Coiffure : Moussa Kaboré, l’expert en natte des  » Panem-mooré »

À 26 ans, Moussa Kaboré défie les traditions en excellant dans un art réservé aux femmes : le panem-mooré, coiffure emblématique du Burkina Faso. Formé en deux ans seulement, ce jeune self-made-man affronte préjugés et injures pour imposer son talent.

À Pissy, dans le salon de coiffure « Merveilles Coiffure », un jeune homme se distingue dans un univers généralement dominé par les femmes. Moussa Kaboré, 26 ans, manie les mèches et le fil avec une habileté qui force l’admiration. Sa spécialité est ’’ le panem-mooré’’, une coiffure traditionnelle burkinabè prisée par les femmes et aussi par certains hommes.

Issu d’un milieu modeste, Moussa n’a jamais fréquenté l’école et vit avec sa mère. Il cherchait simplement un moyen de s’en sortir. Il a commencé à travailler comme vendeur dans une boutique de vêtements appartenant à une dame. Sa vie bascule quand cette dernière a décidé de fermer la boutique et d’ouvrir un salon de coiffure. « Elle m’a demandé si j’étais intéressé par la coiffure et qu’elle allait se charger de me former. Sans hésiter, j’ai accepté », se souvient-il. Deux ans plus tard, le jeune homme a fait de cette opportunité un métier à part entière. 

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Moussa Kaboré maitrise le Panem-mooré

Braver les préjugés

Mais le parcours n’a pas été sans heurts. Être un homme dans ce métier lui a valu moqueries et insultes. Les langues fourchues se fussent dès qu’il tresse une cliente. « On me traitait de pédé, on remettait en cause ma masculinité », raconte-t-il amèrement. Il avoue que ces préjugés l’ont longtemps découragé.   Des paroles dures, qui ont failli briser son élan.

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Moussa tresse le panem-mooré sur les hommes et les femmes

Mais le soutien fidèle de sa patronne et de sa mère lui a apporté leur soutien.   « Je me suis ressaisi. J’ai commencé à me sentir spécial, car j’exerçais un métier que peu d’hommes osent faire », se convainquit-il.   

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L’une de ses réalisations

Et sa patronne est fière de l’homme qu’il est devenu.

Judith Simporé est la fondatrice du salon. Elle salue son talent qui lui vaut des appréciations de sa clientèle. Elle a aussi tenu à lui prodiguer des conseils comme cheffe et aussi commme une aînée.

 « Moussa est un jeune homme qui donne le meilleur de lui-même. Mais souvent, je le vois dévier de ses objectifs, de ses priorités. Il doit maintenir le cap et rester concentré », dit-elle.  Elle l’encourage cependant à viser plus haut. « Qu’il n’ait jamais honte. Je prie pour qu’il ouvre son propre salon et devienne son patron », lui souhaite-t-elle.   

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Judith Simporé, fondatrice de Merveilles coiffure et patronne de Moussa

Moussa, un jeune talent qui n’a plus rien à prouver mais a du chemin à faire…

Polyvalent, Moussa s’est diversifié dans la pose de perruques, la manucure-pédicure. Comme activité hors service, il est aussi coach en Roller. Plus qu’un sport, c’est aussi une passion qu’il enseigne les soirs à sa descente pour arrondir ses revenus.

« La journée, je tresse des gens, le soir, je me livre à mon passe-temps : je forme des gens à faire du roller et ça me permet aussi d’avoir des revenus », confie-t-il.

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Ses ambitions : « Créer son institut, générer de bons chiffres d’affaires et pouvoir voyager. Moussa veut devenir une star dans le monde de la coiffure mixte et s’identifie déjà à quelques-unes de la coiffure.

À tous ces jeunes, complexés d’exercer un travail, avec la peur de faire face à des préjugés, Moussa a tenu à leur laisser un message.

« À tous ces jeunes hommes et femmes, sachez qu’il n’y a aucun travail qui soit basé sur la différenciation de sexe. Un travail, c’est un travail. Faites toujours ce qui vous passionne. Ce en quoi vous êtes meilleurs, les gens vous le remarqueront et viendront vers vous. Vous allez récolter les fruits de votre labeur et pouvoir réaliser tout ce que vous désirez », conclut-il.   

Diane SAWADOGO/ MoussoNews

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