Enseignante de profession, militante, leader associative et coordonnatrice du Réseau des Femmes Bâtisseuses, Nonmwende Franceline Sawadogo incarne la persévérance et la conviction qu’une femme autonome peut transformer sa vie, mais aussi celle de toute sa communauté. Son parcours, forgé dans les épreuves, témoigne d’un engagement sans relâche pour l’émancipation féminine.

Après un cursus scolaire classique, Nonmwende Franceline Sawadogo rencontre son futur époux en classe de première. En terminale, elle aménage chez lui et devient mère de son premier enfant. Une étape qui bouleverse sa trajectoire.
Obligée de mettre ses études en pause pour se consacrer à sa famille, elle découvre rapidement les limites d’une dépendance financière. « Être mère jeune, ce n’était pas facile, surtout avec un époux seul salarié. J’ai beaucoup souffert. Et quand une femme n’est pas autonome financièrement, elle n’a pas son mot à dire. Elle est limitée et exposée à beaucoup, beaucoup de choses », confie-t-elle.
Cette expérience douloureuse deviendra la pierre angulaire de son engagement. « Je ne voulais pas que d’autres femmes traversent ce que j’ai vécu. Je veux me battre jusqu’à mon dernier souffle pour que les filles et les femmes ne connaissent pas cette souffrance », affirme-t-elle avec détermination.

Bâtir et non seulement construire
C’est ainsi que Nonmwende Franceline fonde sa propre association, pour promouvoir le leadership féminin et l’autonomisation des femmes. Le choix du mot bâtir n’est pas anodin. « On n’a pas dit construire, mais bâtir la femme. Et cela sur tous les plans : psychologique, financier, matériel et social », explique-t-elle.
Le Réseau des Femmes Bâtisseuses du Burkina Faso s’adresse à toutes : rurales, artisanes, entrepreneures, étudiantes, fonctionnaires ou femmes au foyer.
Des actions concrètes et un rayonnement international
Parmi les initiatives phares, la Semaine des Femmes Bâtisseuses du Burkina constitue un temps fort. La dernière édition, organisée en juillet, a rassemblé femmes, experts et partenaires autour de formations, panels, coachings et conférences. L’événement s’inscrit dans un mouvement qui dépasse désormais les frontières du pays et couvre plus de 48 pays, dont le Cameroun, le Mali ou encore le Bénin.
Les premiers résultats sont tangibles : des femmes autrefois hésitantes osent désormais entreprendre, mieux outillées et motivées. « Nous avons observé un net changement de comportement chez les femmes membres. Certaines ont osé entreprendre, d’autres demandent à rejoindre le réseau », souligne Franciline Sawadogo.
Des défis persistants, mais l’espoir en ligne de mire
Malgré ces avancées, les barrières socio-culturelles continuent de freiner l’ascension des femmes, en particulier en milieu rural. Mais Franciline Sawadogo reste convaincue que le changement est en marche. « Les femmes prennent conscience de leurs valeurs. Je vois l’essor de l’Afrique passer par la main des femmes », déclare-t-elle avec conviction. Son rêve ? Voir les femmes rurales épanouies, autonomes et actrices du changement.

Des modèles et des projets porteurs
Inspirée par sa mère, symbole d’altruisme, par son mentor le Dr Poussi Sawadogo et par son père spirituel, le Dr Ly, elle trace son chemin dans le leadership.
Aujourd’hui, elle porte de nombreux projets. Un festival des métiers traditionnels, une journée d’hommage aux éducatrices et un vaste programme de développement pour les femmes rurales. Des initiatives ambitieuses pour lesquelles elle recherche encore des partenaires.

Un appel pressant pour les femmes rurales
À travers son combat, Nonmwende Franceline Sawadogo lance un appel fort aux décideurs. « Ne pas oublier les femmes rurales. Les femmes rurales souffrent en silence. Beaucoup ont des capacités, mais pas de moyens. J’en appelle aux autorités et partenaires à tourner leur regard vers elles », plaide-t-elle.
À l’adresse des jeunes filles et femmes, son message est clair. « Osez rêver. Croyez en vous. Ayez confiance en vos idées. Ne vous laissez pas décourager. Quand vous aimez ce que vous faites, vous trouverez toujours un chemin », a-t-elle lancé.
Maïmouna Nadia Djibo (Stagiaire) / MoussoNews