Quand le silence devient trop lourd : Gynferti Africa ouvre enfin le débat sur l’infertilité

La première édition du salon Gynferti Africa s'est déroulée le samedi 29 novembre au CHU de Tengandogo.

La première édition du Salon Gynferti Africa s’est déroulée le samedi 29 novembre 2025 à Ouagadougou. Porté par l’association Vie et Espoir et initié par Damani Coefé Thérèse, économiste de formation et certifiée en santé publique, l’événement rassemble pour la première fois médecins, tradipraticiens, universitaires autour d’un combat trop souvent tu : celui de l’infertilité.

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Damani Coefé Thérèse ,Promotrice du salon Gynferti Africa

Damani Coefé Thérèse, Promotrice du salon Gynferti Africa parle avec franchise d’un sujet qu’elle connaît intimement. Mariée avec l’espoir d’accueillir un enfant rapidement, elle a dû affronter 10 années d’attente, de prières, de consultations et d’incertitudes avant de devenir mère.

« Dans chaque famille, vous trouverez au moins un couple frappé par l’infertilité. Pourtant, on en parle à peine. Beaucoup souffrent en silence, isolés par la honte », avance-t-elle.

Son initiative est née de ce vécu personnel, mais aussi de la volonté de rassembler en un seul lieu toutes les solutions possibles : expertise médicale, médecine traditionnelle, accompagnement psychosocial et sensibilisation communautaire. Pour elle, l’infertilité est un tabou, mais c’est aussi un problème de santé publique.

Aux côtés du Professeur Charlemagne Ouédraogo, du ministère en charge de la Santé et d’autres experts, elle souhaite ouvrir un espace de vérité où couples et femmes ne se sentent plus seuls face à ce combat.

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Professeur Charlemagne Ouédraogo a été le parrain du salon.

Panel d’expertes : dire la vérité, briser les stigmas

Une des panelistes au cours de cette séance d’échange et de sensibilisation, Dr Thérèse Kyelem / Couldiaty, enseignante-chercheure à la retraite de l’Université Thomas Sankara, a montré que l’infertilité reste perçue de façon inégale.  » Quand le problème vient de l’homme, la famille protège et dissimule. Quand il vient de la femme, elle devient immédiatement la coupable idéale« , souligne-t-elle.

Et de regretter: « On l’accuse d’être sorcière, d’avoir posé un acte impardonnable. Certaines perdent leur dignité, leur estime de soi. Il y a des cas dramatiques où des femmes se suicident parce qu’elles ne supportent plus les humiliations ».

Elle plaide pour un changement de regard, mais aussi pour un engagement de l’État. Car dit-elle,si les soins existent, ils restent hors de portée pour beaucoup.

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Dr Thérèse Kyelem / Couldiaty, enseignante-chercheure à la retraite de l’Université Thomas Sankara.

Diagnostic, dépistage, prise en charge: « Si les coûts étaient subventionnés, ce serait déjà un immense pas », indique t-elle. Pour elle, l’approche doit être mixte, médecine moderne, traditions, sensibilisation, mais surtout empathie.

Selon elle, la science avance, la société doit suivre. Dr Kyelem rappelle que la science offre désormais des alternatives dont insémination, traitements spécialisés, adoption. Mais elle insiste : » aucune solution ne sera durable sans soutien psychologique, sans éducation communautaire et sans politiques publiques adaptées« , précise-t-elle.

L’État s’engage : un appel à l’action

Dr Marie Victorine Bambara, gynécologue obstétricienne, représentante du ministère en charge de la Santé a rappellé que l’infertilité, trop souvent réduite à la honte est un drame intime dont l’impact social est immense. S’inspirant d’un proverbe, « La plus belle parure d’une femme, c’est son enfant », elle souligne la souffrance de celles qui n’ont pas entendu ce cri dans leur foyer. À travers ce salon, dit-elle, « nous donnons une voix à ces femmes ».

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Dr Marie Victorine Bambara, gynécologue obstétricienne, représentante du ministère en charge de la Santé

Elle salue l’engagement de la promotrice, qualifiant son parcours d’inspiration, et assure de la disponibilité du ministère à accompagner toutes les initiatives qui renforcent la politique nationale de santé reproductive.

Annick HIEN/MoussoNews

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