Même à des dizaines de kilomètres, son nom résonne. Partout, on murmure Sodaaga. Karim Zouré, s’est imposé comme une référence dans la médecine traditionnelle au Burkina. Au quotidien, une file se forme au sein de sa cour à Ouagadougou. Des centaines de personnes majoritairement des femmes avec leurs bébés dans le dos, mais aussi des hommes de tous âges tous viennent vers lui.
Karim Zouré, qu’on appelle affectueusement Sodaaga, est chef coutumier de Garango et militaire à la retraite. Mais dans la mémoire de tout le monde, ce n’est pas son uniforme qui est resté : c’est son don de guérison.
En mooré, Sodaaga signifie “militaire”, un hommage à ses années servies dans l’armée. Pourtant, ce n’est pas ce passé qui attire les foules. C’est celui, beaucoup plus ancien, transmis par tradition familiale : la connaissance des plantes, le don de guérison et cela de tous les maux.

Un savoir hérité très tôt
Il raconte avoir commencé à apprendre les secrets des feuilles et des écorces dès l’âge de 17 ans, guidé par son père. Même lorsqu’il servait encore dans l’armée, dit-il, il soignait déjà.
Aujourd’hui, installé à Ouagadougou, il reçoit une foule impressionnante : femmes, hommes, nourrissons, adolescents… tous cherchent sa guérison.
Pourtant, il ne demande jamais de compensation financière pour la consultation.
« La mission que Dieu m’a donnée, c’est d’apporter la guérison à ceux qui viennent vers moi », répète-t-il simplement.
Une consultation déconcertante… et efficace
La scène se répète toute la journée. « Bonjour Papa, je suis venue avec mon enfant. Elle ne tête plus et pleure sans cesse », explique une mère, Mariam Sawadogo, avec sa petite dans les bras.
« Amène-la. »
Ici, pas besoin de thermomètre, de gants, ni d’ordonnances.
La méthode de Sodaaga étonne par sa simplicité : il plie doucement le bébé… attend un cri… et, à partir de cette réaction, il détermine déjà ce dont souffre l’enfant.

Le diagnostic posé, il indique à la mère quelles feuilles et quelles écorces bouillir, et sous quelle forme administrer la décoction.
Puis il passe au suivant. Encore. Et encore.
Les femmes se comptent par centaines chaque jour. Les hommes ne sont pas en reste.
Les témoignages fusent. Mariam Sawadogo, la jeune mère, ne tarit pas d’éloges. « Il est très efficace. Tous mes enfants viennent ici quand ils sont malades. J’en ai déjà envoyé deux. Depuis que je viens, la guérison est rapide et sûre », lance t-elle.

Zara (nom d’emprunt) est d’origine sénégalaise. Depuis un mois qu’elle a quitté son pays pour se soigner chez Sodaaga grâce aux recommandations. Souffrant d’une maladie (dont elle a tenu de garder l’anonymat) mais semblait grave, elle témoigne une gratitude à Sodaaga qui l’a soigné. « Je suis guérie. Il m’a sauvé« , dit t-elle brièvement.
Tout comme Mariam Sawadogo, Zara, elles sont nombreuses, celles qui n’hésitent pas à témoigner de l’efficacité de Sodaaga.
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Sa prouesse semble être validée par les habitants, mais également reconnu par la médecine moderne. Sodaaga avoue avoir recu plusieurs fois des étudiants en médecine et aussi des spécialistes. Pour lui, la jonction entre médecine traditionnelle et moderne est réelle et est à encouragée, car pour lui, elles sont complémentaires.
Comme à chaque matin, dans la cour où il consulte, hommes, femmes s’installent, patientent, discutent. Ils clament sans cesse la bienveillance d’un homme qui ne refuse personne, qu’importe l’heure ou son statut social.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews



