« Chorégraphe, je n’ai pas de vie de famille. C’est encore pire pour les femmes dans ce milieu » Serge Aimé Coulibaly

« Chorégraphe, je n’ai pas de vie de famille. C’est encore pire pour les femmes dans ce milieu » Serge Aimé Coulibaly 2

Alors que la prochaine édition reportée à une date ultérieure pour la situation sécuritaire-politique que traversent notre cher Burkina « tout est prioritaire », Le géant international inconnu dans son propre pays , Serge Aimé COULIBALY danseur-chorégraphe burkinabé  puis que c’est de lui qu’il s’agit sort enfin de son silence après cet évènement sans dessus-dessous. Nous avons tenu à l’entendre ce 15 novembre 2022 sur l’affaire de la dette de 26 millions de FCFA. Il nous livre ici sa part de vérité.

Votre culture africaine est la source de votre inspiration et avec votre art, vous voulez créer une danse contemporaine puissante qui part du sentiment mais qui porte aussi réflexion et espoir. Comment vous arrivez à allier sentiment-réflexion et espoir ?

Serge Aimé COULIBALY : L’avantage de la création contemporaine c’est que l’on peut combiner. Plusieurs éléments mis sur la scène en une heure font ressortir les sentiments et en peuvent en mettre plein la vue.

Pourquoi Serge Aimé choisissez-vous de travailler sur des thèmes complexes ?

Je choisi de travailler sur des thèmes pour répondre en premier lieu à mes propres interrogations. Et parce que nous sommes dans un pays complexe, un pays où tout est une priorité  à commencer par les trois (3) repas par jour.  Lorsqu’on j’ai choisi de faire de la danse, c’était pour être au cœur des préoccupations de mon pays et de mon peuple. J’ai travaillé sur le chômage, l’immigration de sorte à pouvoir ainsi, répondre à mes propres interrogations, répondre à mon propre spectacle en apposant  un  autre

spectacle, traduire la situation de la force inventive qui part, qui voit plus d’opportunités ailleurs, qui a des ambitions assez importante et du coup qui en veut  beaucoup… quand je mets en scène un spectacle sur l’espoir c’est  d’abord une interrogation sur  comment susciter l’espoir en Afrique ? Et ensuite sur l’intérêt de prendre des figures comme modèles de réussite.

Vous avez-faits plusieurs scènes européennes et africaines (festivals) avec Kirina (2018), Kalakuta Republik (2016), Nuit Blanche à Ouagadougou (2014), Fadjiri (2013), Khokuma 7° Sud (2011), Babemba (2008), Solitude d’un Homme Intègre (2007), A Benguer (2006), Minimini (2002). D’où tirez-vous l’inspiration pour ces titres ?

Chaque titre que je donne à mes projets de spectacles est toujours évocateur, philosophique et quand on commence à expliquer on racontre une histoire il y a un niveau de lecture…  On va dans un pan de l’histoire de nos pays à chaque titre… A partir du titre j’ouvre d’autres perspectives et dans les spectacles il y a beaucoup de recherches, j’amène un ensemble où chaque partie à elle seule est une information nouvelle

Le fait que Serge Aimé soit toujours en mouvement le rend-il inaccessible pour autant?

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Je n’ai pas de vie familliale et  le plus longtemps que j’ai pu sacrifier de janvier à novembre 2022 est  de 10 jours. C’est une autre manière de vivre  comme quelqu’un l’a dit ‘’ t’a ta vie et c’est ton travail’’. Les deux vies  sont difficilement conciliables d’une part c’est un rêve pour d’autres artistes de pouvoir faire le tour des pays se réaliser professionnellement mais, le temps d’une vie famillial on va dire spéciale.  Pour les artistes femmes qui tournent avec moi c’est encore pire sauf que là elles ne voyagent pas plus que moi au regard du fait de mes autres engagements : des occupations des préoccupations de sorte que je n’ai jamais une minute à moi. C’est un choix de vie : soit c’est la carrière et j’y vais oubien tu t’arrêtes…

Pensez-vous pouvoir vous arrêter un jour ? Bien sûr je pense pouvoir m’arrêter. Je travaille toujours à ce que le moment venu de me poser je puisse vivre décemment et avoir de la perspective.

Si je dis la compagnie FEEREN  Amadou Bourou  quels souvenirs cela vous évoquent ils ?

Amadou Bourou, celui qui a osé. Pour moi, c’est d’abord l’audace. Il s’est dit que c’était possible d’être un professionnel dans le Burkina. Tout était une priorité aussi.  A l’époque  il a été beaucoup combattu et aujourd’hui on se rend compte qu’il a eu raison puisqu’il y a  énormément de professionnels sans notre pays. Il reste un VISIONNAIRE qui malheureusement n’est pas reconnu à sa juste valeur pas de place ni de rue qui porte son nom rien.  Il est quand même le 1 er à avoir amené le théâtre. Si les récréatrâles existent aujourd’hui c’est aussi grâce à lui. Et il faut faire quelque chose pour l’honorer à sa juste valeur.

Quel est ou peut-être la responsabilité d’un artiste, au point de vue social ? Où de même de la vie de sa Nation ? Et surtout quand on sait ce que traversent nos pays actuellement ?

C’est chacun qui doit faire sa part … le spectacle d’ouverture aux récréatrâles cette année étaient un message évocateur de ce que l’on a fait et l’art est vraiment au service de l’action. Pour terminer quelque chose il faut bousculer les choses. Qu’est-e que l’on peut bien bousculer par rapport à l’art ? si je prends ANKATA par exemple à Bobo, nous formons 20 des jeunes à chaque promotion. Nous  investissons en art de la scène mais aussi en plusieurs métiers autour de l’art pour avoir des citoyens qui peuvent prendre leur vie en main, donner de l’espoir et cela peut aider le vivre ensemble… A quelque part j’essaie de faire ma part de travail et je peux continuer comme ça « un artiste en tant de guerre est un artiste et il doit l’intégrer » nous devons rafraîchir les idées des gens et c’est à l’artiste de penser à comment je contribue pour que le pays puisse se porter autrement

 

 

Remise du prix d’honneur Golden Afro Artistic Awards 2020, 2020 année de la COVID comment avez-vous vécu cette année ? des reports de tournées ? des  enregistrées ? FAIRE NAITRE WAKAT ?

C’est le tout en même temps parce que la pandémie évidemment a été très difficile dans le sens où on a perdu 70 dates on avait une tournée mondiale annulée mais comme il y a toujours un mal pour un bien je suis rentrée au Burkina juste avant la fermeture des frontières et j’ai pu travailler sur ANKATA. Wakat était déjà en projet avant la pandémie et j’ai cru que la tournée n’allait jamais reprendre mais avec beaucoup de chance nous avons repris avec une grosse tournée et il nous reste encore 4 dates à ce jour. Les pertes font partie de la vie nous n’étions pas les seuls à les ressentir.

L’art ne ment pas s’il est en vous-il fini par sortir tôt où tard  dixit Serge Aimé COULIBALY vous êtes un homme de Culture, à l’image de feu Sembene Ousmane avec sa pipe vous êtes identifiable aussi grâce à votre chapeau. Qu’elle est l’histoire derrière l’homme au chapeau ?

Rire… pour une question ça l’est dit donc… il n’y a pas une histoire en tant que telle j’aime mon image avec ce chapeau, j’aime le reflet de mon image avec. J’ai commencé à  le porté en 2012 et c’est devenu une identité au point que souvent je plaisante en disant que c’est devenu une deuxième (2e)peau. Je ne sais pas pourquoi mais ça fait partie de moi aujourd’hui.

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Un intellectuel qui choisit de danser ce n’est pas commun ? Les obstacles à cette brillante carrière ont être nombreux Serge Aimé n’est-ce pas ?

Il y a eu pleins d’obstacles je dois le reconnaître. Mais je pense que pour nous, quand tu choisi de faire ce travail tu ne sais pas l’expliquer pleins d’obstacles liés à l’environnement famillial, amical, etc. ça fait partie de la vie humaine et de l’artiste qui veut faire partie du monde…. Ceux qui ne veulent pas faire la même chose ne font rien mais dans ce domaine, tu sais à quelque part qu’il faut juste avancer. Il faut s’’entraîner à monter sauter etc. si tu crois que tu dois t’asseoir c’est faux on s’entraîne à être alerte se poser les bonnes questions…  tu es sur une route tu trace et tu avances….

Parlant d’obstacles il y a eu une sorte de « Game of STAMP » concernant le projet de la  chorégraphie pour l’ouverture du FESPACO en 2021 ?

Le FESPACO dernier  c’était difficile ça montre à quel point la culture est pris comme un art entre griffes ‘’banal ‘’ on mélange tout et on pense que c’est juste un assemblage des choses et souvent ce sont des aspects personnels  et surtout  la méconnaissance de notre métier qui interfèrent et qui finissent par rejaillir sur tout un pays. Je suis parti sur la base d’un budget qui était la moyenne des budgets de mes spectacles. C’était comme un ICEBERG je suis resté assez silencieux par rapport à ce sujet  mais c’est incroyable…

Le vrai problème c’est que malgré les efforts pour tenir le spectacle je suis sortie avec une dette de 26 millions. La présence de toutes les vedettes de la chanson, la technique c’était le ministère qui devait les prendre en charge et en pleine exécution du projet il y a eu revirement de situation au point que  j’étais obligé de prendre un crédit à la banque pour pouvoir faire le travail. Le « deal » c’était que j’allais être remboursé  à la fin  mais je n’ai jamais eu mon argentJ’ai écrit au président au moment lors de ma venue à Ouaga, j’ai attendu pour être reçu jusqu’à présent pas un seul rond. Finalement  dès que j’ai une entrée d’argent je m’empresse de payer les ceux qui ont collaboré sur le projet hélas je ne peux pas tout régler d’un trait donc je reçois même des lettres méchantes de certaines personnes qui ont travaillé sur le projet … globalement j’ai jamais été remboursé.

