Manga : « Ici là, faites très attention, on ne parle pas au hasard »
Dans un mini bus blanc, une quarantaine de journalistes prennent le chemin de la cité de l’épervier : Manga. Situé dans la région du Centre-Sud du Burkina à 70 km de Ouagadougou, ces hommes et femmes de médias y vont pour un atelier de formation avec des Volontaires de Défense pour la Patrie.
Vêtu.e.s majoritairement de tenues relaxes, chaussé.e.s de baskets ou de claquettes, c’est la génération tête baissée, les yeux rivés sur leurs portables. Les uns somnolent malgré la forte musique jouée par le conducteur. Les autres pianotent leurs portables et certain.e.s admirent la nature avec des écouteurs aux oreilles.
« Eh conducteur !», s’écria une journaliste lorsque le bus vient de s’engager sur une route non bitumée et en piteux état…
À environ 70 kilomètres plus loin, le bus fait son entrée à Manga, ce qui n’a pas laissé indifférent les riverains ,ceux assis dans les kiosques, dans les maquis autour de leurs bouteilles de bière .Tous, s’interrogent curieusement sur la nature de ce convoi guidé par un pick-up blanc avec les deux clignotants en alerte. Certains indexent et d’autres se contentent de contempler le bus qui se dirige vers le centre de la ville.
Une course à chambre d’hôtel
« Quoi ??? 30 000 FCFA pour une nuit?? Non ! Allons ailleurs!!Nous ne sommes pas là pour une lune de miel », s’écrient les journalistes quand ils prennent connaissance des tarifs des chambres dans un hôtel.
À 19 h moins le quart, le mini bus se gare devant un évêché de la ville de Manga pour permette aux convoyeurs d’identifier les hôtels où ils vont séjourner. Le comité d’organisation n’ayant pas planifié et réserver des chambres, c’est aux hôtes de trouver où passer la nuit durant ces 2 jours de formation et d’information. Leur excitation et curiosité d’explorer des chambres d’hôtel disponibles, confortables et accueillantes se sont éteints par les prix exorbitants pour eux communiqués par les réceptionnistes.
Après un tour dans plus de 3 hôtels, chacun trouve son compte adapté à un budget raisonnable. « Je veux pour 5000 FCFA ! Moi aussi ! Non il y en a plus ! Ce n’est pas grave même à 7000 FCFA deux personnes peuvent partager une chambre, nous sommes là pour travailler » ! Après les installations dans les différentes chambres, vient le moment clé de la journée pour les hôtes : La restauration.
« Allez manger pour prendre des forces », ordonne un aîné à deux jeunes femmes journalistes qui sortent de leurs chambres d’hôtel.
À 19h30, le calme règne déjà dans la ville, les vrombissements des engins se dissipent peu à peu. Certains hôtes arpentent les abords du goudron pour trouver un restaurant. Portables et anti moustique en main, chaussés de tapettes, ils marchent malgré la fatigue. Entre riz sauce, to et soupe de poisson, de viande, cette fois-ci, les choix se font aisément sans négociation. Les prix des différents menus sont accessibles pour eux : 500 FCFA, 750 FCFA, 1000 FCFA.
Autour d’une table, un groupe de 4 hommes et de 2 jeunes femmes journalistes font connaissance en attendant leurs plats de riz et de soupe de poisson. Première expérience pour certain.e.s, ils discutent, partagent leurs historiques sur les voyages de missions antérieures. Aussi, ils se racontent les réalités de certaines ethnies tout en se donnant des conseils de vie. « Ici là, faites très attention à tout ce qui sort de votre bouche, on ne parle pas au hasard », met en garde à voix basse un des hommes tout en poursuivant avec une histoire.
21h40, sonne l’horloge de morphée pour certains, la fatigue se dessine sur leur visage rendant ainsi leur paupières lourdes.
Tandis que d’autres s’apprêtent à ressortir pour décompresser autour d’une bouteille de bière, d’aucuns regagnent leur chambre en fil. Ayant passé une dure journée de course, de travail, de voyage, ils espèrent pouvoir se reposer et être en forme pour leur atelier d’information sur les droits humains des Volontaires de Défense pour la Patrie (VDP).
Annick HIEN/MoussoNews