Du produit du terroir au produit de luxe, le soumbala a parcouru un long chemin. Il y a encore quelques années, il se vendait sous forme de boules sombres, à l’odeur prononcée, souvent transportées dans de simples sachets en plastique. Son image, associée à la ruralité et parfois à une cuisine jugée démodée, freinait sa diffusion à grande échelle.
Aujourd’hui, un vent nouveau souffle sur le soumbala, ce condiment culinaire. Des entrepreneurs agroalimentaires ont saisi tout le potentiel de ce produit traditionnel.
Le soumbala est désormais proposé sous différentes formes notamment en poudre, en piment, en pâte à tartiner prête à l’emploi, voire intégré dans des sauces. Fini les emballages improvisés : place aux bocaux hermétiques, aux sachets biodégradables et aux étiquettes nutritionnelles soignées. Cette professionnalisation attire une clientèle urbaine et diasporique, en quête de produits sains, locaux et porteurs d’identité.

Aïssata Zongo (nom d’emprunt), transformatrice de soumbala en pâte à tartiner consommable avec du pain, du tô, du riz, de la viande ou encore des spaghettis, a observé le désintérêt croissant des jeunes pour ce condiment traditionnel. « J’ai remarqué que beaucoup s’en détournaient, le jugeant trop fort en odeur ou difficile à utiliser. J’ai donc voulu le réinventer dans une version plus moderne et facile à intégrer au quotidien. La pâte à tartiner m’est apparue comme une manière originale et gourmande de redonner au soumbala toute sa place », explique-t-elle.
Au début, certains étaient sceptiques, associant toujours le soumbala à une odeur trop forte ou à une cuisine traditionnelle difficile à moderniser. Mais après dégustation, beaucoup sont agréablement surpris par la douceur et le goût de cette tartine. Les consommateurs urbains apprécient son côté pratique et sain, y voyant une manière émotive de renouer avec leurs racines culinaires, sans les contraintes de préparation.
Pour autant, les défis sont nombreux. « Il faut convaincre que le soumbala peut être chic, moderne, et bon pour la santé. Ensuite, il y a les coûts de production élevés liés à un conditionnement de qualité. Enfin, la distribution reste un enjeu : intégrer les rayons des supermarchés ou exporter demande du soutien logistique et administratif », précise-t-elle.

Le pari du packaging écolo
Pour moderniser l’image du soumbala, Aïssata Zongo a misé sur un conditionnement respectueux de l’environnement. Elle emballe désormais ses produits dans des bocaux en verre et des sachets biodégradables. « Le choix du bocal en verre et des emballages biodégradables, c’est pour offrir un produit sain, propre et respectueux de l’environnement », affirme-t-elle.
Ce choix audacieux change la perception des consommateurs. « On passe d’un produit de grand-mère à un produit moderne, stylé, prêt à l’emploi », soutient-elle. Malgré les coûts plus élevés des matières premières et des emballages, Aïssata croit fermement que ce positionnement écoresponsable est essentiel pour l’avenir du soumbala.
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Un condiment aux mille vertus
Riche en protéines végétales, en fer et en potassium, le soumbala possède aussi un pouvoir exhausteur de goût naturel grâce à sa richesse en glutamate. Les spécialistes le présentent comme une alternative saine aux bouillons industriels, dont l’excès de sel et d’additifs est régulièrement critiqué. Aujourd’hui, les initiatives se multiplient pour valoriser ce produit ancestral. La création de nouvelles recettes et de nouveaux formats permet au soumbala d’évoluer vers une image plus moderne et de séduire une nouvelle génération de consommateurs.
Maïmouna Nadia Djibo (Stagiaire) / MoussoNews