Échanger les billets usés, un business généreux pour Moumouni Soré

Dans les rues de Ouagadougou, son haut-parleur est devenu familier. À moto, un sac posé à l’avant, Moumouni Soré sillonne les quartiers pour proposer un service aussi inattendu qu’utile : l’échange des billets usés. Un commerce atypique, né de la débrouillardise, qui lui permet aujourd’hui de faire vivre sa femme et ses dix enfants.

Qu’il s’agisse de billets déchirés, dénaturés ou à moitié effacés, Moumouni en a fait son domaine. « Quand quelqu’un me donne un billet de 500 francs abîmé, je peux lui remettre 400, 300 ou 200 francs. Tout dépend de la négociation. Le reste c’est ma commission », explique-t-il.

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Moumouni Soré

Depuis 3 ans, il a fait de cette activité une véritable source de revenus. Et pour de nombreux Burkinabè, son travail est un soulagement. « Certaines personnes ont des billets de 10 000 francs dont la moitié est manquante, ils ne peuvent rien faire avec. Je les récupère, j’enlève ma commission et je leur rends le reste », explique-t-il.  

Une fois les billets collectés, direction la banque. Là-bas, le processus est strict : vérification de l’authenticité, tri, remboursement en billets neufs.

La banque accepte même les faux billets, mais seulement pour les neutraliser : « Ils mettent un tampon dessus et les gardent. Je ne sais pas ce qu’ils en font après », raconte-t-il.

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Mais ce parcours comporte des risques. « Souvent, la banque refuse certains billets. Dans ces cas-là, c’est une perte pour nous, on ne peut que jeter », déplore-t-il.

Les billets dont les numéros sont illisibles, trop découpés ou recollés avec des morceaux différents sont systématiquement rejetés par les banques… et donc par lui.

Un business modeste, mais une fierté immense

Malgré les pertes ponctuelles et la modestie de ses revenus, Moumouni reste fier de son travail : « Ce n’est pas un métier dénigrant. J’ai 10 enfants. Si je reste assis sans rien faire, qui va les nourrir ? » Pour lui, le message est que chaque métier a sa dignité, et aucun effort honnête n’est inutile.

Sur le terrain, les réactions sont immédiates. Une cliente alerté par le passage de Moumouni grâce à son haut parleur, munie d’une liasse de billets méconnaissables, l’interpelle. Après une vérification minutieuse d’un total de 15 500FCFA , Moumouni lui restitue 14 000 francs.

« Cela nous soulage vraiment. J’ai longtemps cherché quelqu’un pour faire ces échanges », confie la cliente.

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Pour compléter ses revenus, Moumouni achète également de vieux téléphones, toujours dans l’esprit de multiplier les petites opportunités.

« Toujours essayer, même si c’est petit. Chercher mieux en même temps, mais si ce n’est pas facile à avoir, contentez-vous du peu et soyez-en fiers », a-t-il conclut.

Diane SAWADOGO/ MoussoNews

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