Analytics, une solution intelligente de surveillance de la qualité de l’eau, pensée pour répondre aux défis aussi bien dans les grandes métropoles que dans les zones rurales africaines.

Qui est Jamel Hien ? Quel est votre parcours et ce qui vous a conduit au Canada ?

Je suis Jamel Hien, originaire du Burkina Faso, passionné par les sciences et par l’environnement. J’ai une formation de base en biomathématiques, avec une spécialisation en statistiques appliquées et bioinformatiques, puis j’ai poursuivi en génie de l’environnement. Ce qui m’a conduit au Canada, c’est d’abord un désir d’approfondir mes compétences scientifiques, mais aussi l’envie de découvrir un environnement académique d’une qualité impressionnante, où la recherche, l’innovation et l’interdisciplinarité sont fortement valorisées. Je voulais comprendre les solutions technologiques mises en œuvre ici, afin de mieux les adapter aux réalités africaines et contribuer activement au développement de notre continent.

Depuis combien de temps vivez-vous au Canada, et comment s’est passée votre intégration?

Cela fait maintenant 8 ans que je vis au Canada. J’y ai effectué tout mon parcours universitaire, depuis l’obtention de mon baccalauréat jusqu’à la maîtrise. Mon intégration s’est faite progressivement. J’ai dû apprendre à naviguer dans un système académique exigeant et à m’adapter à une culture différente. Ce n’était pas toujours facile au début, mais ma motivation, mon ouverture d’esprit et ma soif d’apprendre m’ont permis de surmonter les obstacles. Aujourd’hui, je me sens pleinement à ma place, j’excelle dans ce que je fais, et je suis fier du chemin parcouru.

Quelles ont été les premières difficultés ? Qu’est-ce qui vous a aidé à tenir bon ?

Les premières difficultés ont été surtout administratives et culturelles : comprendre les démarches, s’adapter à un rythme différent, faire sa place dans un environnement compétitif. Mais au-delà de ça, les études en sciences pures ici sont particulièrement exigeantes, avec un niveau d’abstraction élevé et une rigueur constante. Tout va plus vite que ce que j’avais connu au Burkina Faso : les cours, les projets, les attentes. Il faut apprendre à s’adapter rapidement, à performer dans un système où l’excellence est la norme.

Ce qui m’a aidé à tenir, c’est ma vision. Je savais pourquoi j’étais là. Et chaque défi me rappelait ce que je voulais accomplir pour moi, et aussi pour mon pays.

D’où vous vient cette passion pour les sciences, et plus particulièrement pour la biomathématique et le génie de l’environnement ? Et en quelques mots c’est quoi la biomathématique et le génie de l’environnement ?

Ma passion pour les sciences me vient de mon père, qui est chercheur en agronomie. J’ai grandi entourer de discussions sur les sols, les plantes, et la nature. J’ai compris très tôt que les mathématiques peuvent aider à résoudre des problèmes concrets, comme la gestion de l’eau, des écosystèmes, ou des pollutions.

La biomathématique, c’est l’utilisation des mathématiques pour modéliser des phénomènes biologiques – comme les dynamiques de population, la propagation de maladies, ou encore la contamination de l’eau. Le génie de l’environnement, c’est l’ingénierie appliquée à la protection de la nature : on conçoit des technologies pour préserver, surveiller et restaurer les milieux naturels.

Aviez-vous dès le départ une vision claire de votre orientation ou cela s’est précisé en chemin ?

Non, au départ je voulais simplement faire de la recherche. C’est en cheminant, en participant à des projets concrets et en touchant à l’environnement de manière plus appliquée que j’ai compris que je voulais concevoir des solutions utiles, concrètes et transférables, notamment pour l’Afrique.

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Jamel Hien, 1er jumeau, lauréat des concours AquaHacking 2025 en solo et du OSEntreprendre 2025.

Vous avez remporté la 3ᵉ place au concours AquaHacking 2025. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce concours et ce qu’il représente ?

AquaHacking est l’un des plus grands concours d’innovation environnementale au Québec. Il réunit chaque année des jeunes chercheurs, entrepreneurs et ingénieurs autour de problématiques liées à l’eau. Remporter la 3ᵉ place en solo, face à des équipes complètes, c’est une vraie reconnaissance. Cela confirme que même seul, on peut faire la différence avec une idée solide et du travail acharné.

