Entrepreneure accomplie, militante du naturel et fière immigrante burkinabè, Mariam Simbré a bâti un empire cosmétique au Canada, « Le palais du beurre de karité Sanema SARL’’, à partir d’un ingrédient emblématique de son pays natal : le beurre de karité. En séjour au Burkina, elle affirme être venue répondre à l’appel du Président du Faso, Capitaine Ibrahim Traoré et être prête à contribuer au développement du pays.
Née et grandie au Burkina, Mariam Simbré a d’abord été fonctionnaire à l’Imprimerie nationale du Burkina Faso. En 2002, elle quitte le pays, portée par l’espoir d’une vie meilleure au Canada. « Comme tout Africain, c’est l’Eldorado, je suis allée au Canada à la recherche d’une meilleure condition de vie », confie-t-elle. À Montréal, l’intégration n’est pas simple, mais elle s’accroche. Ouvrière une fois au Canada, elle a élevé seule ses trois enfants qu’elle parviendra à faire venir, ce qui, n’a pas non plus été facile, dû à la lenteur connue du gouvernement canadien dans le traitement de dossiers de réunification familiale.

Lire aussi: https://www.moussonews.com/beurre-de-karite-lor-des-femmes/
Derrière l’ouvrière discrète, se cachait une femme d’affaires dans l’âme. Avant de quitter le Burkina, Mariam Simbré gérait déjà un salon de coiffure, un restaurant et faisait du commerce de bijoux et de vêtements. « J’ai toujours été débrouillarde », lance-t-elle avec fierté.
Après, une fois installée au Canada avec sa petite famille, Mariam Simbré s’est lancée dans une étude de marché tout en étant toujours ouvrière. Puis elle prit une décision qui aurait pu choquer plus d’un : retourner sur les bancs. « Je suis allée d’abord faire un test d’évaluation. Ensuite, je me suis inscrite dans une structure de formation canadienne où j’y ai décroché un diplôme en lancement d’entreprise”, a-t-elle indiqué.

Et c’est de là, que l’idée de fonder Sanema est née.
« Quand j’étais toujours ouvrière, je travaillais parallèlement et j’étais représentante des produits AVON », expliqua-t-elle.
Elle se rappelle encore de cette année où elle a vendu une crème épilatoire à base de beurre de karité, qui, a-t-elle révélé, coûtait extrêmement cher mais était beaucoup prisée par les Canadiens. Elle décide de mener sa petite enquête sur ce succès et découvre que » le karité était l’élément déclencheur de ce engouement. Mais une chose attira son attention: ces produits à base de karité manquaient d’authenticité avec des qualités douteuses. C’est là qu’elle a eu l’idée de concrétiser enfin son projet : proposer des produits à base de karité véritable, directement issu de ses terres natales.
Sanema : un trésor de chez Mariam Simbré
« Je suis de Tanghin, en mooré, »Taãga » qui signifie karité. Je suis donc la mieux placée pour exploiter et valoriser ce produit », affirme-t-elle.
Après une étude de marché rigoureuse, elle monte son projet et le présente aux autorités canadiennes. Le projet est accepté. Sanema est donc née. Son appellation tire son origine de “Sanem douko” qui signifie « boîte à trésor » en mooré, en hommage à un surnom affectueux de sa défunte grand-mère.

Les gammes de produits proposés sont variées : crèmes, savons, gels douche, baumes à lèvres… tous à base de karité naturel. Le succès est immédiat. « Même celles qui ont une peau souffrant de dépigmentation, Sanema les restaure », révèle Mariam. Très vite, ses produits sont prisés. De là, des surnoms sortent de sa clientèle comme « Madame Karité » et d’autres « Madame Sanema ».

« Les appels de clients se multipliaient. « Ma fille n’a pas bien dormi’’, ‘’ Mon fils a de l’eczéma ‘’… Les demandes ne cessaient d’affluer”, se rappelle-t-elle. En parallèle, elle avait aussi initié des formations en transformation du beurre de karité, à l’endroit de certains intéressés.
Une femme de foi face aux défis
Mais tout n’a pas été rose. Mariam Simbré évoque sans détour les nombreux défis auxquels elle a dû faire face. Parmi eux, la perte de conteneurs lors du ravitaillement en produits du Burkina, une perte qu’elle qualifie de ‘’très énorme’’. Malgré tout, elle est restée optimiste. « J’ai toujours été une femme de foi, remplie d’espoir. J’offre des produits de qualité, donc je savais que je pouvais surmonter les défis », assure-t-elle.
« Je suis venue répondre à l’appel de mon Président.
Mariam Simbré
En séjour au Burkina, Mariam Simbré confie que sa venue est une réponse directe à l’appel du Capitaine Ibrahim Traoré. Un retour aux sources qui nourrit chez elle un désir plus grand : celui de rentrer définitivement. « Quand on quitte son pays, le souhait est de revenir. On se donne souvent 5 ans ou moins et, après, revenir chez soi. Pour moi, un retour définitif est probable », déclare-t-elle.
Entreprendre, résister, transmettre…, Mariam Simbré incarne à elle seule la résilience et le génie entrepreneurial féminin burkinabè et canadien. Forte de son expérience tant sur le plan national qu’à l’international, elle souhaite mettre son expertise au service de son pays d’origine.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews