Thomas Sankara, pionnier de l’émancipation féminine au Burkina Faso

Arrivé au pouvoir par un coup d’État le 4 août 1983, le capitaine Thomas Sankara a très tôt inscrit la lutte pour l’émancipation des femmes au cœur de sa vision révolutionnaire. À travers des discours percutants et des actes concrets, il s’est attaqué aux racines de l’oppression féminine, brisant les tabous pour ouvrir aux femmes les portes de la sphère publique et politique.

Le 4 août 1983 marque une rupture dans l’histoire politique du Burkina Faso. Thomas Sankara, jeune capitaine de l’armée, prend le pouvoir et entame une révolution populaire qui ne tardera pas à faire parler d’elle au-delà des frontières. Parmi les combats majeurs qu’il mène durant son court mais intense passage à la tête de l’État figure celui de l’émancipation des femmes. Pour Sankara, aucune transformation sociale réelle ne peut s’opérer sans la participation active des femmes.

Dans ses discours comme dans ses actes, le président révolutionnaire s’attaque à l’oppression multiforme subie par les femmes. Il remet en question des traditions séculaires qui les cantonnent à un rôle de « bête de somme » et milite pour leur intégration pleine et entière dans les affaires de l’État. Sous son impulsion, les femmes investissent des domaines jusque-là réservés aux hommes, tels que l’armée et la police. Des perspectives nouvelles leur sont ouvertes, les rendant actrices du changement.

Convaincu que les luttes féminines sont centrales pour bâtir une société plus juste, Sankara s’inspire des révolutions historiques pour souligner le rôle souvent minimisé des femmes. Qu’il s’agisse des manifestations à Saint-Pétersbourg en 1917 ou de la marche sur Versailles en 1789, les femmes ont toujours été en première ligne, mais rarement reconnues à leur juste valeur. Un constat qu’il refuse de perpétuer au Burkina Faso.

Dans son discours d’orientation politique du 2 octobre 1983, Thomas Sankara fait un lien entre la condition des femmes et l’héritage du colonialisme :

« Tous les fléaux de la société coloniale, la femme les subit doublement : premièrement, elle connaît les mêmes souffrances que l’homme ; deuxièmement, elle subit de la part de l’homme d’autres souffrances ». Il poursuit avec une vision féministe assumée : « La vraie émancipation, c’est celle qui responsabilise la femme, qui l’associe aux activités productives, aux différents combats auxquels est confronté le peuple »

Son engagement, bien que salué par certains, ne fait pas l’unanimité. Le président révolutionnaire essuie des critiques virulentes pour avoir osé féminiser la vie politique et sociale. Pourtant, c’est avec la même fermeté qu’il répond, bravant les résistances culturelles et sociales. Selon Le Monde.fr, cette volonté de défendre la cause des femmes, il la tient de son vécu personnel. Fils, frère et témoin de violences conjugales dans sa jeunesse, Sankara aurait été profondément marqué par une scène d’agression qu’a subi sa propre sœur par son beau frère, qu’il n’a pu empêcher, ce qui aurait nourri en lui un sens aigu de l’injustice.

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Par sa vision avant-gardiste et son engagement sans détour, Thomas Sankara a posé les jalons d’une société burkinabè plus égalitaire. Il a ouvert la voie à une reconnaissance réelle du rôle des femmes dans le développement national, affirmant que la révolution ne saurait se faire sans elles. Aujourd’hui encore, son héritage en matière de droits des femmes continue d’inspirer bien au-delà des frontières du Burkina Faso.

Sources: Le Monde.fr, Lefaso.net

Diane SAWADOGO/ MoussoNews

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