Vingt (20) patientes du centre médical de l’Association Renaissance (ARENA) vont bénéficier de kits d’opération pour la prise en charge de la fistule obstétricale. Ce don a été offert par l’Association professionnelle des sociétés d’assurances du Burkina (APSAB), le jeudi 18 décembre 2025 à Ouagadougou. Pour le centre, il s’agit d’une première au Burkina Faso.
Le don de 20 kits d’intervention en fistule obstétricale s’inscrit dans le cadre des 72 heures d’activités de l’APSAB. Selon le directeur exécutif de l’APSAB, Patrick Ghilat Paré, l’objectif était d’apporter un soutien à une structure œuvrant pour la restauration de la dignité des femmes.
Sensible aux actions menées par l’Association ARENA, l’APSAB a porté son choix sur ce centre. « Que ces femmes sachent qu’au Burkina Faso, il existe une solidarité. Nous interpellons chaque citoyen à apporter son soutien. Même 100 francs CFA peuvent aider », a-t-il lancé.
Pour le président de l’Association ARENA, le Dr Ouédraogo Itengré, ce don est une première pour la structure. « Nous n’avions jamais reçu un don provenant de citoyens de notre propre pays. C’est une première », a-t-il souligné, tout en exprimant sa reconnaissance à l’endroit de l’APSAB.
Il a également insisté sur l’importance de ce geste. « Ce don est d’une grande signification pour nous, en tant que techniciens, mais surtout pour les femmes que nous accompagnons. C’est un véritable soulagement, car les traitements coûtent chers et nécessitent des consommables de qualité », a-t-il apprécié.
Créée en 2018, l’Association ARENA a officiellement lancé son centre médical en 2022. Spécialisée dans la prise en charge de la fistule obstétricale et d’autres pathologies périnéales liées à l’accouchement, l’association a pour objectif de contribuer à l’élimination de cette affection.
Selon le Dr Ouédraogo Itengré, depuis sa création, 1 600 femmes ont été traitées sur le plan médico-chirurgical. Il a par ailleurs précisé que la prise en charge de la fistule obstétricale est multidisciplinaire et nécessite l’engagement de la communauté ainsi que de l’ensemble des acteurs de la société afin de venir à bout de cette pathologie.
Une pharmacie moderne, mais souvent en rupture de stock
Le centre médical de l’Association ARENA dispose de plusieurs équipements modernes et œuvre à rendre disponibles les traitements nécessaires aux patientes. Les kits d’intervention chirurgicale figurent parmi les produits les plus demandés au sein de la pharmacie du centre. Les traitements interviennent avant, pendant et après les interventions chirurgicales.
Cependant, des ruptures de stock sont parfois observées, pour des raisons indépendantes de la volonté des responsables. Le pharmacien responsable du centre, Dr Abdoul Aziz, le confirme. « Il y a souvent des ruptures de certains produits », a-t-il indiqué, tout en rassurant que tout est mis en œuvre pour réduire au maximum ces situations.
Soigner, mais pas que…
Au-delà du centre médical, l’Association ARENA dispose d’une annexe dédiée à la réinsertion sociale des patientes à travers des activités éducatives et génératrices de revenus. Depuis la mise en place de ce cadre de formation, 1 200 femmes ont été accompagnées.
Rasmata Ouédraogo, secrétaire générale de l’association et coordonnatrice du programme de réinsertion socioéconomique et de mobilisation communautaire, rappelle le fonctionnement de ce dispositif. « Nous avons longtemps constaté que la pauvreté est l’une des causes de la persistance de cette maladie. Il ne s’agit donc pas seulement de soigner, mais aussi d’accompagner les femmes à travers des formations qui leur permettront de se prendre en charge après l’intervention », explique-t-elle.
Après leur prise en charge médicale, les patientes sont formées à diverses activités génératrices de revenus, notamment le perlage, la saponification, la couture et l’éducation à la santé sexuelle et reproductive.
Par ailleurs, les patientes guéries deviennent des relais communautaires dans leurs localités respectives. Des volontaires sont également déployés pour assurer le suivi et vérifier la mise en pratique des connaissances acquises. À l’image des apprenantes, Yonli Dori, 19 ans, originaire de Diapaga, promet d’initier ses frères et sœurs à la couture à son retour dans sa localité.
Pour rappel, au Burkina Faso, environ 16 000 femmes vivent avec la fistule obstétricale, tandis que près de 900 nouveaux cas sont enregistrés chaque année.
Annick HIEN / MoussoNews
