Le Fonds d’Appui à la Presse Privée (FAPP) a tenu, le vendredi 22 août 2025, une rencontre de concertation avec les médias privés. Placée sous le thème « Devoir d’information et rentabilité financière des médias », cette rencontre a permis d’éclairer les participants sur le fonctionnement du fonds et de débattre des défis de survie des entreprises de presse dans un contexte marqué par la précarité.
La rencontre du FAPP avec les médias privés s’est articulée autour de deux communications. La première, présentée par le Directeur des Affaires juridiques et du contentieux du FAPP, Dibidé Géoffroy Leman, a porté sur les généralités du fonds. Créé par décret en 2015, le FAPP est un mécanisme de l’État destiné à soutenir les médias privés burkinabè à travers des subventions sans contrepartie financière directe. La seule exigence repose sur un impératif d’ordre public : garantir le service public d’information.

Les bénéficiaires éligibles sont les entreprises de presse privée, l’Observatoire Burkinabè des médias (OBM) ainsi que l’Association des éditeurs de presse des journaux en langues nationales (AEPJLN). Le FAPP, composé de 12 membres dont deux représentants de l’État et dix issus des médias privés, a pour mission d’assurer la transparence, de publier la liste des bénéficiaires, de proposer des sanctions et de formuler des recommandations.
Depuis sa création, les dotations du fonds ont considérablement évolué, passant de 50 millions FCFA en 1997 à 400 millions en 2016. Toutefois, elles ont connu une baisse en 2024 (200 millions), avant de remonter à 320 millions en 2025. L’objectif affiché est de dépasser à nouveau les 400 millions dès 2026.
Concernant la répartition, 1 % est alloué au fonctionnement de la commission, 2 % à l’OBM, 2 % à la presse en langues nationales et 95 % aux entreprises de presse privées. Cette dernière part se divise à 50 % de manière égalitaire entre les médias éligibles et à 50 % de manière proportionnelle, selon des critères spécifiques. Pour bénéficier du FAPP, les entreprises doivent remplir certaines conditions : avoir diffusé ou paru régulièrement sur une année complète, être à jour de leurs obligations fiscales et sociales, et justifier d’au moins une année d’existence légale pour les médias traditionnels, contre deux années pour les médias en ligne.
Au cours de sa présentation, Dibidé Géoffroy Leman a toutefois mis en garde contre certains détournements des objectifs du fonds : « Le FAPP n’est pas destiné à payer les salaires. Il vise à doter les médias de matériels et à améliorer leurs conditions de travail », a-t-il rappelé, soulignant que des sanctions sont prévues en cas de manquements.
La seconde communication, animée par Jean-Marie Toé, Directeur des rédactions des Éditions Sidwaya, s’est intéressée au thème central de la rencontre : Devoir d’information et rentabilité financière des médias. Partant du constat de la précarité des entreprises de presse, il a souligné les défis liés à l’évolution technologique qui fragilisent les médias classiques tels que la presse écrite, la radio et la télévision. Malgré l’existence d’aides publiques, ces appuis restent insuffisants pour assurer la survie et le développement du secteur.

Face à cette réalité, il a proposé des pistes telles que, encourager la constitution de groupes de presse intégrés, exploiter les opportunités offertes par les TIC, diversifier et professionnaliser les contenus, et surtout renforcer la crédibilité, gage d’attractivité pour le public et les partenaires financiers.

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Clôturant les échanges, le Directeur provincial du Ministère de la communication des Arts et du Tourisme du Kadiogo, Barthélémy Kaboré, a rappelé l’objectif de ces concertations. « Ces activités s’inscrivent dans le cadre des concertations avec les médias, initiées pour favoriser le partage, échanger sur les préoccupations, trouver des pistes de solutions et envisager l’avenir dans un contexte difficile », a-t-il indiqué.

Enfin, de nouvelles perspectives ont été partagées par le FAPP. Constatant que les subventions n’arrivent pas toujours à sortir les médias de la précarité et entraînent parfois des détournements, l’institution envisage désormais une réforme. À l’avenir, l’octroi des subventions pourrait se faire sur la base d’appels à projets, afin de mieux cibler les appuis et garantir un impact réel.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews