Adeline Kaboré : Pion par pion, elle espère tracer la voie des femmes dans le jeu de Dames

Adeline Kaboré, âgée de 29 ans jongle entre sa vie de commerçante à Manga et sa passion pour un sport encore méconnu : le jeu de Dames. Avec persévérance, elle trace son chemin dans un univers où les femmes sont rares, portée par l’envie de changer les mentalités et construire un empire pour les femmes passionnées par ce sport .
C’est dans son quartier au secteur 5 de Manga, dans la région du Nazinon, juste en face de la cour familiale, que tout a commencé. « Il y avait un grain dans notre quartier où les gens venaient souvent jouer. C’est là que j’ai appris à jouer, juste en les observant », raconte-t-elle.

Sans le savoir, cette jeune femme faisait ses premiers pas dans ce jeu hors de l’ordinaire : Les Dames. Il s’agit d’un jeu de société combinatoire abstrait pour deux joueurs. « Ce n’était pas une passion d’enfance, mais j’ai découvert ce jeu un peu par hasard, et j’y ai trouvé un vrai plaisir », confie-t-elle.

En 2021, Adeline décide de s’y mettre sérieusement. Un an plus tard, en 2022, elle se lance dans les compétitions officielles. Pour elle, ce qui la captive, c’est la dimension à la fois stratégique et sociale du jeu. « Ça permet de se distraire, c’est amusant, et surtout, ça fait rencontrer des gens », dit-elle.
Derrière ce loisir, il y a aussi de la rigueur. Patiente, méthodique, Adeline s’entraîne au sein du Roozenburg Club de Dames, à Ouagadougou. Chaque partie est pour elle un exercice de réflexion et de sang-froid. « Il faut beaucoup d’observation, de calme et de stratégie. Rien ne se fait dans la précipitation », précise-t-elle.
« Le jeu de dames est souvent vu comme simple, mais en réalité, il est aussi complexe que les échecs. Peu de gens connaissent sa vraie profondeur », ajoute-t-elle.
Son amour pour ce jeu de société finit par payer. Entre 2022 et 2024, elle participe à plusieurs Opens Internationaux à Ouagadougou. Deux fois, elle décroche le trophée de championne et une médaille d’or. Une fierté pour celle qui n’aurait jamais imaginé se hisser à ce niveau. Pourtant, son parcours n’a rien d’un conte de fées. Être une femme dans un domaine dominé par les hommes n’est pas toujours simple.

« Beaucoup pensent que jouer aux dames, ce n’est pas pour les femmes. On te critique, on te dit que c’est du vagabondage, alors que c’est un vrai sport et même une source de revenus », confie-t-elle.
Mais Adeline n’est pas du genre à se laisser décourager. Au contraire, elle veut devenir une source d’inspiration pour d’autres femmes. « Si j’avais un peu d’accompagnement du président de la Fédération burkinabè du jeu de dames, avec du matériel comme des plateaux et des documents, je pourrais convaincre plus de femmes à s’y intéresser », souhaite-t-elle.
Elle rêve aussi de représenter un jour le Burkina Faso au-delà des frontières. « Mon objectif, c’est de renforcer mon niveau pour aller compétir à l’extérieur et revenir avec de bons résultats, faire flotter le drapeau de mon pays à l’international », dit-elle avec détermination.
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Adeline croit avec fermeté que le jeu de dames mérite d’être mieux connu et valorisé. Pour elle, il faudrait organiser plus d’événements, intégrer le jeu dans les écoles, former des entraîneurs et sensibiliser les parents aux bienfaits éducatifs de cette discipline.
De ses mots, se lit la passion d’une femme qui veut se faire un nom dans le jeu de Dames tant bien sur le plan national qu’international. Adeline Kaboré n’a peut-être pas encore atteint le sommet, mais elle espère à travers cet partage d’expériences, ouvrir une voie, celle d’un jeu d’esprit où les femmes ont toute leur place et pourront s’intéresser pleinement.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews



