Barsalgho : La ‘’ville lumière’’ de la lutte contre le terrorisme

Basarlgho. Le nom de cette commune rurale dans la région du Koulsé sonne avec un écho. Celui d’un espoir et d’un futur prometteur dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Barsalgho renait de ses cendres, vit et reste débout. De l’hôpital au marché, en passant par les écoles et la préfecture, c’est une ville pleine de vie qui se réveille chaque matin avec joie et espoir. Récit de 48heures à Barsalgho..

« Tu vas à Barsalgho ? », « Non, ne prend pas le risque d’aller à Barsalgho, C’est dangereux ». Les questions et les inquiétudes n’ont cessé à l’annonce d’une volonté de faire un reportage sur Barsalgho, ‘’la ville lumière de la lutte contre le terrorisme’’.

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Barsalgho, ville calme mais résiliente face au terrorisme

Lundi 1er septembre 2025. Le soleil se couchait sur la commune rurale de Barsalgho. Des femmes, près d’une cinquantaine, reviennent du champ. Certaines sur les charrettes, d’autres à pied, des épis de récolte et des feuilles sur la tête. Des femmes visiblement confiantes et déterminées à donner le meilleur à leur famille.

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Aux abords du marché, des petites filles étalent en tas à même le sol, des feuilles comestibles pour animaux. « Ça coute 50F le tas », informe une fillette d’environ 13 ans. Vêtue d’une robe blanc-sale, les cheveux nattés, et l’air joyeuse, elle échange quelques mots en langue mooré avec ses amies. « Vous n’êtes pas d’ici (Barsalgho, ndrl) ? », demande-t-elle curieuse.

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Le marché est toujours animé par des femmes et enfants.

Sa voisine rassure avec conviction que les hôtes de ce soir (1er septembre 2025, ndlr) sont certainement de passage. L’ambiance est conviviale au marché du soir pour la vente d’herbe. A Barsalgho, ce marché est plus fréquenté les soirs du fait de la vente d’aliments pour bétail, principalement de l’herbe. Plus loin, quelques condiments et épices sont étalés sur une table de fortune. Près de cette vendeuse, une autre propose de l’attiéké avec du poisson.

« C’est une petite fille madame »

Au Centre régional hospitalier (CHR) de Barsalgho, les agents de santé sont sans repos. A la maternité, une parturiente est en travail. « Elle est arrivée depuis le matin à 8h. On l’a gardée car elle peut accoucher d’un moment à l’autre », informe l’infirmière. A même le sol, la jeune femme de 17 ans se tord de douleur. « J’ai mal. Ça fait mal », dit-elle en langue mooré, à son accompagnante qui tente de la réconforter.

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La parturiente a donné naissance à une fille, ce 2 septembre aux environs de 1h du matin.

Au CHR de la ville lumière de la lutte contre le terrorisme, la pluie n’entame pas l’engagement des agents de santé à offrir un meilleur service aux patients. Ce 1er septembre, une grande pluie s’est abattue sur Barsalgho.

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Une forte pluie s’est abattue sur la ville ce 1er septembre 2025.

Entre drainer les eaux et nettoyer les salles et devantures, les filles et garçons de salles s’activaient. De 19h jusqu’à 22h. Des urgences au bloc opératoire en passant par les salles d’hospitalisation, la propreté est une réalité dans ce centre de santé. Quelques heures après, aux environs de 1h du matin, un cri du bébé se fait entendre depuis la maternité. « C’est une fille madame. Soit heureuse », lance l’infirmière à la nouvelle maman.

Une mairie criblée de balles mais des agents toujours présents pour servir

De loin, l’impact du terrorisme se laisse voir sur les murs et les bâtiments de la mairie de Barsalgho. Des fissures ou encore de petits trous. Ce sont là les traces de balles des terroristes. « Nous avons été attaqués au moins deux fois », informe le vice-président de la délégation spéciale de la ville, Mahamadi Ouédraogo. Mais, poursuit-il : « Nous, nous n’allons jamais quitter notre ville. Nous n’allons jamais laisser Barsalgho dans les mains des ennemis. Jamais », dit-il avec une ferme conviction.

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L’ensemble des trous sur la mairie sont les traces de balles des terroristes.

L’attaque du 24 juillet 2024 reste un souvenir douloureux pour les populations mais elles restent résilientes et fortes.

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A l’intérieur d’un bureau, trois agents s’activent à classer les dossiers d’actes de naissance. « Nous sommes assez sollicités, surtout avec la rentrée scolaire qui s’approche », lance un agent.

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L’action social de la mairie de Barsalgho

Au service de l’action sociale, Boureima Nacro (Nom d’emprunt) échange avec quelques femmes. Elles sont là pour faire le point des champs de la paix qu’elles cultivent. « Il y a des femmes qui demandent toujours des vivres. Ensemble, on a réfléchi à trouver un espace pour cultiver. Nous avons 2 hectares sur lesquels, nous avons cultivé du maïs et du mil », informe l’agent de l’action social. Le champ dénommé – champ de la paix- occupe les femmes au quotidien et elles espèrent avoir de quoi vivre durant toute l’année 2026. Sans assistanat.

Le chef, l’ange gardien des populations

La résilience de Barsalgho a un visage : celui du chef coutumier. Jamais, il n’a quitté la ville du fait des attaques terroristes. « Les terroristes viennent ici. Ils viennent dans la cour. Ils menacent. Ils attaquent la ville. Mais je leur ai dis que jamais, je ne partirai », témoigne le chef de Barsalgho. Les conditions de vie sont certes difficiles, mais le chef rassure et croit que cette guerre aura sa fin.

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Assis devant la cour et entourés de ses ministres, ce 2 septembre 2025, le chef arborait sa tenue coutumière. Visiblement serein, il ne cesse d’apprécier l’accompagnement de la population dans sa volonté d’être résilient. « Nous sommes nés ici. Nous avons grandi ici. Dieu ne fait rien au hasard. Je dis toujours aux populations de garder la foi en Dieu et aux ancêtres. Nous subissons le terrorisme, mais nous n’allons jamais abandonner la lutte », dit-il.

Avec les autorités militaires et administratives, les relations ont toujours été des meilleures. « Les nouvelles autorités nous écoutent beaucoup et c’est le plus important. Aujourd’hui, la ville est accessible et c’est grâce à elles. Si ce n’est pas la nuit qu’on déconseille de prendre la route, toute la journée, on peut faire des vas et viens », informe le chef.

Son espoir : que Namissiguima, Dablo, Pensa soit totalement libérés. Et de proposer la construction massive de forages, de barrages pour continuer des activités de maraiche-culture.

« Nous, civils, n’avons rien comme arme, ni drone. Mais nous avons foi en nos autorités car un pays sans des hommes honnêtes et sincères et sans dialogue et cohésion sociale entre les populations ne survivra jamais », conclut-il.

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Naaba Djiguemdé est au trône depuis 1972

48heures à Barsalgho avec un accueil chaleureux des responsables militaires soucieux de la sécurité et de la protection des populations et des hommes/femmes de médias.

Bassératou KINDO/MoussoNews

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