Kéré : La résilience renaît au village et à l’école après 2 ans de silence imposé par les terroristes

À Kéré, village de la région de Djôrô, la vie reprend doucement ses droits. Après deux années de fermeture forcée due aux attaques terroristes, l’école a rouvert ses portes, portée par le courage des enseignants et des habitants déterminés à redonner espoir à leurs enfants.
La vie reprend son cours à Kéré, un village de la région du Djôrô, autrefois déguerpi par les terroristes.
Parmi ces habitants résilients et réinstallés, Cynthia (nom d’emprunt), enseignante et mère de famille. Installée depuis quelques temps dans le village, elle vit au sein même de l’école, un symbole de résistance et de sacrifice.
Passionnée par son métier, elle n’a pas hésité à accepter son affectation dans cette zone autrefois meurtrie par les attaques terroristes. « Selon moi, tout être est appelé à partir demain… Pour une bonne cause dont l’éducation des enfants, il faut ce sacrifice. Je n’ai pas trop eu peur car j’ai quitté une brousse, je suis déjà formée… Ici, tout est accessible sinon là où j’étais ce n’était pas facile. On pouvait faire 3 km sans voir d’habitations. Pour avoir le réseau, il fallait accrocher le téléphone à l’arbre, pour un CPS, il fallait parcourir 7 km », informe-t-elle.

L’année dernière, Cynthia avait en charge une classe de CP1 de plus d’une centaine d’élèves. Cette rentrée 2025-2026, elle accompagnera ceux du CP2. Elle dit avoir trouvé ici une certaine sérénité, malgré l’histoire encore récente des violences. « Au début, il y avait l’inquiétude parce que c’était une zone rouge. Mais à présent, il n’y a pas de quoi s’inquiéter grâce aux forces de Défense et de Sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP) », ajoute-t-elle avec assurance.

Une école reconstruite pas à pas
Lorsque les enseignants ont repris possession de l’école, le constat était amer : magasin pillé, classes saccagées, plaques solaires arrachées, câbles électriques et documents emportés. Mais loin de se décourager, l’équipe a retroussé les manches pour redonner au temple du savoir. « Pour avoir les élèves pour rouvrir, ce n’était pas simple car la population avait déguerpi. Mais avec des séances de sensibilisation avec les parents, nous avons pu rouvrir les classes de CP1, CP2 et CE2 », raconte Honoré (nom d’emprunt), directeur de l’école.

Aujourd’hui, l’engouement des parents et la motivation des enfants redonnent vie à la cour de récréation. L’établissement compte quatre enseignants dont trois femmes, preuve de la force et de la détermination de celles qui portent l’éducation comme une mission de survie.

Services sociaux et sanitaires renaissants
La résilience ne s’arrête pas seulement qu’à la réouverture des salles de classe. Les services sociaux de base, autrefois réduits à la fermeture, reprennent aussi du service. À l’hôpital du village, les stigmates de l’attaque sont encore visibles. « À notre retour, tout était presque vide. On était obligé de tout reprendre », se souvient Benjamin (nom d’emprunt), Major du CSPS du village.
Depuis la reprise des activités le 30 mai 2024, le centre de santé accueille 30 à 40 malades par jour et encore plus les jours de marché. Malgré des ruptures ponctuelles de médicaments, l’essentiel des soins est assuré, au grand soulagement des braves populations.

Un souffle nouveau
Le retour progressif des réseaux de télécommunication, la réouverture du CSPS, la présence rassurante des FDS et des VDP sont autant de signaux qui redonnent confiance aux habitants. Issiaka (nom d’emprunt), professeur de Mathématiques, Physique-Chimie et directeur du CEG, témoigne de la difficulté des débuts mais aussi de la fierté de voir les enfants revenir dans les salles de classe.

De l’éducation à la santé, Kéré se reconstruit. Les habitants, malgré les épreuves, refusent de céder à la peur. Leur courage et leur détermination à combattre les terroristes, démontre que même dans l’ombre laissée par les violences, la lumière de l’école et de la vie finit toujours par renaître comme le phénix qui renaît de ses cendres.
Annick HIEN/MoussoNews