Qui est Serge Aimé COULIBALY ? Marié combien d’enfants ? Oui j’ai  une fille

Apport dans la qualité des œuvres culturels ? Un art engagé ou engagé pour l’art ? La collaboration avec les jeunes qu’est-e que vous cherchez à transmettre ? des valeurs ? des principes ? où juste votre passion ?

C’est un ensemble chez moi tout est lié d’abord c’est des citoyens que je cherche à former, qui seront engagés pour leur pays, leur art de sorte à changer le monde, développer leur nation et le mieux vivre.

Les clés incontournables de votre réussir dans votre domaine ?

l’ABNEGATION le fait de ne rien lâcher et de travailler comme un malade.  J’ai toujours dit que la seule chose qu’on ne peut ne pas t’enlever c’est ta capacité de créer. C’est l’avantage de l’art je peux tout inventer à partir de rien. Juste une idée forte que j’envoie à une structure au point qu’économiquement ça déploie c’est la force de l’imaginaire. Personne ne peut te le donner. Il faut se cultiver, lire, s’ouvrir, découvrir les nouvelles tendances. Parce qu’On n’est jamais quelque part par hasard.

 

 

Nul n’est prophète chez soi est-ce que vous êtes d’accord avec cette affirmation géant de la scène mondiale et inconnu dans votre pays ?

C’est quelque part vrai sauf qu’avec l’évènement du Fespaco y a beaucoup de gens qui m’ont découvert-rencontré. En Belgique, j’ai été élu comme étoile de la commune, ma compagnie est soutenue par l’état Belge. Mais je comprends le pays quand je vois l’urgence sécuritaire. Le fait que les gens soient aussi attachés à qui fait du bruit peut en être l’explication. Je crois  surtout que c’est parce qu’on n’est pas assez organisé si nous pouvons nous  projeter et ne pas être tout le temps dans l’urgence on y parviendra. Je sais que j’ai  encore du chemin à faire car chacun regarde l’autre de là où il est.   Je ne suis pas encore au sur le sommet de la montagne.

Vous avez-affirmé un jour dans une de vos prises de paroles que « Les choses changent lentement en Belgique mais ça changent » est-ce que vous pouvez en dire autant du Burkina ?

Oui les choses changent aussi au Burkina mais très très très lentement et souvent même à reculons. On n’arrive pas à s’asseoir et à construire prenons l’exemple simple de nos routes elles changent en se creusant et bien c’est pareil sur tous les plans. « la route du développement passe aussi par le développement des routes » néanmoins il faut espérer qu’avec la dynamique actuelle les choses changent avec nos autorités présentes. C’est en cela que l’art à son sens, ce qu’on bouleve chez l’autre pour voir les choses changer.

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Si vous deviez nous raconter une histoire laquelle souhaiteriez-vous raconter ?

Une histoire drôle et violente en même temps. On m’avait invité en Australie il y a quelques années dans le NORD OUEST à  Boome  très beau plage, où l’on peut aller pour  la pêche et la nage.  Mes étudiants étaient en harmonie avec l’eau ils faisaient des plongés et ils m’ont donné les palmes pour que je fasse comme eux. Et moi comme un « con » j’étais leur Prof d’acrobaties ils ne pouvaient pas se dire que je ne savais pas faire comme eux. …. Je fini par plonger dans l’eau je commence à tac tac tac, je m’accroche pour ne pas me noyer et  eux ils riaient croyant que je faisais des acrobaties dans l’eau alors que je me noyais. Heureusement j’ai pu m’accrocher et sortir  tout blessé….

Serge Aimé COULIBALY nous sommes à la fin de cet entretien nous disons Anitché,  merci pour le temps que vous avez bien voulu nous accorder et nous vous laissons cette pensée inspirée de Paul Watzlawick « On ne peut pas ne pas communiquer » pour dire « ON NE PEUT PAS NE PAS EDUQUER » bon vent à vous et vivement à bientôt.

Halia R. ZOURE

Entretien exclusif (1h18mn36s) avec S.A.C par H.R.Z | 15.11.2022 à 14h32 heure du Burkina pour Mousso News

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