TGI Bobo Dioulasso : Un mariage forcé vire au viol

Madi, Karim, Paul et Cédric (tous des noms d’emprunt) ont comparu devant les juges de la chambre correctionnelle du TGI de Bobo-Dioulasso pour mariage forcé et viol sur Françoise (nom d’emprunt), 16 ans. Madi était poursuivi pour des faits de mariage forcé et viol. Karim, lui, est poursuivi pour mariage forcé et complicité de viol. Quant à Paul et Cédric, ils sont poursuivis pour des faits de mariage forcé uniquement.
Selon le récit de Justice Infos Burkina, les faits se sont déroulés courant octobre 2025 dans un village de la commune de Faramana. Tout est parti d’un accord entre les deux familles. La famille de Madi, qui avait besoin de marier leur fils, est allée voir la famille de Françoise, qui n’est autre que Paul et Cédric, respectivement l’oncle et le neveu de cette dernière.
Selon le récit des prévenus, dans leur localité, le mariage est « comme du donnant donnant » entre les deux familles. Des filles sont échangées selon la coutume de la localité. C’est dans cette logique que la famille de Françoise a accepté le « deal » sans son consentement, avec l’espoir d’avoir également une femme.
Paul et Cédric qui sont de la famille de Françoise, ont été chargés de faire l’échange. Ils ont conduit la victime de leur village jusqu’au village de son prétendu mari. De là, la « fiancée » qui devrait les suivre, s’est cachée mais elle a été retrouvée le lendemain. L’échange ainsi effectué, ils sont retournés chez eux avec leur nouvelle mariée, laissant Françoise en pleurs entre les mains de son mari, Madi.
« Avez-vous demandé son consentement avant de faire l’échange ? », leur demande le tribunal. « Oui, mais elle n’a rien dit. Elle est restée silencieuse. Donc nous avons pensé que ça la plaisait », réplique la famille de la victime. « Quand vous l’avez remorquée sur la moto pour se rendre chez son mari, qu’est-ce qu’elle vous a dit? », questionne le tribunal. « Elle pleurait », répond Paul. « Pourquoi pleurait-elle selon vous ?« , ajoute le tribunal. « Parce qu’elle n’était pas d’accord ». « Mais vous avez continué quand même ? ». « On pensait qu’en arrivant, elle allait changer d’avis », termine les deux hommes.
Selon les dires de la victime, elle a été forcée par son oncle Paul à monter sur la moto : « Il m’a menacée de me frapper avec un fouet si je ne montais pas », a-t-elle déclaré. Arrivée chez son mari, elle a été conduite par l’oncle de Madi, en l’occurrence Karim, dans une maison où elle a vécu pendant deux jours dans les pleurs.
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Dans la nuit du 12 au 13 octobre, Madi a eu l’envie d’avoir des rapports sexuels avec sa nouvelle conquête, alors que cette dernière était toujours en pleurs. Elle a opposé une résistance à sa demande. Il a fait appel à quatre de ses amis qui l’ont aidé à attraper la fille afin qu’il puisse poser son acte.
Selon la version de la victime, les quatre gaillards ont attrapé ses membres inférieurs et supérieurs afin de l’immobiliser. C’est ainsi que Madi l’a violée. Madi n’a pas nié cette partie des faits. Il reconnaît avoir eu l’aide de ses amis pour poser son acte. Séance tenante, il a donné leurs noms au procureur. Après son acte, Madi était toujours convaincu que Françoise allait changer d’avis et accepter être avec lui.
Toujours selon les récits de Justice Infos Burkina, le lendemain, ils ont eu l’idée de l’envoûter afin qu’elle accepte le mariage. C’est quand le « mari » et le nommé Paul conduisaient la victime dans un autre village pour les rites d’envoûtement qu’ils ont été appréhendés lors d’un contrôle routier. C’est ainsi que l’affaire s’est révélée au grand jour.
Selon le procureur, les faits de mariage forcé sont constitués à l’égard des prévenus.
Il a requis contre Madi, le pseudo mari : la rétention des faits de mariage forcé et viol, une condamnation de 7 ans dont 5 ans ferme, et une amende d’un million FCFA ferme.
Contre les autres prévénus (Paul, Cédric) membres de la famille de la victime: la rétention des faits de mariage forcé et une condamnation de 24 mois dont 12 fermes, et une amende de 500 000 FCFA ferme.
Pour Karim, il a requis sa relaxe pour les faits de complicité de viol, estimant que ce dernier n’était pas sur les lieux.
Le verdict final sera statué le le 5 décembre 2025.
Source: Justice Infos Burkina
Diane SAWADOGO/ MoussoNews



