À chaque période de Noël, le pagne estampillé de symboles religieux refait surface dans les marchés et devant les églises. Pour certains, il s’agit d’un incontournable de la fête ; pour d’autres, d’un achat peu utile une fois la période passée. À Ouagadougou, les avis sont partagés, entre attachement spirituel, pragmatisme et choix personnels.
Pour Julienne, la question est vite tranchée. Elle ne porte pas de pagne de Noël. « Après, ça ne sert pas vraiment », estime-t-elle. À ses yeux, ce tissu perd tout son sens une fois les célébrations terminées. Un avis que partagent plusieurs femmes qui préfèrent investir dans des pagnes plus neutres et polyvalents.
À l’inverse, Adeline vit la période de Noël comme un moment spirituel fort. Chaque année, elle court faire coudre sa tenue. « Pour moi, Noël, c’est comme une messe. Le pagne représente la naissance de Jésus », confie-t-elle. Après les fêtes, elle continue à porter sa tenue à l’église, notamment les dimanches. Toutefois, elle tient à respecter le calendrier liturgique.« Je ne vais pas porter un pagne de Noël à Pâques ou à l’Ascension. Ce n’est pas normal», répond-t-elle.

Devant certaines églises de Ouagadougou, les commerçantes confirment l’engouement, mais aussi les hésitations. Le pagne de Noël du Burkina Faso est vendu autour de 6 500 FCFA, contre environ 10 000 FCFA pour celui de la Côte d’Ivoire. Selon elles, beaucoup de fidèles préfèrent le modèle burkinabè, jugé plus accessible, même si celui de la Côte d’Ivoire séduit par son esthétique.
Mimi, elle, fait un usage très mesuré du pagne de Noël. Elle le porte uniquement pendant la période des fêtes, puis le réserve aux visites familiales ou à la maison. « Je ne vois pas vraiment où je peux aller avec des habits cousus dans ce pagne. C’est pour ça que je choisis toujours des modèles simples », explique-t-elle. Pour elle, investir dans une tenue trop élaborée n’a pas de sens si elle ne peut la porter longtemps.
Madeleine partage cet avis, mais de manière encore plus tranchée. Pour elle, coudre un pagne de Noël est un gaspillage. « C’est cher et après, on ne sait plus où le porter. Je préfère utiliser un pagne neutre pour mes tenues de fête », affirme-t-elle sans détour.

À l’opposé, Jessica assume pleinement son choix, malgré les regards parfois critiques. Musulmane, elle a longtemps cousu le pagne de Noël pour elle et pour son fils lorsqu’il était encore enfant. « Même pour prier, je le portais. On me disait que ce n’était pas bien, mais ça ne me dérangeait pas », souligne-t-elle. Cette année encore, elle compte en acheter, même si son fils, désormais adolescent, n’en veut plus.
Plus qu’un simple tissu, le pagne de Noel reflète les choix, les croyances et la manière dont chacun vit les fêtes de fin d’année.
Annick HIEN/MoussoNews



