Axelle Yanyiré a une double passion : les bâtiments et travaux publics et la décoration. Cheffe de projet dans une entreprise de construction, elle consacre également son temps à la confection de tableau personnalisé. Le consommons local est un sacerdoce pour la jeune dame qui n’utilise que le Faso Danfani et le Koko Dunda pour ses créations.
Qui est Axelle Somda ?
Axelle Yanyire SOMDA est une jeune dame dans la trentaine qui apprécie beaucoup le “fait main” et le “consommons local”. Elle a un caractère social et est toujours intéressée à défendre la cause de la femme et des plus démunis dans la mesure des ses moyens.
Quels est votre parcours professionnel ?
J’ai eu un parcours académique normal, avec à la clef un bac scientifique, un diplôme d’ingénieur en génie civil/ option routes et ouvrages d’art en 2013 et une spécialisation en infrastructures et géotechnique en 2015. J’exerce à actuellement dans un bureau d’étude depuis 2016 dans le BTP en tant que chef de projet. Je suis aussi commerçante de beurre de karité, de feuilles comestibles et d’articles divers.
Passionnée de la décoration, vous êtes une AS de la confection de tableau personnalisé, qu’est-ce qui vous inspire ?
Depuis petite, j’étais très bricoleuse et attirée par la foire et les expositions que j’avais l’occasion de visiter avec ma mère. Les tableaux, les sculptures, les œuvres d’artistes me fascinaient. À chaque occasion festive, je libérais mon génie créateur pour décorer la maison avec ce que j’avais sous la main en mode DIY.
En 2020, j’ai commencé à faire des représentations de femmes, de symboles de solidarité avec les textiles que j’avais sous la main. J’avais envie de proposer quelque chose de différent. Petit à petit, je me suis attachée à défendre le Faso Danfani et le koko donda, histoire de participer à l’économie locale. J’adore tout ce qui est fait-main, Burkinabè et africain.
Tout m’inspire, les couleurs et motifs de pagne, les scènes de la vie quotidienne. Je fais énormément de recyclage. Même les choses les plus insignifiantes s’enchevêtrent dans mon esprit pour produire une image ou une idée de départ. En outre, j’essaie de mon mieux de répondre au besoin des clients, à ce qu’ils souhaitent ressentir comme émotions en acquérant mes toiles.
Quels sont les tableaux qui sont le plus demandés (mariage, déco de la maison, bureau…)
Les tableaux les plus demandés sont généralement les tableaux personnalisés ou pas, pour les évènements sociaux : anniversaires, mariages, départ à la retraite ou fin de mission, en reconnaissance d’accompagnement ou de soutien. Ces tableaux ont pour thème la femme, la maternité, l’espoir, l’entraide, le mariage, la solidarité, l’Afrique, le Burkina Faso, la reconnaissance, la foi. Les accroches murales sont aussi beaucoup demandées.
Il m’arrive aussi de proposer d’autres accessoires tels que des lutrins, des chevalets, des mini cartes de vœux, des pots de fleurs, des décorations d’enterrement de vie de jeune fille, etc
Les tableaux en pagnes peuvent s’intégrer agréablement autant dans une maison que dans un service, un restaurant, etc. Ils conviennent donc à toute situation avec cette touche typiquement Burkinabè.
Comment vous arrivez à concilier le travail salarial et la passion de confectionner ?
J’aime dire que je suis artiste à mes heures choisies (plutôt que perdues). Ce n’est pas toujours aisé de concilier mon métier d’ingénieur (que j’adore) qui est fort prenant avec la réalisation de des tableaux qui est minutieuse et vorace en temps de travail. Néanmoins, pour moi cette passion complète cohéremment mon profil d’ingénieur en génie civil et me détend. À quelque moment de la journée, il peut m’arriver de réfléchir en arrière-plan sur la conception d’une toile et je note alors mes idées. À la descente le soir, je puise 1 à 2 h pour y travailler. Avec la pression des commandes, quelques week-ends peuvent être sacrifiés.
C’est surtout la planification des différentes tâches dans la production et la définition des échéances de livraison qui me permettent de rester efficace à tout point de vue. Il m’arrive parfois de lever le pied quelques semaines pour me ressourcer et revenir avec plus d’inspiration.
La demande est-elle forte ?
La demande est moyenne pour l’instant, je dirai. D’une part, l’offre étant particulière, ma clientèle est composée de personnes qui apprécient le fait main et acceptent le prix en conséquence. D’autre part, je n’exploite pas encore tous les marchés potentiels, étant donné que ma production est relativement lente. Cependant, je travaille à standardiser et à déléguer certaines tâches du processus afin de pouvoir produire plus vite et proposer des nouveautés régulièrement. Cela me permettra de saisir une autre part du marché local et international.
Quelles sont les difficultés ?
La première difficulté réside parfois dans la conception des tableaux personnalisés. Souvent le client ne sait pas du tout ce qu’il veut et il faut identifier clairement son besoin et le satisfaire au mieux. Cela demande beaucoup d’échanges et d’ébauches.
Ensuite, dessiner et découper toute sorte de tissus est ardu. Les textiles s’effilochent et peuvent même gonfler avec l’humidité ambiante, surtout dans le cas du Faso Danfani qui reste mon préféré. La moindre erreur de coupe entraîne un recommencement de l’ouvrage.
Enfin, réussir à rendre les couleurs et la beauté d’un tableau de collage de textiles sous vitre est challengeant. Mes clients sont très souvent agréablement surpris quand ils reçoivent leur commande plutôt que les photos, heureusement.
Qu’à cela ne tienne, ces difficultés sont des occasions d’amélioration qui affinent permanemment la qualité de mes techniques de production et mes réalisations.
Quelles sont les perspectives ?
Formaliser cette activité et couvrir un marché plus grand en générant des emplois localement. Ouvrir une galerie d’art exposant mes œuvres et celles d’autres artistes au Burkina Faso et à l’international. Proposer des formations aux tout-petits surtout, pour qu’ils grandissent avec une fibre bricoleuse et innovante en utilisant l’existant et le local. Faire la promotion de la production et de la consommation locale.
Interview réalisée par Julie Jessica/MoussoNews




