[ Tribune] * Balkissa Sawadogo aux décideurs africains: ” C’est l’enfant béni quia achète les galettes de sa maman”

[ ACCI-CAVIE ] L’évolution technologique a fortement impacté le monde médiatique. Pour les plus avertis, en bien, car leur ayant permis de s’adapter rapidement grâce à une réelle réorientation des modèles économiques. Par contre, pour certains, cette évolution a entrainé la diminution des parutions voire des rachats ou liquidations des entreprises de presse. Cette situation laisse entrevoir une crise au sein des entreprises de presse toute forme confondue. « Une presse qui se cherche » dit-on plus communément.  

Pourtant, l’on peut dire sans se tromper que l’Afrique, aujourd’hui au centre de toutes les attentions et de défis multisectoriels, a vitalement besoin d’une synergie autour des maisons de presse, qu’elles soient du public ou du privé, généraliste ou spécialisé.

Pour preuve, la manipulation de la masse à travers les fake news constitue une préoccupation pour les dirigeants face notamment aux phénomènes du terrorisme, de crise de Covid-19 et de coups d’Etat militaires entre autres.

C’est pourquoi, cette synergie devrait se construire tout d’abord grâce à l’implication de la presse africaine à travers ses professionnels, comme partenaires de première heure dans les stratégies.

Récusant souvent le professionnalisme des journalistes africains, il est courant de voir certaines sorties de dirigeants se faire sur les plateaux étrangers, souvent à coût de millions de FCFA. Complexe ou réelle perte de confiance envers nos médias ?

En tout état de cause, il faut vite revoir cette démarche. Car comme dit un proverbe burkinabè, « C’est l’enfant béni qui achète les galettes de sa maman ». Pour dire que, nous devons encourager la consommation locale à tous les niveaux car c’est seulement à ce prix que viendront la compétitivité, la qualité et la rigueur attendues de nos médias.

D’autre part, il est ultra nécessaire de former davantage les journalistes aux enjeux de l’heure. Les écoles de presse enseignent la déontologie et l’éthique professionnelles mais seul « le terrain dicte la règle » pour emprunter au monde de la défense. Nos armées devraient commencer à se rapprocher des journalistes.

Des communiqués de presse mensuels du G5 Sahel, en passant par ceux des forces républicaines nationales ou de Barkhane, écrits dans une phonétique militaire, restent inaccessibles et peuvent laisser de la confusion dans l’interprétation. La grande muette devrait donc trouver de nouvelles formules pour animer des points de presse et lever toute équivoque.

Les médias sont de puissants alliés. Dans certaines contrées pas si lointaines, de grands moyens financiers et techniques mobilisés par les Etats ou de puissants magnats économiques doivent interpeller nos dirigeants du public ou du privé, militaires ou civiles à repenser la collaboration avec la presse africaine afin qu’elle joue réellement son rôle de gardienne de la démocratie et de vecteur de la croissance et du développement, la voix du peuple.

Balguissa SAWADOGO, Chef du Département communication et marketing du Centre africain de veille et d’intelligence économique

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