 Vous y avez participé seul, là où la majorité des candidats sont en équipe. Pourquoi ce choix et comment avez-vous vécu cette expérience en solo ?

Ce n’était pas un choix au départ. J’ai essayé de constituer une équipe, mais ce n’est pas toujours facile de trouver des personnes disponibles et engagées. Finalement, je me suis dit : “Pourquoi attendre ?” J’ai tout fait moi-même – la conception, le développement, la présentation… Ça a été intense, mais extrêmement formateur. Et je pense que ça a aussi montré ma détermination.

Parlez-nous de votre projet AquaPure Analytics : en quoi consiste-t-il, et quelles problématiques concrètes essaie-t-il de résoudre ? En quoi cette solution est-elle innovante ?

AquaPure Analytics est une solution de surveillance intelligente de la qualité de l’eau, qui utilise des capteurs IoT solaires, des données satellites et des algorithmes d’intelligence artificielle. Elle permet de suivre en temps réel l’évolution de paramètres comme le pH, la turbidité ou la conductivité, et surtout de prédire les risques de pollution avant qu’ils ne deviennent critiques, par exemple lors de fortes pluies.

L’innovation réside dans la précision des algorithmes, leur capacité de prédiction inégalée à ce jour, et dans la portabilité de la solution. C’est une technologie conçue pour être aussi efficace dans les grandes villes du Nord que dans les zones rurales d’Afrique. Des brevets sont en préparation, ce qui est une étape importante pour sécuriser et valoriser cette innovation à l’échelle internationale.

Est-ce que vous imaginez une application de votre solution au Burkina Faso ou plus largement en Afrique ?

Oui, c’est même une priorité. Je travaille déjà sur des scénarios d’adaptation de la technologie aux réalités africaines, notamment au Burkina Faso. L’idée est de pouvoir équiper des stations de traitement, des zones agricoles, voire des forages avec cette technologie pour assurer un meilleur suivi et une meilleure sécurité de l’eau. L’Afrique a besoin de solutions simples, robustes et durables et c’est exactement ce que je construis.

Vous avez également été le grand lauréat local au Défi OSEntreprendre 2025 à Montréal. Parlez-nous de cette distinction et en quoi consiste ce concours?

OSEntreprendre est un concours québécois qui valorise l’audace entrepreneuriale. Être lauréat local à Montréal, c’est une belle reconnaissance, surtout dans un environnement aussi compétitif. Cela m’a permis de rencontrer d’autres entrepreneurs, d’obtenir du mentorat, et de crédibiliser encore davantage AquaPure Analytics auprès des partenaires publics et privés.

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Qu’est-ce que cela signifie pour vous et comment cette reconnaissance a-t-elle renforcé votre projet ?

Cela montre que le projet ne repose pas uniquement sur une belle idée, mais qu’il est solide, structuré et viable économiquement. C’est aussi un encouragement à continuer, à viser plus grand, et à accélérer le passage vers le terrain.

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Jamel Hien a des projets pour le Burkina, son pays d’origine.

Que pensez-vous du rôle que peuvent jouer les Burkinabè de l’extérieur dans le développement du pays ?

Un rôle stratégique et transformateur. Nous avons une exposition à d’autres systèmes, d’autres outils, d’autres méthodes. Si nous arrivons à capitaliser là-dessus sans oublier nos origines, nous pouvons apporter énormément au pays – en innovation, en entrepreneuriat, en formation… Ce n’est pas une question de retour physique nécessairement, mais de retour d’impact.

Gardez-vous un lien avec le Burkina Faso, malgré la distance ?

Oui, constamment. J’ai ma famille là-bas, je suis en contact avec des chercheurs et acteurs du développement local, et je réfléchis toujours à comment implanter mes projets au Burkina. Je ne vois pas mon avenir comme un exil, mais comme une connexion entre deux mondes. Et c’est cette connexion que je veux mettre au service de l’Afrique.

Interview realisée en ligne par Annick HIEN/MoussoNews

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