Nadine Ayivi Nunyava : « Il faut oser parler de l’infertilité »

Juriste de formation, certifiée en parcours de fertilité et en gestion des émotions, Nadine Ayivi Nunyava est une femme engagée, une survivante, une mère. Après plus de sept ans de lutte contre l’infertilité, elle est aujourd’hui l’heureuse maman de deux enfants. En tant que marraine du salon Gynferti Africa 2025, elle nous livre un témoignage émouvant et lucide, dans l’espoir d’ouvrir les consciences sur un sujet encore trop tabou en Afrique.
Nadine Ayivi Nunyava, vous êtes certifiée en parcours de fertilité et en gestion des émotions. Qu’est-ce qui vous a amenée à vous engager dans cette voie ?
Je vous remercie pour cette question, j’ai voulu avoir une certification dans ce domaine pour avoir des connaissances au de-là de ce que j’ai moi même vécu. Je pense c’est un volet émotionnel est très négligé dans le parcours de fertilité. J’ai vu comment j’ai pu me relever lorsque ma fécondation in vitro fut un échec. Lorsque j’ai pris le temps de faire face à ces émotions, cela a eu un impact positif sur la suite de mon parcours et m’a permis entre autres à surmonter mon échec.
Vous avez vous-même traversé un parcours de fertilité. Comment cette expérience personnelle a-t-elle influencé votre engagement ?
Mon conjoint et moi avions vécu l’infertilité, nous avions mis 7 ans pour avoir notre premier enfant. J’avais constaté durant ce parcours, en questionnant mon entourage, que finalement beaucoup de couples ont eu au moins dans leur de vie de couple une difficulté à concevoir ( fausse couche, deuil périnatal, infertilité secondaire ou primaire, troubles hormonales etc.). Mais que tous ces drames se vivent dans l’intimité du couple. Or, lorsqu’on avait du mal à concevoir, je cherchais des témoignages mais tout était caché.
tabous, très peu de personnes pouvaient parler ouvertement de ce sujet sensible. Je trouvais qu’il était nécessaire de briser le tabou autour de ce sujet, c’est pour cela, que j’ai écris un livre sur le sujet » de la stérilité à la maternité« , à travers ce livre beaucoup de femmes et de couples se sont reconnus à travers mon histoire, d’où est parti mon engagement pour cette cause.
Aujourd’hui, vous êtes mère de deux enfants. Quel message d’espoir souhaitez-vous adresser à toutes les femmes qui attendent encore ?
Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, je suis l’heureuse maman de 2 enfants. Ce que je veux dire à tous les couples, aux femmes en attente d’enfant, qu’il ne faut pas baisser les bras, il ne s’agit pas de s’acharner et de foncer tête
baissée et d’essayer tout et n’importe quoi. Moi je suis chrétienne et la Parole de Dieu déclare » il n’y point de femme stérile dans ma maison ». Il est clair que l’infertilité ne fait partie des promesses de Dieu.
ce que je peux dire à un couple qui fait face à l’infertilité c’est de faire un bilan de tout ce qui a été fait jusqu’à présent, d‘analyser sans honte et frustration les points faibles et forts de leurs parcours, d’essayer de prendre de la distance( ce n’est pas évident) et de voir comment rebondir et de se faire accompagner par des professionnels, trouver des groupes de paroles afin de pouvoir parler de leurs difficultés à concevoir. C’est un processus nécessaire. Il ne faut jamais perdre de vue l’objectif : avoir son enfant ;
En tant que Togolaise vivant en France et organisatrice du Salon de la fertilité, comment voyez-vous le lien entre la diaspora et les enjeux de fertilité en Afrique ?
Pour avoir organisé l’année dernière la 1ere édition du Salon de la fertilité en France, je pense que ce genre d’initiative est nécessaire, parce que beaucoup couples errent médicalement. Je pense que les réalités sont différentes qu’on soit en Europe ou en Afrique, je pense avoir un regard croisé sur les différentes sur les techniques de procréation et de la prise en charge des couples. Je pense que ce regard croisé est nécessaire, je pense qu’il existe des solutions efficaces qu’on soit en Afrique ou en Occident mais qu’elles doivent connues et accessibles à tous.
Vous êtes marraine de Gynferti Africa. Qu’est-ce que cet événement représente pour vous ?
Quand Madame COEFE, m’a dit que je serai la marraine de son événement GYNFERTI AFRICA, j’ai été très honorée et pleine de gratitude. Je l’ai pris comme un signe d’encouragement dans mon engagement en faveur des couples en désir d’enfant . Je tiens à la remercier encore une fois pour cette confiance. Pour moi, organiser ce type d’événement est nécessaire afin de permettre aux couples de sortir de l’isolement et de rencontrer les professionnels qui pourront les aider.
La gestion des émotions est souvent négligée dans les parcours de fertilité. Pourquoi est-ce essentiel selon vous ?
Concevoir pour certains couples est très facile, pour d’autres difficiles. Lorsqu’on est déclaré infertile, cela atteint notre estime de soi, on déteste son corps, on a honte, on a peur de ne pas pouvoir y arriver. C’est autant d’émotions qu’on peut ressentir, pourtant on se concentre souvent sur l’aspect médical, physique du problème. Or si on va bien dans sa tête, dans ces émotions, notre corps réagit mieux au traitement. Je pense que le bien être émotionnel dans ce parcours doit pris en compte.
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Quels conseils pratiques donneriez-vous à un couple qui débute son parcours vers la parentalité ?
Tout d’abord, ce que je dirai à couple d’aller consulter pour connaitre les causes de leur infertilité, de faire les examens médicaux ensemble (homme et femme), car avoir un enfant est un projet de couple, avoir une bonne hygiène de vie (alimentation, sommeil, activité physique), éliminer les perturbateurs endocriniens dans leur quotidien, maintenir une bonne communication du couple pour que cette situation ne les éloigne pas. Avoir des personnes de confiance pour partager leurs difficultés. Avoir un bon état d’esprit, un mental solide et se faire accompagner par un professionnel.
Propos recueillis par Mousso News



