Pèlerinage à La Mecque : 416 victimes d’une vaste escroquerie en Guinée

Une affaire de grande ampleur ébranle actuellement la Guinée : 416 fidèles musulmans se sont vus dépouillés de leurs économies, espérant accomplir le pèlerinage à la Mecque cette année. Le visage central de ce scandale, Hadja Fatoumata Domani Konaté, dite Hadja Nani, a été présentée à la presse le vendredi 30 mai 2025 à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) de Kaloum, après son interpellation deux jours plus tôt.
Hadja Fatoumata Domani Konaté, dite Hadja Nani aurait perçu des sommes avoisinant les 65 millions de francs guinéens par pèlerin, promettant un voyage spirituel en Arabie Saoudite selon les premiers éléments de l’enquête. Or, ce projet pieux s’est transformé en cauchemar pour des centaines de croyants, dont les passeports au nombre de 380 ont été retrouvés entre les mains de l’accusée, sans que les billets ni les visas nécessaires n’aient été délivrés.
Face aux enquêteurs et aux médias, Hadja Nani a reconnu avoir perçu les fonds, tout en rejetant les accusations d’intention frauduleuse. Elle se dit elle-même victime d’une supercherie orchestrée par un certain Issa, en lien avec un individu nommé Sékou. Ces derniers l’auraient recrutée pour participer à une organisation prétendument habilitée à gérer le Hajj. « Je croyais sincèrement que tout était en règle. C’est Sékou qui me rassurait à chaque étape, même quand les pèlerins ont commencé à s’inquiéter », a-t-elle déclaré lors de son audition publique.
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Aujourd’hui, 416 fidèles guinéens se retrouvent dans l’impasse, certains ayant vendu des biens précieux ou contracté des emprunts pour financer leur voyage sacré. L’affaire suscite l’émoi au sein de la population, particulièrement à l’approche de la saison du Hajj 2025.
Hadja Nani affirme qu’elle a été séduite par les documents officiels que ses partenaires lui ont présentés, documents comportant notamment le nom d’une prétendue « Hadja » et des allusions à la famille du président de la transition, ce qui aurait renforcé sa confiance. Convaincue de la légitimité de la mission, elle a même inscrit une trentaine de membres de sa propre famille, certains bénéficiant de la promesse de voyages gratuits.
La Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) poursuit ses investigations pour retrouver les autres membres présumés du réseau et déterminer les responsabilités exactes dans cette affaire. En attendant, Hadja Nani reste en garde à vue.
Les autorités religieuses et sécuritaires appellent désormais les citoyens à la prudence, rappelant que seul le Secrétariat Général aux Affaires Religieuses est habilité à encadrer le processus officiel du Hajj. Pour les victimes, l’heure est à la désillusion et la quête de justice ne fait que commencer.
Annick HIEN/MoussoNews