Chronique : les hummm… de Mariam Vanessa Touré sur les aide-ménagères, « bonne pas à tout faire »

Au constat, c’est une présence obligatoire dans presque chaque famille, surtout dans les villes. Les aide-ménagères, communément appelées « bonnes », « filles de ménage » ou « domestiques » sont devenues rares de nos jours. Ce personnel de maison était à une certaine époque une main d’œuvre suffisamment abondante, qu’elle était surexploitée et sous-estimée dans les domiciles.

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Premières à se réveiller et dernières à se coucher, ces jeunes filles, pour la plupart dont l’âge varie entre 10 et 16 ans en moyenne, ont toujours été pratiquement des bonnes à tout faire : vaisselle, lessive, cuisine, courses, entretien de la maison et garde des enfants. Souvent pour des salaires dérisoires voire de l’exploitation à la limite.

Venant pour la plupart de la campagne, ces filles de ménage analphabètes ou déscolarisées, sont à la recherche de leur pitance quotidienne en vue d’aider leur famille restée au village. Elles y venaient pendant la saison de soudure notamment à la fin des récoltes. C’était aussi une occasion pour certaines en âge de se marier, de constituer un fonds pour assurer leur trousseau de mariage le moment venu. D’autres y trouvaient ainsi l’occasion de fuir un mariage forcé ou précoce.

Hummm… Autre temps, autre mœurs. Aujourd’hui beaucoup de ménages se plaignent de ne plus avoir accès à cette main d’œuvre. Non seulement du fait de sa rareté mais aussi parce qu’il y a toute une autre organisation de ce corps de métier. L’État a même créé un centre pour professionnaliser la filière en vue de la rendre plus décente et mieux rémunérée et rompre ainsi avec les abus.

Étant donné que ce ne sont plus les filles elles-mêmes qui prennent le chemin des villes pour leur propre compte, très souvent des tantes, oncles ou un membre de la famille se chargent de les faire venir pour les placer dans des ménages.

Arrachées à leurs parents à qui on fait croire qu’elles seront scolarisées ou tout simplement sous le prétexte de leurs réserver une vie meilleure, elles se retrouvent dans des ménages où elles n’ont pas eu leur mot à dire. Toute négociation salariale leur échappe, parfois rémunérées « au lance pierre », cet argent est directement versé à ce parent véreux.

Découvrant cette supercherie, beaucoup s’enfuient et se laissent entraîner dans des bars ou autres lieux de loisirs où elles trouvent le salaire plus consistant et le travail moins fatiguant. N’hésitant pas parfois à s’adonner au plus vieux métier du monde pour gagner plus. Bien évidemment en s’exposant aux maladies, à l’alcool et à la drogue.

Dans ce secteur, se sont aussi développées des agences de placement de filles dans des ménages. Celles-ci perçoivent leur salaire et leur reverse moyennant des retenues. Ce qui a l’avantage pour l’employeur et l’employé d’avoir un répondant en cas de problème. Même si malheureusement des brebis galeuses existent aussi dans ce milieu.

Hummm… Des problèmes il n’en manque pas de part et d’autre. S’il est question de maltraitance avec un excès de travail de la part de certains employeurs, il faut reconnaître aussi que ces filles ne sont pas toutes des saintes. Des cas de vol sont signalés, elles-mêmes auteurs de maltraitance vis-à-vis d’enfants dont elles ont la garde…

Si avant il était reproché à des patrons de maison de ramper la nuit, autrement d’abuser de ces filles ; de nos jours il paraîtrait que ce sont ces filles elles-mêmes qui viennent dans des foyers avec l’objectif de séduire et de prendre la place de la patronne. Certaines seraient parvenues à leurs fins, à en croire à des témoignages.

Hummm… Tout compte fait une domestique n’est pas une « bonne à tout faire ». Des tâches qui relèvent de l’intimité du couple telles que faire la chambre et le lit conjugal, servir à manger le mari ou prendre soin de ses sous-vêtements entre autres doivent être du seul ressort de la maîtresse des lieux qui se doit d’en faire sa chasse gardée.

Sinon, ne soyez pas étonnés qu’elle prenne aussi soin de monsieur car après tout c’est une femme. Il ya des cas où le mari n’a jamais goûté à un mets préparé par son épouse

elle-même. Or un proverbe sénégalais enseigne que « pour mieux attraper son homme, il faut que l’épouse assure bien dans la cuisine et au lit ».

Au regard de leur âge, les patronnes se doivent de jouer le rôle de mère et d’éducatrice pour ces filles. L’aide-ménagère, comme tout personnel de maison, doit être bien traité car ils sont les premiers garants de l’hygiène, de la sécurité alimentaire, des biens, des enfants…de la vie de toute la famille. Donc la fille de ménage peut être comparée à une abeille : « Bien traitée, elle produit du miel. Maltraitée, elle pique ».

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