Ouagadougou : Les vendeurs de citrons à la conquête des feux tricolores

Aux abords des feux tricolores de la capitale burkinabè, un commerce informel mais finement structuré attire l’attention des automobilistes et motocyclistes : la vente de citrons. À chaque arrêt, de jeunes garçons sillonnent les files de véhicules, brandissant des sachets de citrons soigneusement emballés, à la recherche de clients pressés. Loin d’être anecdotique, cette activité en pleine expansion est aujourd’hui majoritairement portée par une jeunesse masculine, la présence féminine y demeurant marginale.

Pour de nombreux jeunes déscolarisés ou sans emploi, la vente de citrons ne relève pas simplement du petit commerce. C’est une stratégie de survie, une bouée de secours dans un contexte économique étouffé par le chômage, la précarité et l’absence de perspectives.

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Hamado, jeune vendeur de citrons aux feux tricolores.

Hamado, jeune vendeur non scolarisé vivant à Ouagadougou, s’est lancé dans cette activité il y a quelques mois. Il achète ses sachets de citrons à 400 francs CFA et les revend à 500 francs. Un bénéfice quotidien oscillant entre 500 et 1 000 francs CFA, suffisant pour assurer ses besoins de base. « Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, et je n’ai pas d’autre activité. C’est pour ça que je vends les citrons », confie-t-il.

Chaque jour, Hamado commence sa tournée aux alentours de 9 heures et poursuit jusqu’à 19 heures, bravant chaleur accablante et circulation dense, avec les risques que cela comporte.

Sana, un autre vendeur, va plus loin. À la tête d’un petit groupe de jeunes qu’il encadre, il a su organiser un véritable micro-système autour de la vente de citrons. Chaque matin, dès l’aube, entre 4h et 5h, il se rend au marché de Larlé pour s’approvisionner. Il prépare ensuite les sachets par lots de 500 francs CFA, avant de démarrer la vente sur les axes stratégiques de la ville entre 10h et 11h, jusqu’à 20h.

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Sana est aussi vendeur de citrons. Il a même des employés à sa charge.

Les jeunes qui l’assistent remettent immédiatement l’argent des ventes, et sont rémunérés en fonction de la recette en fin de journée. Pour Sana, le choix des feux tricolores est stratégique. « Il y a beaucoup de clients ici. Certains nous encouragent, d’autres nous insultent. Ce n’est pas toujours facile », explique-t-il.

Mais l’activité n’est pas sans difficultés : chaleur intense, risques d’accidents entre les véhicules, et présence dissuasive de la police. « Quand les policiers sont là, ils ne veulent pas qu’on se glisse entre les voitures. On est obligés de rester sur le bord avec nos sachets », déplore-t-il.

Malgré une rentabilité relative, Sana garde espoir d’un avenir différent. « Si je trouve un travail mieux rémunéré, j’arrêterai la vente de citrons », affirme-t-il sans hésiter.

Au-delà de la simple vente de fruits, les jeunes vendeurs de citrons symbolisent la résilience d’une génération qui refuse de sombrer malgré l’adversité.

Ouagadougou, en perpétuel mouvement, tant que les feux restent rouges, le commerce des citrons continue, lui, de tourner au vert.

Maïmouna Nadia Djibo (Stagiaire)/MoussoNews

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