[ L’Edito du mois de Juillet ] | l’autre moitié du ciel mal lotie

Les résultats définitifs du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) réalisé en 2019 sont connus. Présentés officiellement le vendredi 1er juillet 2022 à Ouagadougou par l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD), ils font état, entre autres et comme toujours, d’une population féminine 10 604 308 personnes sur les 20 505 155 que compte le Burkina Faso, soit un taux de 51,71% de femmes.

 

Au sens propre comme au figuré, la femme occupe donc sa place de « l’autre moitié du ciel » et donc de la population burkinabè. Mais véritablement quelle place lui est-elle réservée dans la planification du développement du pays ? Pour celles qui représentent plus d’un Burkinabè sur deux, quelles politiques publiques sont mises en œuvre pour leur permettre de jouer pleinement le rôle de moteur de développement qui est le leur ? En un mot, les conditions sont-elles réunies pour permettre à la femme burkinabè d’apporter véritablement sa part contributive au développement socioéconomique du pays ? A notre sens, la réponse à toutes ces questions est ‘’non’’. Et cela, pour plusieurs raisons.

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D’abord, hors-mis les efforts du gouvernement et de ses partenaires ces dernières années en vue de la promotion de l’éducation de la jeune fille et de l’alphabétisation de la femme rurale, la gent féminine a longtemps été éloignée des salles de classe, faisant passer ainsi à perte et profit ses chances d’être présentes dans tous les secteurs d’activités pour mieux s’épanouir et ainsi apporter sa pierre à la bâtisse commune.

Ensuite, la situation sécuritaire qui a engendré une grave crise humanitaire a fini de prouver aux yeux de tous que la femme et les enfants font le plus gros contingent des Personnes déplacés internes (PDI) et sont donc cantonnés à attendre les dons et autres assistances du gouvernement et des ONG. Cette situation les met donc en marge du développement du pays parce qu’ils sont plus préoccupés par les besoins élémentaires de l’être humain (sécurité, santé, alimentation, habitat) qu’une quelconque volonté de bâtir un avenir d’ailleurs incertain.

Enfin, la situation sécuritaire du pays place systématiquement les questions de sécurité, de défense et humanitaire comme priorités absolues. A cela, il faut ajouter la question de la saison agricole et éventuellement le retour et l’installation des PDI dans leurs localités d’origine. C’est donc dire que le financement des activités génératrices de revenu des femmes est relégué au second plan, sinon aux oubliettes. Pourtant, que ce soit la question sécuritaire, des PDI ou du développement à proprement dit, il serait vain de bâtir des politiques publiques sans tenir compte de la plus grande proportion de la population. Maintenant ou plus tard, l’autre moitié du ciel mérite sa place quelle que soit la situation à laquelle le pays est confronté. Faire fi de son importance consisterait simplement à déplacer des problèmes qu’on finira par résoudre. Tôt ou tard !

La rédaction

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