Barrage de Tanghin : Faucher des feuilles de légumes pour survivre, l’espoir des femmes

Le barrage de Tanguin est le principal barrage de la ville de Ouagadougou. Aux alentours des femmes en font un pôle économique. A côtés des hommes qui mènent le maraichage ces femmes sont présentes pour uniquement la récolte des feuilles comestibles. Une activité qui génère de peu des revenues. 

Cueillir la laitue, l’amarante, l’oseille… est une activité menée par des femmes à Ouagadougou. N’ayant pas de place pour pratiquer le maraichage, elles passent leurs journées à faucher les feuilles pour revendre.

Aichata Tougouri, 43 ans, mère de 4 enfants mène cette activité depuis 2015. Auparavant elle était vendeuse d’arachides. Aichata a préféré le fauchage des feuilles qui lui est plus bénéfique. La quadragénaire espérait surtout avoir un espace pour pratiquer le maraichage mais tout était déjà prise. « Je fais le fauchage en attendant. Sinon, tous les espaces aux alentours du barrage sont déjà occupés soit par des hommes ou d’autres femmes » explique-t-elle. La jeune dame ne s’en plaint pas. Avec d’autres moins chanceuses comme elle, elles s’activent au fauchage. Chaque femme sur ce site a une histoire assez particulière. Clarisse, 28 ans, sillonne le site depuis 2019 après le décès de son père en 2013 suivi de sa mère en 2016. Elle devient ainsi cheffe de famille et doit s’occuper de la famille. « J’ai foi que j’aurai un lopin de terre un jour sur ce site (barrage de Tanghin, ndrl) ou ailleurs. J’aime bien le maraichage et je voudrais bien m’appliquer », se promet-elle.

125F, 200F ou 500 FCFA pour une planche selon les feuilles

L’ambiance est toujours bonne entre ces femmes ‘’faucheuses’’ de feuilles comestibles et les propriétaires des espaces de maraichages. « Elles sont très courageuses et admiratives », reconnait Adama, un maraicher. Il collabore au quotidien avec Clarisse qu’il apprécie particulièrement. « Elle arrive sur le site à 5h, parfois, avant moi. Elle coupe les feuilles et commence la vente en environ 8h », raconte Adama. Chaque femme est réénumérée en fonction du nombre de planches de feuilles qu’elle aura vendu. Être matinale et prompts restent les seuls secrets pour gagner plus d’argent sur ce site. « Plus tu viens tôt, plus tu arraches des feuilles fraiches », reconnaissent Clarisse et Aichata.

Sur chaque planche vendue entre 125 F à 500F CFA, les femmes ont entre 50 F à 100 FCFA. Au quotidien, elles encaissent la somme de 750 F à 2500F CFA chacune. « Les clients de nos patrons arrivent à partir de 6h, il faut donc être là très tôt. Je peux vendre 5 planches par jour pour avoir 2000F. Parfois je ne rentre qu’avec 1000F CFA », témoigne Aichata Tougouri. Clarisse s’en sort bien avec cette activité et prend soins de ses frères et sœurs. « À travers cette activité j’arrive à me prendre en charge et subvenir aux besoins de ma famille. Lorsque la journée est fructueuse je peux gagner 2500 F et même 3000F. Ce qui me permet d’épargner la moitié. Une fois que je reçois ma paye, je suis contente parce que je travaille dignement pour l’avoir. Aussi grâce à cette activité j’ai pu payer une formation en santé pour mon frère », relate-t-elle fièrement.

Malgré le soleil et les maux de dos

Comme toute activité le fauchage des feuilles n’est pas sans peine qui relève surtout du climat du pays. « Passer des journées à couper les feuilles sous le soleil expose parfois à des maladies. Nous souffrons surtout des douleurs au dos du fait de la position courbée », raconte Aichata. Les encouragements des patrons et des clients sont sources de motivation pour elles. Adissa Congo, maraichère dit être satisfaite de la collaboration avec ces femmes. L’activité de maraichers culture requiert beaucoup de soins d’où l’importance de la présence de ces femmes.

Bintou Coulibaly, agent dans une entreprise. Elle ne paye que ses feuilles chez Adissa et ses collaboratrices. « J’admire leur courage et j’adore payer les feuilles chez elles. Elles savent tellement bien coupés », dit-elle l’air joyeuse.

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