« J’ai payé 10 500 FCFA pour la chirurgie réparatrice de mes séquelles d’excision », Nathalie Nikiema, victime d’excision

Depuis 2006, la campagne annuelle de chirurgie réparatrice vulvo-vaginale, menée au Burkina Faso, redonne espoir à de nombreuses femmes. Victimes d’excision ou désireuses d’améliorer leur confort sexuel, elles sont chaque année des dizaines à bénéficier de cette initiative portée par le Pr Charlemagne Ouédraogo. Loin des polémiques, plusieurs bénéficiaires témoignent de leur expérience positive et rétablissent certaines vérités sur le coût, le suivi et les résultats.

Pour la campagne de chirurgie réparatrice vulvo-vaginale, les femmes bénéficient d’une prise en charge encadrée et adaptée.

Avant toute intervention, les femmes passent par une consultation rigoureuse, suivie d’un entretien avec les professionnels. Une fiche d’évaluation est établie pour déterminer les actes à réaliser. À chaque femme opérée, un médecin est assigné pour le suivi post-opératoire jusqu’à la guérison complète. Un groupe WhatsApp est également créé afin de faciliter la communication entre bénéficiaires et équipe médicale.

Tout est mis en œuvre pour favoriser une guérison optimale : protège-slips, compresses, coton, anti-douleurs et surtout une alimentation légère pour éviter la constipation après l’opération. Et pour celles qui ne peuvent se procurer des produits coûteux, des alternatives génériques sont proposées.

Des témoignages de satisfaction et de soulagement

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Miriam Jocelyne Gondé, a été opèrée le 14 mars 2025.

Miriam Jocelyne Gondé, mère de 3 enfants âgée de 38 ans, a appris l’existence de cette chirurgie grâce à un ami de son époux. Le 14 mars 2025, elle est opérée pour une meilleure vie sexuelle. Prévue à 27 000 FCFA, son intervention lui revient finalement à environ 60 000 FCFA, produits compris. « Nous n’avons pas besoin de soutien particulier. L’essentiel est que cela améliore notre vie », confie-t-elle.

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Nathalie Nikiema, excisée de type 2 à l’âge de 3 ans, a enfin été sélectionnée pour la campagne de 2025 après une première tentative en 2024.

Nathalie Nikiema, excisée de type 2 à l’âge de 3 ans, a enfin été sélectionnée pour la campagne de 2025 après une première tentative en 2024. Opérée le 3 mars, elle déclare avoir déboursé seulement 10 500 FCFA pour l’intervention, avec un total de dépenses ne dépassant pas 100 000 FCFA. « Ce n’est pas gratuit, mais ce n’est pas cher non plus. Le plus coûteux reste les médicaments », explique-t-elle, tout en saluant l’accompagnement reçu. En effet, sa sœur, également opérée auparavant, l’a encouragée et soutenue, renforçant ainsi le lien familial autour de cette démarche de réparation et de renaissance.

Deux interventions en une : un double soulagement

Sandrine (nom d’emprunt), autre bénéficiaire, a subi 2 actes : une reconstitution du clitoris à la suite d’une excision, facturée à 10 000 FCFA et une plastie périnéale (42 000 FCFA) pour réparer les séquelles de ses accouchements. A entendre Sandrine, lors de son premier accouchement, une déchirure n’avait pas été recousue et le second avait aggravé l’état de son périnée. « Je voulais me faire opérer l’année dernière, mais le Pr Charlemagne m’a conseillé d’attendre un an après mon accouchement. Ils sont honnêtes et soucieux de notre bien-être », raconte-t-elle.

Elle ajoute que l’équipe a même ajusté les frais à la baisse sur recommandation du Pr, pour lui permettre de bénéficier des deux interventions à moindre coût. « Quand je suis venue pour ma consultation, c’était pour réparer le périnée, mais sur place j’ai vu que pour celui du clitoris n’est pas cher, alors j’ai opté de faire les 2 opérations. Pour m’ausculter, il y’avait une fiche que je devrais cocher. Pour moi, l’un des médecins qui étaient ce jour-là a voulu cocher pour périnée plastique et vulvo plastique. Mais son collège lui a dit que le Pr a dit que s’il y’a périnée et vulvo, de cocher seulement périnée pour amoindrir les coûts. Tout est mis en œuvre pour nous aider. Nous n’allons jamais finir de les remercier »,a détaillé Sandrine.

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Sandrine (nom d’emprunt), une des femmes bénéficiaires de la chirurgie réparatrice de vagin.

Douleur maîtrisée, espoir retrouvé

Sur la question de la douleur, les bénéficiaires s’accordent à dire qu’elle est présente mais supportable. Elle devient plus intense uniquement lorsque les antidouleurs ne sont pas pris à l’heure. « Quand tu rates l’heure de la prise seulement, c’est la douleur qui va te rappeler que tu dois avaler des anti-douleurs »,Souligne Nathalie en riant.

Sandrine, réplique en racontant une discussion avec le Pr Charlemagne qui dit que la douleur, c’est aussi la preuve que tout fonctionne : « Quand je suis venue pour mon contrôle, j’ai dit que c’est extrêmement douloureux et le Pr même m’a dit que quand eux même ils font une intervention du clitoris et que ce n’est pas douloureux, ils ne sont pas contents car cela sous-entend que les nerfs du clitoris ont été touchés ».

Lire aussi: CHU- Bogodogo : 112 femmes bénéficient d’une chirurgie réparatrice vulvo-vaginale – Mousso News

« Un miracle. » C’est ainsi que ces femmes qualifient leur état après l’opération. Qu’elles aient été excisées ou non, elles partagent aujourd’hui une nouvelle relation avec leur corps. Elles sont fières d’avoir retrouvé une partie d’elles-mêmes ou d’avoir offert à leur intimité une seconde vie.

Cette campagne, bien que subventionnée et non totalement gratuite, reste pour elles un tournant décisif. Grâce à l’engagement du personnel médical, à la souplesse dans la gestion des cas et à la solidarité entre patientes, elle transforme la douleur en espoir et la honte en fierté.

Annick HIEN/MoussoNews

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