Awa Traoré/Bagio : Première femme à avoir coaché une équipe masculine

Awa Traoré/Bagio est l’un des visages qui incarnent la passion, la détermination, la persévérance et l’amour du jeu dans le monde du football burkinabè. Pharmacienne de profession et actuelle troisième entraîneure adjointe de l’équipe nationale féminine A (Etalons Dames) du Burkina, Awa a été la première femme à avoir coaché une équipe masculine il y’a de cela 3 à 4 ans.

Du ballon rond à l’école primaire à la sélection nationale, tout a commencé très tôt pour Awa Traoré/Bagio. Dès l’école primaire, elle tape dans le ballon avec aisance. D’un père joueur, Awa a été beaucoup encouragé par son géniteur. « Mon papa était un ancien joueur de l’équipe nationale et de l’ASP. C’est grâce à lui que j’ai pu jouer. Au début ce n’était pas facile, il était le seul à me soutenir. J’ai commencé à jouer au ballon depuis l’école primaire », raconte-t-elle avec le sourire tout en précisant qu’elle considère la joueuse Marta, la légende brésilienne comme un modèle.
Awa n’a pas fait de longues études; pour faute de moyens elle a quitté les bancs au lycée. Puis, elle s’est formée sur le terrain, multipliant stages et formations d’entraîneur. Son parcours a été instantané. Elle a été la plus jeune joueuse du Burkina, puis capitaine de l’équipe nationale, avant de diriger les équipes féminines du Princesse du Burkina et de l’USO.
Joueuse et après?
Awa a rejoint l’équipe des Etalons Dames depuis plus d’un an.
De joueuse à entraîneure, sa reconversion a été rapide. Pour une limite d’âge, elle a décidé d’arrêter le jeu et de former les plus jeunes. « Quand j’ai vu que je prenais de l’âge, je me suis décidée à être entraîneur pour aider les jeunes sœurs et les enfants et leur transmettre monexperience », se justifie-t-elle.
Après avoir fait connaître sa décision à ses responsables, elle a été conseillée à déposer ses dossiers pour être entraîneur adjointe. Suite, elle a été retenue.
« Un jour, je partais en voyage quand on m’a appelée pour me dire que j’étais désormais au sein de l’équipe nationale », se rappelle-t-elle.
Depuis, elle porte ce rôle comme un honneur et une mission. « Je me suis dit que ce défi, il faut vraiment l’aborder et le relever », dit-elle fièrement.
Bientôt la CAN au Maroc
Après une double confrontation des Etalons Dames face au Togo dont le match a été soldé de 2-0 à l’aller, la coache rassure de l’esprit solide des joueuses. « Nous, on n’avait pas de pression. C’était à l’équipe adverse d’en avoir. On a dit aux filles de jouer, de montrer qu’elles pouvaient relever ce défi et c’est ce qu’elles ont fait », lance-t-elle.
Pour Awa, le défi demeure; celui de franchir la première phase et aller le plus loin possible lors de la CAN en mars 2026 au Maroc. Pour l’heure, la coache décrit une équipe solidaire et déterminée. « Les filles sont solides, il y a une très bonne ambiance, même les dirigeants nous soutiennent pour les réparations de la CAN», rassure t-elle.
Et Eden Ouédraogo, la nouvelle joueuse qui fait le buzz sur les réseaux sociaux? A cette question, Awa affirme vaguement qu’elle a rejoint l’équipe après leur victoire au Mali vers mars. « Je me rappelle plus de la date exacte mais c’est le coach principal qui doit pouvoir bien répondre », dit-elle en tentant de se rappeler de la date. A en entendre la coache, Eden joue au latéral gauche et contrairement à son frère jumeau qui est resté au Canada, elle, elle a préféré jouer pour le Burkina.

Au-delà du terrain, Awa porte un message fort : le football n’a pas de genre. « Souvent, les gens se disent que le football, ce n’est pas pour les femmes. Il faut arrêter ça. Le football rassemble », avance-t-elle. Elle plaide pour un changement de mentalité et un soutien accru au football féminin, qu’elle voit en pleine évolution. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de filles professionnelles, environ 12 à 13. Et la fédération forme déjà les petites de moins de 12 ans. C’est une très bonne chose, car si on les suit bien, l’avenir du Burkina est assuré », indique -t-elle.
Une pionnière dans un monde d’hommes
Mais Awa Badiou Traoré n’est pas qu’une adjointe de l’équipe nationale. Elle détient un record historique : elle a été la première femme à avoir entraîné une équipe masculine au Burkina il y’a environ 3 à 4 ans de cela. « Il n’y a pas eu de femme qui a fait ça avant moi. J’ai osé. », rappelle-t-elle fièrement en faisant cas d’un article rédigé sur elle en ce temps.
En revanche, hors du terrain, Awa mène une autre vie. Elle travaille dans une pharmacie, tout en restant une mère présente. « La vie, c’est une gestion. Il faut être à l’écoute de ses enfants, leur consacrer du temps. Chez nous, il n’y a pas de barrières, on échange beaucoup », déclare- t-elle joyeusement en jouant avec son petit-fils qu’elle appelle affectueusement ‘’papa’’.

Un message aux jeunes filles
À celles qui rêvent de suivre ses pas, Awa livre un message plein de force :« Ne les écoutez pas quand ils disent que le foot n’est pas pour les femmes. La vie, c’est un défi. Si tu crois en toi, tu peux atteindre ton objectif », lance -t-elle.
Et à ses fans, elle adresse des remerciements pour leur soutien. « Continuez à croire en nous, ensemble pour le progrès du football féminin burkinabè », exhorte-t-elle.
Annick HIEN/MoussoNews



