Koudougou : Les taxis-motos veulent détrôner les 4 roues

À Koudougou, 3e ville du Burkina Faso, les taxis-motos s’imposent désormais comme le moyen de transport privilégié. Dans cette cité animée par les missions professionnelles, les sorties de week-end et un trafic quotidien intense, les jeunes ont trouvé une véritable opportunité : transformer leur moto en taxi pour assurer le déplacement des passagers.
Devant les gares routières, les scènes sont récurrentes. À la descente d’un car, une multitude de voix se font entendre. « Vous partez où ? Venez, je vous conduis ! » Ces jeunes conducteurs, armés de leur moto, rivalisent d’ingéniosité pour attirer des clients. Disponibles, réactifs, parfois insistants, ils devancent largement leurs concurrents à quatre roues, plus rares et plus sélectifs.
« Non, ne vous fatiguez même pas. Si vous êtes seule, il n’acceptera pas de vous prendre. Les taxis à quatre roues ne bougent que lorsqu’ils ont deux ou trois passagers », glisse Aziz Yamba, un conducteur de moto-taxi, à une cliente hésitante à cause d’une forte pluie.
Les taxis classiques à la traîne
Les taxis conventionnels, eux, peinent à rivaliser. Alignés dans les parkings, ils attendent patiemment que la clientèle vienne à eux. Une stratégie qui contraste avec l’attitude offensive et rusée des conducteurs de motos. Ces derniers n’hésitent pas à user de tactiques commerciales, parfois discutables. « Je t’ai appelé il y a 10 minutes, tu m’as dit que tu n’étais pas loin. Voilà déjà 15 minutes que j’attends. Tu dis que tu es en circulation pourtant je n’entends même pas les bruit des engins. je te donne 5 minutes si tu n’es pas là, laisse tomber », se plaint Benjamin, un client au téléphone avec son conducteur.
En guise de réponse, Elie, le chauffeur en question, temporise timidement. « Si je ne pouvais pas arriver à temps j’allais le dire directement. J’ai dit que j’arrive, donc j’arrive, ne vous inquiétez pas », réplique-t-il timidement.
Entre efficacité et abus
Si les taxis-motos séduisent par leur rapidité et leur accessibilité, certains comportements ternissent leur image. Certains profitent de la méconnaissance de la ville par leurs clients pour rallonger volontairement les trajets.
Innocent (nom d’emprunt), venu séjourner dans un grand hôtel de Koudougou, en a fait les frais. « Je partais dans un hôtel ; le conducteur m’a tellement fait tourner en prenant des ci mètres que le temps que je me rends compte, on avait déjà fait 30 minutes de route », se rappelle Innocent (nom d’emprunt).
Malgré ces dérives, les taxis-motos restent incontournables à Koudougou. Leur dynamisme, leur présence sur tous les axes et leur capacité à s’adapter aux besoins de la clientèle leur permettent de détrôner progressivement les taxis classiques. Pour beaucoup de jeunes, cette activité est devenue une source de revenus non négligeable.
Annick HIEN / MoussoNews