Nadine Patricia Ouédraogo refuse la mendicité

Nadine Patricia Ouédraogo, handicap moteur, refuse de s’adonner à la mendicité comme d’autres de personnes dans sa situation. Mère de 2 filles et grand-mère d’un petit-fils, elle s’adonne à la confection de divers gâteaux. L’une de ses spécialités est le gâteau fleur ou grillage. Dans son quartier à Nonsin, elle est la seule à en faire et à en vendre.

Foulard noué sur la tête, vêtue de robe bleue fleurie, Nadine Patricia Ouédraogo mélange de la farine de blé. Elle s’apprête à faire l’une de ses spécialités : gâteaux au grillage ou fleur, dont elle est la seule dans son quartier à faire.

Moule à gâteaux à fleur, gaz, huile, farine de blé, sucre, passoire, petite bassine, ce sont les éléments dont dispose Nadine pour ses gâteaux populaires dans le quartier.

De geste dynamique et minutieux, Nadine mélange sa pâte. Rien dans sa manière de faire, ne la distingue des autres femmes valides ; pourtant elle est assise dans un fauteuil roulant. Elle a perdu l’usage de ses jambes à l’âge de 3 ans à cause de la poliomyélite. « Tout ça, c’est pour éviter de mendier…Mon handicap ne me dérange pas, ça ne m’empêche de rien. Souvent aussi, ce n’est pas qu’on ne veut pas travailler, on a beaucoup de talent, ce sont les moyens qui me manquent », a-t-elle indiqué avec un soupir.

De la couture interrompue à la pâtisserie engagée

Après le CEP, Nadine a été inscrite dans un centre de formation en couture où elle a fait 7 ans. Hélas, en 2022, elle a arrêté pour des problèmes de vision.

Après la couture, la quarantenaire a commencé une vie associative où elle devient coordinatrice des associations de personnes handicapées de Boulmiougou. Elle s’engage activement pour les droits des personnes handicapées, en particulier des femmes souvent plus marginalisées et invisibles. De là naît l’association féminine des femmes handicapées de Boulmiougou dont elle a d’abord été trésorière, ensuite présidente.

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Privée de mobilité, Nadine a trouvé dans la confection de gâteaux, un réconfort et espace d’expression en 2024. Sur la terrasse de son domicile, elle confectionne principalement des gâteaux et autres amuse-bouche : gâteau au coque, grillage ou fleur, chips, arachide sucrée, sésame, etc.

Sa plus grande fierté dans la confection des gâteaux, c’est ceux aux coques. Selon elle, ces types de gâteaux nécessitent de l’imagination pour les designs. ‘’ Les gâteaux aux coques font ma fierté parce que j’utilise mon imagination pour faire les découpages. Pourtant, ceux en grillage, c’est d’office joli à cause des moules’’, a-t-elle détaillé en diminuant le feu de son gaz.

Pour la vente de ses gâteaux, Nadine fait appel à une dizaine de boutiques dans son voisinage. Elle distribue des sachets de gâteaux aux commerçants qui acceptent de faire écouler les gâteaux en échange d’une commission de 100 F par sachet.

Le rêve de Nadine ? Ouvrir un petit restaurant. « La restauration, c’est ma vraie passion. Des années autrefois, j’y ai fait un moment de cuisine, mais j’ai été contrainte de céder le local », souligne-t-elle avec un éclat dans les yeux. Faute de moyens financiers, elle se contente pour l’instant de vendre ses gâteaux faits maison.

Nadine Patricia Ouédraogo incite les autres femmes en situation d’handicap moteur à prendre exemple sur elle, artisane du goût et du courage. « Chercher une petite activité à faire. Actuellement, vous avez la force d’aller vous arrêter aux feux, dans les quartiers pour mendier ; mais lorsque vous n’en aurez plus, vous ne vous en sortirez pas. Parmi ces mendiantes, beaucoup savent faire la coiffure mais elles ne font rien’’, a-t-elle tancé d’une voix légèrement inquiétante.

Annick HIEN/MoussoNews