Sodiya Keïta est une Burkinabè vivant en Guinée. Installée à Conakry depuis 2023, elle est ingénieure en génie électrique et énergétique. Revoir sa famille et gouter au poulet flambé, au gnongon de son pays d’origine sont les choses qui lui manquent.
Présentez-vous à nos lecteurs.
Je suis KEÏTA Sodiya, ingénieure en génie électrique et énergétique. Je suis née à Ouagadougou de parents burkinabè et maliens. J’ai fait mes études à Ouagadougou et, après, j’ai eu l’opportunité de venir à Conakry en Guinée dans le cadre d’un stage.
Depuis combien de temps vivez-vous en Guinée ?
Cela fait environ 2 ans que je vis en Guinée.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous installer dans ce pays ?
J’ai eu une opportunité de stage, puis plus tard de travail, dans une institution internationale, et je l’ai donc saisie.
Vie en Guinée : comment s’est passée votre intégration ?
Mon intégration s’est bien passée dans l’ensemble, même si les débuts ont été difficiles, vu que j’étais pour la première fois loin de ma famille et sans attache en Guinée. Mais j’ai eu la chance de rencontrer des personnes bienveillantes au boulot, comme dans ma communauté religieuse, qui m’ont aidé à mieux m’intégrer.
Quelles sont les différences culturelles que vous avez remarquées ? Et aussi les similitudes avec la culture burkinabè ?
Je trouve que le peuple burkinabé est plus discipliné et intègre que celui guinéen. Les Burkinabè mettent également beaucoup plus d’ardeur dans le travail, tandis qu’ici on a tendance à souvent se reposer sur les étrangers pour aider à développer leurs activités, parce qu’ils ont plus confiance au savoir-faire de ces derniers.
En termes de similitudes, tout comme les Burkinabè, les Guinéens sont hospitaliers et chaleureux. Ils ont également la joie de vivre et aiment s’amuser. Ils aiment également mettre en avant la culture locale en matière d’habillement (pagnes traditionnels : forêt sacrée, lépi, kindia, etc.) et de nourriture.

Avez-vous rencontré des difficultés à vos débuts ?
Oui, j’ai eu pas mal de difficultés : Déjà, j’avais du mal avec la nourriture qui est souvent très pimentée (le piment n’étant pas mis à part), j’ai également été victime de vol à la maison, et je suis tombée aussi dans une période où nous avons eu une longue restriction sur les réseaux sociaux et des délestages intempestifs. Autant dire que ça n’a pas été facile comme débuts et que j’ai dû forger encore plus ma résilience. Également, j’ai eu du mal à m’adapter à la monnaie ici et au coût élevé de la vie.
Parcours professionnel : comment avez-vous commencé dans le domaine dans lequel vous exercez actuellement ?
J’ai débuté par un stage à l’ONUDI, qui visait à travers des projets à aider certains pays à réduire l’utilisation de produits réfrigérants nocifs pour l’environnement.
Qu’est-ce que vous faites exactement dans votre travail ?
Actuellement en tant que consultante en énergie, j’assiste dans le suivi et la préparation des projets du secteur de l’énergie financés par la Banque mondiale ici en Guinée.
Comment vous sentez-vous dans ce domaine dans un pays étranger ? Si mal, auriez-vous voulu travailler au Burkina ?
Je trouve qu’il y a de quoi s’occuper dans ce secteur ici, étant donné que, comme au Burkina, le taux d’accès n’est pas universel dans le pays. En termes de besoin d’accès à l’énergie et de réformes dans le secteur, il y a encore beaucoup à faire.
Mais étant burkinabè, si j’ai l’opportunité de travailler à améliorer ce secteur dans mon pays, je n’hésiterai pas à la saisir.
Gardez-vous un lien fort avec votre pays ?
Oui, bien entendu, loin des yeux mais près du cœur, comme on dit : mon pays et ma famille me manquent. Et nos spécialités locales telles que le benga, le tô de maïs, le gnongon ou le porc au four, sans oublier nos fameux poulet et poissons braisés, sont des choses que je suis chaque fois pressée de retrouver, bien qu’il m’arrive d’avoir l’opportunité d’avoir les ingrédients pour préparer certains de ces plats.

Que pensez-vous de la contribution de la diaspora pour le développement du Burkina ?
Je pense que la diaspora burkinabè garde des liens forts avec notre patrie et n’hésite pas à créer des opportunités qui mettent en avant notre culture au-delà de nos frontières, permettant ainsi au monde d’avoir une fenêtre sur notre pays et de découvrir ainsi de potentielles opportunités de développement. La diaspora burkinabè n’hésite pas également, dès qu’elle en a l’occasion, à revenir sur ses terres pour mettre à profit le savoir qu’elle a acquis à l’extérieur.
Envisagez-vous de revenir au Burkina ? Ou retour définitif ?
Oui, déjà, je reviens pour les vacances quand j’en ai. Pour un retour définitif, il faudra attendre encore un peu, par contre.
Quel est le message que vous voudriez adresser à la jeunesse burkinabè qui veut tenter l’aventure à l’étranger ?
Afin de réussir l’aventure à l’étranger, cela requiert de la résilience et de la détermination. Il faut être prêt à s’adapter, patient également, et garder le lien avec sa famille, qui est un important pilier émotionnel à mon avis. Il faut avoir l’esprit ouvert et être prêt à apprendre de nouvelles choses. Bien entendu, au préalable, efforcez-vous de bien vous renseigner sur la vie dans le pays où vous allez ; ensuite, allez à sa découverte (par les voies légales, bien entendu).
Interview réalisée en ligne par Diane SAWADOGO/ MoussoNews
Très heureuse d’être femme Burkinabè et toujours prête pour le développement de mon pays