Ouagadougou : Dans l’univers de ces petits marchés devant les hôpitaux

Dans les hôpitaux de Ouagadougou, la présence des vendeuses de produits de première nécessité répond à un réel besoin pour les patients et leurs familles. Cependant, si certaines bénéficient d’une légitimité officielle, d’autres sont confrontées à une situation précaire, opérant clandestinement leur commerce.

Dans les couloirs des hôpitaux à Ouagadougou, il n’est pas rare de croiser des vendeuses proposant des articles indispensables aux patients, leurs familles et même aussi aux passants. Qu’il s’agisse de couches pour bébés, de serviettes hygiéniques, de pagnes ou encore d’ustensiles, ces commerçantes facilitent l’accès à des biens de première nécessité, souvent demandés en urgence. Ces petits marchés sont un véritable service de proximité pour les accompagnants qui préfèrent éviter les déplacements à l’extérieur de l’hôpital.

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À l’hôpital Schiphra, la situation est coordonnée. Dame Ilboudo avec son fils Schadrac, gèrent depuis plus de cinq ans une boutique qui fournit des articles tels que des équipements post-maternité, des habits de bébé, des seaux et des savons etc... Ayant obtenu l’autorisation de s’installer grâce à l’église présente au sein de l’hôpital, Dame Ilboudo est reconnue par les patients comme une aide précieuse. « Nous vendons beaucoup de choses nécessaires, et cela évite aux familles de se déplacer loin », témoigne-t-elle. Son commerce, bien implanté, reçoit des éloges réguliers de la part de ses clients, ravis de la proximité et de l’accessibilité des produits.

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Schadrac Ilboudo devant l’étal de marchandises de sa mère

Cependant, la réalité est bien différente à l’hôpital Yalgado de Ouagadougou, où certaines vendeuses opèrent dans la clandestinité. Contraintes par un manque d’espace ou des autorisations difficiles à obtenir, ces commerçantes se faufilent dans les locaux hospitaliers, proposant des articles similaires à ceux que l’on trouve à Schiphra : couches, serviettes hygiéniques et habits pour bébés.

 « Nous facilitons la tâche aux femmes qui viennent d’accoucher. Imaginez une mère qui a besoin d’une couche en urgence et que l’on doit carrément se rendre à l’extérieur pour en chercher», explique Oubda (nom d’emprunt), l’une des vendeuses clandestines. Pourtant ces femmes travaillent dans la crainte permanente d’être chassées par les premiers responsables.

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La boutique de Dame Ilboudo

La répression est fréquente à l’hôpital Yalgado. « Plusieurs fois, des policiers m’ont chassée avec ma marchandise. Je ne sais vraiment pas où m’installer », se lamente Oubda. Elle raconte que, pour survivre, elle doit se montrer vigilante, inspectant les lieux avant de s’installer pour éviter d’être repérée. « Dès que je vois un policier, je ramasse mes affaires et je fuis », confie-t-elle, avec un sourire amusé malgré la précarité de sa situation.

Comme Oubda, d’autres vendeuses se battent quotidiennement pour trouver une place au sein de l’hôpital, conscientes qu’elles répondent à un besoin vital. Elles espèrent que les autorités de l’hôpital finiront par comprendre leur rôle et leur accorderont un espace légitime pour exercer leur commerce sans crainte. « Nous ne dérangeons pas, nous venons en aide aux patients et aux familles », plaide Oubda. Elle lance un cri de cœur aux responsables de l’hôpital : « J’implore les autorités de nous laisser travailler».

Alors qu’à Schiphra, Dame Ilboudo continue d’offrir un service apprécié et reconnu, à Yalgado, des commerçantes comme Oubda se battent pour survivre, dans l’espoir qu’un jour, elles pourront vendre sans être inquiétées.

Diane SAWADOGO (Stagiaire)/ MoussoNews

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