L’impact des fausses informations sur la perception de la vaccination au Niger

1. Contexte général
Depuis les années 1980, le pays s’est engagé activement dans le Programme Élargi de Vaccination (PEV), soutenu par l’OMS, l’UNICEF et Gavi, l’Alliance du Vaccin.
Les principales campagnes ont concerné des maladies telles que la polio, la rougeole, la fièvre jaune, la méningite, le tétanos néonatal…
Données de vaccination au Niger
Par ailleurs, les données de 2023 révèlent un autre aspect préoccupant de la situation vaccinale au Niger : environ 62 477 enfants n’ont reçu aucune dose du vaccin DTP.
Ce chiffre témoigne de l’existence d’un groupe d’enfants totalement non protégés contre les maladies évitables par la vaccination. Ces enfants se trouvent souvent dans des zones reculées, ou sont affectés par la désinformation, ce qui souligne l’urgence de renforcer les campagnes de sensibilisation et l’accès équitable à la vaccination.
2. Nature de la désinformation
La désinformation autour des vaccins au Niger prend plusieurs formes.
Sur les réseaux sociaux, des publications virales véhiculent des rumeurs selon lesquelles certains vaccins « rendraient stérile », « contiendraient des puces électroniques » ou seraient des « instruments étrangers » visant à nuire aux populations.
Ces rumeurs se propagent aussi par le bouche-à-oreille, notamment dans les zones rurales, où l’accès à l’information vérifiée reste limité.
Les canaux principaux de diffusion incluent :
- Facebook, WhatsApp et TikTok ;
- des vidéos non vérifiées circulant via le mobile ;
- des discours religieux ou politiques déformés.
Les acteurs de cette désinformation sont souvent des influenceurs non spécialisés, des groupes de discussion ou des utilisateurs anonymes exploitant la méfiance envers les institutions publiques.
3. Perception et comportements
Les fausses informations ont eu un effet notable sur la perception de la vaccination.
Dans certaines communautés rurales, la peur et la méfiance ont conduit à un refus partiel ou total des campagnes de vaccination, notamment lors des campagnes contre la poliomyélite.
Dans les zones urbaines, la population est mieux informée, mais reste sensible aux discours diffusés en ligne.

Les facteurs socio-culturels, la religion et le niveau d’instruction jouent un rôle clé dans la façon dont les citoyens perçoivent les messages de santé publique.
4. Conséquences concrètes
Cette désinformation a provoqué plusieurs retards dans les campagnes de vaccination, en particulier dans certaines régions où des familles ont refusé la visite des agents de santé.
Des cas de rougeole et de poliomyélite ont refait surface entre 2021 et 2023, conséquence directe d’une baisse de la couverture vaccinale dans certaines zones isolées.
5. Réponses et solutions
Face à cette situation, plusieurs initiatives ont été mises en place :
Les autorités sanitaires et leurs partenaires (OMS, UNICEF, Gavi) ont intensifié les campagnes de communication communautaire, en travaillant avec les leaders religieux et traditionnels pour restaurer la confiance.
Les médias locaux diffusent régulièrement des émissions éducatives et des spots radio en langues nationales pour contrer les fausses informations.
L’éducation à la santé est intégrée dans certaines écoles et centres communautaires pour sensibiliser dès le plus jeune âge.
L’OMS, l’UNICEF, Gavi et d’autres partenaires ont également lancé plusieurs campagnes digitales au Niger, mobilisant des influenceurs, créateurs de contenu et journalistes pour promouvoir la vaccination, notamment lors des campagnes contre la poliomyélite, la rougeole et la méningite .Ces actions visent à renforcer la confiance du public et à contrer la désinformation en ligne.
6. Conclusion
La désinformation sur les vaccins au Niger constitue un frein majeur à la santé publique.
Si les progrès enregistrés ces dernières années témoignent de l’engagement du pays et de ses partenaires, le combat contre les fausses informations reste crucial pour atteindre une couverture vaccinale universelle.
Le renforcement de la communication digitale responsable, de l’éducation sanitaire et du rôle des leaders communautaires demeure essentiel pour protéger les générations futures.
Cette publication WanaData a été soutenue par Code for Africa et la Digital Democracy Initiative dans le cadre du projet Digitalise Youth , financé par le Partenariat Européen pour la Démocratie (EPD)



