Singbeogo Salamata Katherine, 26 ans, est coiffeuse pour hommes depuis 3 ans. Elle a choisi ce métier par passion, malgré les regards dubitatifs et les clichés. Aujourd’hui, elle s’impose peu à peu dans cette activité où les femmes sont peu rares.

Titulaire d’un BAC+2 en Sociologie, Singbeogo Salamata Katherine aurait pu poursuivre dans sa voie académique. Mais la coiffure, elle en rêvait depuis toujours. « Ça me motive, c’est ma passion », confie-t-elle simplement. 2 ans de formation plus tard, elle est prête à se lancer. Son objectif : s’intégrer professionnellement et vivre de ce qui l’anime.
C’est grâce aux réseaux sociaux qu’elle tombe sur le salon Renoir Barber. Elle postule, passe un test, et finit par être retenue. « C’était la première fois que je voyais une femme coiffer un homme. J’avais toujours voulu avoir une femme dans mon équipe, mais je n’en trouvais jamais », se souvient Touré Adam, le propriétaire du salon.

Installée depuis 7 mois dans ce salon, Salamata s’adapte à un rythme soutenu et à une clientèle parfois réticente. « Le début n’est pas facile, surtout que c’est un métier d’hommes. Mais je les rassure et avec le temps, ils finissent par accepter. Si les garçons le font, moi aussi je peux le faire », explique-t-elle.
Une scène marquante
Elle raconte une situation qui l’a marquée. « Un jour, je coiffais un monsieur. J’étais seule. Un autre client est venu demander si le garçon qui coiffe n’était pas là. Quand j’ai dit que c’était son jour de repos, il a changé d’avis. Il n’avait pas confiance. Mais je lui ai prouvé que je pouvais le faire », se souvient-elle.
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Une routine de fer et un rêve grandiose
Tous les matins, elle commence sa journée en s’assurant que les machines sont bien chargées, que l’espace de travail est propre et bien rangé. De 9h à 20h, voire 21h, elle enchaîne les coupes, les échanges, les défis. Mais Salamata voit plus loin. « J’aimerais un jour ouvrir mon propre salon, former d’autres jeunes filles. Mettre la femme en avant », souhaite-t-elle.

Assis dans le fauteuil du salon, Idrissou (nom d’emprunt), un client régulier, se souvient de sa première coupe avec Salamata. « Au début quand j’ai su que c’est elle qui allait me coiffer, j’ai hésité. Ce n’est pas courant de voir une fille coiffer des hommes; on ne va pas se mentir. Mais dès qu’elle a commencé, j’ai su que j’étais entre de bonnes mains. Franchement, je ne m’y attendais pas », témoigne t-il.
Une équipe solidaire
Kologo Romain, son collègue depuis 5 mois, ne tarit pas d’éloges. « Elle est une fille, mais elle est dans la peau d’un garçon, donc on s’entend bien. Souvent, je dis même aux clients que c’est elle qui m’a formé, pour les rassurer. Et quand ils finissent, ils sont contents. Elle coiffe très bien », a-t-il témoigné.

Pour Touré Adam, propriétaire du salon où travaille Salamata, le constat est clair. La coiffure masculine est un métier ouvert aux femmes, mais encore méconnu. « Le métier est extrêmement ouvert aux femmes. Elles ne réalisent pas à quel point c’est une opportunité. C’est un métier mondial : tu peux coiffer partout dans le monde. Les femmes partent même avec un avantage », affirme-t-il.

Un message fort aux jeunes filles
Salamata s’adresse à toutes celles qui hésitent en ces termes. « Je dirais à toutes les jeunes filles de ne pas avoir peur. Si les hommes le font, les femmes aussi peuvent le faire. Il n’y a rien d’extraordinaire. Je les invite massivement à se faire former. Très bien former. On va valoriser la femme », lance-t-elle.
Et pour elle, une qualité est essentielle pour réussir : la motivation. « Si tu es motivée, tu as confiance en toi. Tu te dis que si les autres peuvent le faire, moi aussi je peux le faire », s’exprime t-elle.
Annick HIEN/MoussoNews