Ouoro renaît après l’exil de ses habitants : « Ils ont brûlé toutes nos affaires… mais Dieu merci, la sécurité est de retour »

Un an après avoir fui l’horreur des attaques des groupes terroristes, les habitants de Ouoro (nom fictif), localité située dans la région du Djôrô, retrouvent leurs terres. Réinstallés depuis août 2024, ils ne reconstruisent pas à pas leur quotidien, entre espoir, doléances et gratitude envers les forces de Défense et de Sécurité et les Volontaires pour la Défense de la Patrie.

Adjara (nom d’emprunt), une habitante, se souvient encore de l’horreur qu’elle a vécue comme si c’était hier. Les attaques avaient surpris toute la communauté. « Ils ont brûlé toutes nos maisons et nos affaires… Mais ça va par la grâce de Dieu. De nombreuses personnes âgées sont décédées en voulant fuir les exactions des terroristes. Nous avons marché de notre zone pour nous réfugier ailleurs. Nous avons eu chaud mais Dieu merci, nous retrouvons la paix à présent », témoigne-t-elle avec émotion, avant d’exprimer sa reconnaissance au Capitaine Ibrahim Traoré et aux Forces de Défense et de Sécurité ainsi qu’aux Volontaires pour la Défense de la Patrie.

Des villages à reconquérir
Fabrice (nom d’emprunt), responsable des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) dans la commune, appelle à un appui accru. « Tous les villages ont été reconquis mais il reste 3 villages à consolider. Nous souhaitons que des jeunes soient formés comme nous pour nous appuyer dans la consolidation de ces zones libérées », explique-t-il, insistant aussi sur la nécessité de renforcer leurs moyens logistiques. « Notre souci majeur, reste l’insuffisance des moyens roulants pour nos déplacements. Dans certaines zones, nous faisons environ 90 km pour mener des interventions. Je voudrais, avec mes collaborateurs, transmettre nos doléances aux plus hautes autorités du pays », plaide-t-il.

La foi et la résilience comme boussoles
Une autre habitante, encore marquée par l’exil, raconte: « On ne sait pas ce qu’on a fait mais on a fui notre village. Mais Dieu nous a aidés, le Capitaine Ibrahim et les jeunes nous ont aidés à revenir sur nos terres. On ne pensait pas revenir un jour ici. Nous remercions toutes les forces combattantes engagées pour la reconquête du territoire qui nous ont aidés à revenir ». Elle lance un appel à la réhabilitation de certaines infrastructures de base, symbole de renouveau pour toute la communauté de Ouoro.

Services publics de retour
Depuis la réinstallation de ce village, l’administration locale fonctionne à nouveau, même dans des conditions modestes. « Nous avons fait l’effort de rendre aux populations ce service qu’on leur doit. Tout fonctionne, même si c’est dans des conditions difficiles, dans un bâtiment auparavant considéré comme annexe. Ce n’est pas facile mais on le fait avec joie car c’est notre mission », affirme Simba (nom d’emprunt), vice-président du PDS de la zone.

Il salue par ailleurs les efforts conjugués des autorités et des forces combattantes. « Le retour se passe bien. Toutes les conditions ne sont pas entièrement réunies mais nous nous sentons chez nous, sur nos terres. Les travaux champêtres ont repris, tout suit son cours grâce aux efforts de tous les acteurs mobilisés », se réjouit-il.
Une sécurité retrouvée
Le Sous-lieutenant Gadiel, chef de détachement dans la zone, confirme l’amélioration de la situation sécuritaire. « À ce jour, la situation est très calme. Les populations vaquent à leurs occupations, les services ont repris, les écoles et marchés sont rouverts. Dans l’ensemble, toute la population est en sécurité », rassure-t-il.

De plus, le chef de détachement fait cas de nombreuses perspectives en cours afin de maintenir cette quiétude au sein des populations. « À cet effet, nous avons mis en place un dispositif de veille sécuritaire qui consiste à renforcer les patrouilles régulières dans la zone, mener des actions offensives grâce aux renseignements, et consolider le lien entre populations et FDS afin de traquer le dernier élément des groupes terroristes via l’approche sécuritaire communautaire », affirme-t-il avec sérénité.
Mémoire d’un traumatisme
Le porte-parole du chef de village rappelle que les habitants n’avaient pas immédiatement mesuré la gravité de la menace. Le jour où les attaques ont commencé, ils ont dû fuir en catastrophe pour sauver leurs vies. Quant au commissariat, il avait été détruit à l’explosif, heureusement sans perte en vie humaine.

Aujourd’hui, la quiétude regagne le village de Ouoro au grand bonheur de ses habitants. Une résilience collective rendue possible grâce aux efforts conjugués des FDS et des VDP et à l’accompagnement des plus hautes autorités du pays.
Annick HIEN / MoussoNews