« Il faut savoir s’adapter à l’idéologie de ceux qui dirigent », Capitaine Ibrahim Traoré

Dans son entretien avec la presse, diffusé le 28 septembre 2025, le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, a clarifié la position du gouvernement face à la présence croissante de l’État dans plusieurs secteurs économiques, notamment les mines, l’agriculture et l’industrie. Il a assuré que cette implication ne vise pas à écarter le secteur privé, mais à pallier son absence et à préserver la souveraineté économique du pays.
« Nos rapports avec le privé sont sains. Chacun doit jouer son rôle et payer ce qu’il doit payer », a-t-il déclaré. « Nous leur disons chaque fois de s’adapter », a-t-il ajouté.
Le Chef de l’État a illustré son propos par des exemples concrets, notamment dans le secteur minier.
« J’ai rassemblé les opérateurs et je leur ai dit : investissez dans les mines. Beaucoup n’ont pas compris. Il y en a un qui a commencé et qui m’a dit dernièrement que c’est moi qui lui ai ouvert les yeux. Avant, il ne voyait que l’import-export. Je lui ai expliqué que l’import-export ne fait que sortir nos devises, sans faire travailler le peuple », a relaté le Président.
Même constat dans le domaine agricole. Il a rappelé que lors du lancement du programme Bagré Pôle et de l’offensive agricole, le ministre de l’Agriculture avait convié des opérateurs économiques à s’impliquer.
« Aujourd’hui, j’ai fait faire le point. Nous sommes en 2025 et la part que le privé devait prendre dans nos pôles de croissance est restée vide. Personne n’a investi, à part ceux qui étaient déjà sur place, comme les coopératives », a déploré le Capitaine Traoré.
Face à ce désengagement, le Chef de l’État a averti que des décisions fortes pourraient être prises pour protéger l’économie nationale.
« Ne soyez pas surpris que demain, je dise : personne ne prendra de l’argent pour aller acheter du riz à l’extérieur et le revendre ici. Vous investirez pour cultiver », a-t-il prévenu.
Pour lui, il est impératif que les acteurs économiques s’alignent sur la vision du gouvernement et participent activement au développement du pays.
« Il faut savoir s’adapter à l’idéologie de ceux qui dirigent », a insisté le Président.
Le Capitaine Ibrahim Traoré a réaffirmé que la place du secteur privé reste importante, mais que l’État doit conserver un rôle central pour éviter la dépendance extérieure et bâtir une économie solide.
« Le secteur privé aura toujours quelque chose à faire, mais si on laisse tout entre ses mains, nous n’aurons pas de pays », a-t-il déclaré avant de conclure : « Il faut que l’État soit fort, si l’État n’est pas fort, nous n’avons pas de pays ».
Diane SAWADOGO/ MoussoNews