Les faits sont passĂ©s presquâinaperçus chez de nombreux BurkinabÚ ! A tout le moins, ils nâont pas Ă©mu grand monde. Pourtant, ils marquent un tournant dĂ©cisif dans la situation sĂ©curitaire que nous vivons, tant ils prouvent que la lutte armĂ©e Ă laquelle le Burkina Faso fait face est asymĂ©trique et donc difficilement saisissables. Dans les faits, câest le mercredi 13 juillet dernier quâun groupe dâenviron 150 individus armĂ©s, « AVEC A LEUR TETE DES FEMMES », ont enlevĂ© six hommes au marchĂ© de BalĂ©rĂ©, hameau de culture situĂ© entre Fada NâGourma et Diabo, dans la rĂ©gion de lâEst.
Selon un tĂ©moin de lâAIB, ce sont les figures fĂ©minines du groupe qui ont jouĂ© les premiers rĂŽles dans cette opĂ©ration dâenlĂšvement, se montrant particuliĂšrement impitoyables dans la visites des lieux de culte, avec une fouille minutieuse des mosquĂ©es et de lâĂ©glise.
Comment en est-on arriver Ă lĂ Â ? Pourquoi la femme, premiĂšre et grande victime des barbaries des terroristes en est-elle devenue elle-mĂȘme un acteur majeur ? Câest Ă se demander si la victime dâhier nâest pas en train de se muer en bourreau aujourdâhui. Il est connu de tous que le cas burkinabĂš nâest pas une premiĂšre. Parce que de par le passĂ© et dans lâhistoire des guerres, plusieurs femmes se sont illustrĂ©es comme des guerriĂšres aguerries, des combattantes rompues, des amazones redoutĂ©es et redoutables.
Des exemples, on en trouve Ă la pelle comme la Princesse Yennega et Djimbi Ouattara (Burkina Faso), les Mino du Dahomey (Benin), Anne Zingha, la reine du Ndongo et du Matamba (Angola), Taytu Betul, cheffe de guerre et « LumiĂšre » (Ethiopie) et Kimpa Vita, l’Ă©toile rĂ©volutionnaire du Kongo. Sauf que ces amazones se sont illustrĂ©es de la bonne des maniĂšres, dĂ©fendant une cause commune et noble, gĂ©nĂ©ralement contre lâoppresseur, lâenvahisseur, le colon ⊠Elles sont donc Ă lâantipode de ces femmes terroristes qui mĂšnent le mauvais combat contre leur pays, se battent contre leur armĂ©e et tuent sans pitiĂ© leurs fils et frĂšres. Câest dĂ©jĂ le cas au Niger et au NigĂ©ria avec Boko Haram et au Mali avec Ansar Dine ou les femmes combattent, mais de façon gĂ©nĂ©rale, leur rĂŽle se limite au ravitaillement des groupes armĂ©s et Ă la facilitation de leur installation dans certaines localitĂ©s.
A tous points de vue, cette nouvelle donne ne peut que donner froid dans le dos. En effet, pour qui connait la femme, mĂšre de lâhumanitĂ©, sa sensibilitĂ© et son humanisme, il faut admettre quâun pas a Ă©tĂ© franchi, un dĂ©clic dĂ©clenchĂ©, pour arriver Ă conduire une horde de tueurs qui volent, pillent, violent, enlĂšvent des hommes et massacres des paisibles populations. Ce dĂ©clic est certainement lâeffet dâun lavage de cerveau, dâune radicalisation et dâun endoctrinement, mais il peut aussi avoir des racines sociales, en lien avec une volontĂ© dâaffirmation de leur appartenance Ă tel groupe ou Ă telle autre ethnie ou communautĂ©.
Il urge donc pour les autoritĂ©s militaires dâintĂ©grer cette facette de la chose dans la lutte armĂ©e contre le terrorisme quâelles mĂšnent. Autant, les autoritĂ©s nationales doivent en tenir compte dans les politiques publiques de dĂ©radicalisation et de prise en charge psycho-sociale. En mĂȘme temps, des vastes opĂ©rations de sensibilisation doivent ĂȘtre engagĂ©es afin dâĂ©viter que dâautres femmes ne rejoignent les rangs des combattants. La place de la femme nâest pas dans les rangs des terroristes !
La rédaction