Saison pluvieuse : Les femmes maraîchères les pieds dans l’eau, déplore leurs récoltes

À chaque saison pluvieuse, le même scénario se répète pour les femmes maraîchères de Tanghin, un quartier de Ouagadougou. Champ inondé, semences perdues, investissement anéanti. Cette année encore, les pluies diluviennes n’ont pas épargné les efforts des femmes.

La pluie du mardi 22 juillet 2025 n’a pas été clémente pour les femmes maraîchères de Tanghin. Après une grande torsadé qui a arrosé avec intensité, les récoltes ont été noyées laissant des femmes désespérées.

Ce matin-là, Edith Sawadogo et sa collaboratrice sont debout depuis 6h. Les pieds dans l’eau, le dos courbé dans la boue, elles tentent tant bien que mal de sauver quelques semences d’amarante. Mais l’espoir est mince. Le champ est complètement submergé. « C’est toute une saison de travail qui s’en va », souffle Edith.

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Edith Sawadogo, maraîchère

Comme elle, elles sont nombreuses, ces femmes qui voient leur labeur ruiné par la montée des eaux. Et pourtant, elles n’ont pas ménagé leurs efforts : préparation des sols, achat des semences, arrosage régulier… tout ça pour que la pluie emporte en quelques heures ce qu’il a fallu des semaines à bâtir.

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Un champ de menthe noyé

Parmi les cultures qui résistent partiellement à l’humidité, la menthe est souvent une option. « La menthe aime l’eau, mais pas en excès », explique Mariam Yéssié, qui avait misé cette année sur sa culture. Malheureusement pour elle, la pluie est venue tout ravager. Les jeunes plants, à peine semés quelques jours plus tôt, ont été engloutis. « Ce sont de jeunes plantes semées cette semaine seulement. La pluie les a submergées et c’est une grande perte », se désole Mariam.

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Mariam Yéssié

Plus loin, une silhouette courbée attire l’attention. Awa Sawadogo, environ 70 ans, arrache les herbes envahissantes à mains nues. Malgré son âge, elle se bat elle aussi pour sauver ce qui lui reste. Mais entre les plantes noyées et l’envahissement par les mauvaises herbes, les chances de les sauver restent moindre.
Face à cette situation désespérante, certaines femmes choisissent de se réorienter provisoirement. Elles se lancent dans des activités génératrices de revenus pour tenir jusqu’à la fin de la saison des pluies. « Je vendrai sûrement des fruits saisonniers en attendant le bon moment pour récupérer mes terres et cultiver à nouveau », confie une maraîchère.

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Awa Sawadogo

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Quant à Aïcha (nom d’emprunt), elle a abandonné depuis les premières pluies de la saison. Comme toutes les autres, elle a aussi perdu son champ dans l’eau. Ne pouvant plus rien faire pour sauver ses plantes, elle a aussitôt abandonné pour se tourner vers d’autres activités.

Assise au bord du goudron avec sa charette, elle vend des fruits. Une façon pour elle de s’occuper en attendant que cette période passe pour reprendre ses activités maraîchères.

À Tanghin Barrage, la saison pluvieuse ne rime pas avec abondance pour tout le monde. Pour ces femmes maraîchères, elle sonne plutôt comme une saison de perte. Mais même les pieds dans l’eau, elles gardent la tête haute. Certaines comptent continuer avec des semences qui s’adaptent à la période tandis que d’autres se tournent vers d’autres activités provisoires.

Diane SAWADOGO/ MoussoNews

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