TGI Ouaga 1 : Une femme condamnée pour escroquerie de plus de 600 millions FCFA

Dame Konaté a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I, Pôle économique et financier. Poursuivie pour escroquerie et blanchiment de capitaux pour un préjudice total évalué à plus de 623 millions FCFA à Belem et Zabré, elle est accusée d’avoir multiplié les promesses autour d’un prétendu projet de centre de santé soutenu par des bailleurs étrangers.
À la barre, Dame Konaté a nié avoir reçu les 430 495 000 FCFA attribués Belem. Selon elle, l’argent versé provenait uniquement de leur relation intime :
« Je ne reconnais pas avoir reçu cette somme. On sortait ensemble. L’argent qu’il me donnait servait à mes besoins personnels », a-t-elle soutenu.
Elle affirme que le projet de centre de santé existe bel et bien, qu’un courrier aurait été adressé au ministère de la Santé, et assure que Belem espérait devenir président du conseil d’administration de son association. À propos de Zabré, elle concède qu’il s’était montré « impatient » et affirme avoir commencé à le rembourser.
Belem dit avoir découvert le projet par un intermédiaire. Séduit, il dit avoir financé la construction d’une maisonnette et effectué de nombreux versements destinés à « sauver » un financement annoncé comme imminent. Selon lui, Dame Konaté réclamait sans cesse des sommes supplémentaires, sans jamais présenter le moindre bailleur.
Quant à leur relation, il dit avoir été manipulé. « Elle m’a dit qu’elle était seule depuis dix ans. Après un autre rendez-vous, je suis tombé dans le piège. », lance t-il.
Il ajoute que la prévenue lui aurait déclaré qu’elle ne le rembourserait « jamais de son vivant ».
Lire aussi: TGI Ouaga 1 : Kadi, fille de joie, est condamnée pour complicité de vol et dégradation de bien – Mousso News
La version de Zabré
Zabré affirme, lui aussi, avoir cru à l’ampleur du projet : un marché estimé à 3 milliards FCFA, preuves photographiques et documents techniques à l’appui. Pour y participer, il dit avoir hypothéqué sa maison, vendu sa bétonnière et financé un bureau.
« Elle avait une voix choyée. Je n’imaginais pas qu’elle pouvait faire ça », confie-t-il.
Un témoin à charge
Le témoin Zèba, prestataire de l’association dirigée par Dame Konaté, affirme être celui qui a présenté Zabré à la prévenue. Aujourd’hui, il dit ne plus croire en l’existence du projet, une position balayée d’un revers par l’accusée.
Les plaidoyers
Les avocats de Belem et de Zabré ont qualifié le dossier de « projet fictif », présenté à plusieurs personnes pour obtenir de l’argent. Ils ont réclamé respectivement 430 495 000 FCFA et 193 000 000 FCFA, en plus de dommages-intérêts.
Dans ses réquisitions, le procureur estime que le document présenté sous le nom de Miseror n’était « qu’un guide », sans aucune preuve de financement. Il souligne que proposer le même marché à plusieurs entrepreneurs constitue une manœuvre frauduleuse.
Le préjudice total est évalué à 667 405 000 FCFA. Il requiert 48 mois de prison ferme et une amende de 2 002 215 000 FCFA. La défense plaide la relaxe, soutenant qu’il s’agissait d’une relation sentimentale assortie de malentendus, et non d’une escroquerie.
Le verdict
Le 28 novembre 2025, le Tribunal renvoie les faits de blanchiment de capitaux pour poursuites.
En revanche, il juge Dame Konaté coupable d’escroquerie. Elle est condamnée à 24 mois de prison, dont 12 fermes, ainsi qu’à une amende de 2 000 000 FCFA.
Les demandes civiles sont partiellement retenues : 189 214 200 FCFA à verser à Belem ; 50 000 000 FCFA à Zabré et 1 000 000 FCFA au titre des frais exposés.
Source: ZoodoMail
Diane SAWADOGO/ MoussoNews



