Burkina : Des médias s’initient au data journalisme pour renforcer la qualité de l’information
Vingt (20) représentants de médias burkinabè ont pris part à un atelier d’initiation au data journalisme. L’activité, initiée par Kader Patrick Karantao, s’inscrit dans le cadre du Programme des Champions de l’ouverture des données de la Communauté d’Afrique Francophone sur les données ouvertes (CAFDO), qui a financé le projet à hauteur de 2 millions F CFA.
L’atelier visait à sensibiliser et outiller les décideurs des médias directeurs de publication, rédacteurs en chef, responsables éditoriaux sur les enjeux, pratiques et opportunités du data journalisme.
Dans un contexte où les rédactions africaines font face à la concurrence des réseaux sociaux et à la prolifération des fausses informations, le data journalisme apparaît comme une solution stratégique pour restaurer la crédibilité et la rigueur dans le traitement de l’information. « Le data journalisme, c’est l’art de collecter, nettoyer, analyser et visualiser des données issues de sources fiables afin de révéler des faits et tendances cachés », a expliqué Kader Patrick Karantao, porteur du projet.
Open Data et transparence publique
Lors de l’atelier, Moustapha Saba, expert en gouvernance ouverte, a présenté une communication introductive sur l’Open Data et son lien avec le Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (PGO).
Il a rappelé que le Burkina Faso est membre du PGO depuis 2016 et qu’il a adopté quatre plans d’action depuis cette date, dont le plus récent (2023-2025) comporte un volet sur la prévention des conflits communautaires à travers les médias.
Revenant sur l’historique de l’Open Data au Burkina, il a cité la Burkina Open Data Initiative (BODI), lancée en 2015 avec l’appui de la Banque mondiale, ainsi que la plateforme Open Election, qui a permis de suivre en temps réel les résultats des élections de 2015. Selon lui, l’Open Data constitue un levier majeur de transparence, d’innovation et de bonne gouvernance tout en soulignant les défis persistants liés à l’accès difficile aux données fiables, au manque de compétences et à la faible culture de la donnée.
Comprendre et pratiquer le data journalisme
Le doctorant Gaston Sawadogo a, pour sa part, présenté une communication sur l’introduction du data journalisme dans les rédactions. Il a insisté sur la différence entre la simple visualisation de données et le data journalisme à proprement parler, qui vise à révéler des vérités cachées derrière les chiffres. « Le data journalisme ne consiste pas seulement à produire des graphiques. Il s’agit d’interpréter les données, de comprendre leur contexte de production et d’analyse », a-t-il expliqué.
Des présentations ont également porté sur un article type en data journalisme, une fiche de bonnes pratiques, et l’expérience de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) en matière d’ouverture des données.
Vers une intégration du data journalisme dans les rédactions
Au nom des participants, K.Traoré, rédacteur en chef à Burkina Info, a salué l’initiative. « Cet atelier nous a permis de comprendre l’importance du data journalisme pour professionnaliser nos rédactions et lutter contre les fake news », a-t-il déclaré, promettant de transmettre le message aux responsables de médias.
En clôturant l’atelier, Kader Patrick Karantao a exprimé sa satisfaction quant à la réussite de l’activité. « Les échanges ont été riches et prometteurs. Nous espérons que chaque rédaction s’appropriera cette pratique journalistique basée sur l’exploitation des données », a-t-il affirmé, avant d’annoncer la disponibilité de la CAFDO à accompagner techniquement les rédactions intéressées.
Annick HIEN/MoussoNews
