Pissy : Des cabarets de dolo en bloc, pleins à craquer malgré un parking vide

À Pissy, dans un des quartiers de Ouagadougou, un bloc de cabarets de dolo attire chaque jour une foule de clients. Curieusement, le petit parking qui jouxte les lieux reste presque vide. Rarement plus de 5 vélos, ni de 3 motos. Tout laisse croire que la majorité des consommateurs habitent à proximité et s’y rendent à pied. Ces mini-cabarets en terre cuite, alignés comme des boutiques, sont pourtant pleins à craquer dès les premières heures de la matinée.

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Odile, l’une des tenancières de ces cabarets à Pissy.

Dès 7 heures du matin, certaines tenancières des cabarets de ce bloc à Pissy ouvrent leurs portes, tandis que d’autres attendent 9 heures pour commencer la journée. « Nul ne dérange l’autre », confie une habituée.

Chaque maisonnette a son cachet, fait d’odeurs de dolo, de commérages animés et de discussions enflammées. Dans ce bloc, chaque tenancière a ses horaires, son ambiance et sa clientèle. Certaines ouvrent dès 7 heures, d’autres attendent 9 heures. Pas de rivalité affichée, chacune mène son activité sans empiéter sur l’autre.

Parmi ces figures féminines, Odile, la cinquantaine révolue, y vend du dolo depuis six ans. Mère de 5 enfants, elle s’est lancée dans ce commerce par nécessité. « Il n’y a pas de travail donc j’ai grouillé trouver un petit coin ici où je vends tranquillement mon dolo », confie-t-elle.

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Ami (nom d’emprunt), la fille de Odile.

Dès 7 heure du matin, sa fille Ami (nom d’emprunt), en vacances scolaires, l’aide à nettoyer le lieu et à servir les premiers clients s’il y’en a. Selon les jours, Odile écoule 3 à 4 seaux de dolo. La calebassée se vend à 100 F CFA et  un bidon de 1,5 L à 300 F . « Grâce à cette activité, je surviens aux besoins de ma famille et je participe même aux charges », témoigne-t-elle.

Autour d’elle, l’ambiance bat son plein. Des femmes s’échauffent sur l’histoire d’une jeune fille devenue maîtresse d’un homme marié, tandis qu’un vieil homme à la barbe blanche ponctue la conversation avec une calebasse de dolo à la main.

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Un des clienst de Odile, un vieillard aux barbes blanches.

Adé, la discrète

Quelques mètres plus loin, Adé (nom d’emprunt) tient également un cabaret depuis plus de 5 ans. Mais à la différence d’Odile, Adé ne brasse pas elle-même le dolo. « Je prends 4 ou 5 sceaux de dolo que j’essaie de tout vendre durant la semaine. Heureusement pour moi, tous les sceaux que je prends j’arrive à les vendre en moins d’une semaine », explique-t-elle négligemment.

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Adé (nom d’emprunt), une autre vendeuse de dolo dans ces blocs de cabarets.

Toute réservée et à la fois négligée, Adé vend aussi de la liqueur, ce qui attire une clientèle différente. Sa gargote est beaucoup attirée par des particuliers en raison du type de discussion qui y sont animés. Parmi eux, A.O , professeur d’Allemand. « Je fréquente ces milieux pour apprendre autre chose de la vie. De nos jours, il ne faut pas dire que je suis intellectuel donc je dois marcher avec les intellectuels. On n’apprendra rien en ayant une telle mentalité », dit-il en conseillant d’apprendre à être flexible pour toute situation.

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A.O , professeur d’Allemand, un des clients de Adé.

Lire aussi:  Vente de dolo: Bravoure et ténacité des ‘’dolotières’’ dans les cabarets – Mousso News

Des défis quotidiens

Mais derrière l’animation et la solidarité apparente, ces cabarets en bloc font face à de réelles difficultés. Odile en sait quelque chose. À ses débuts, elle proposait aussi de la soupe. Mais des vols à répétition, des plats et ustensiles disparus l’ont contrainte à abandonner cette activité annexe. « Cela m’a beaucoup découragée », lance-t-elle en servant un client.

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De plus, la pluie complique aussi le quotidien. Adé le confirme. « Quand il pleut, les gens ne viennent pas nombreux. Et je n’arrive pas à vendre comme avant », indique-t-elle timidement.

Par ailleurs, ces mini cabarets de dolo ne sont pas seulement des lieux de consommation, ils deviennent aussi des espaces de débrouille pour d’autres femmes. Chez Adé, par exemple, une cliente fidèle profite de l’ambiance et de la fréquentation pour proposer ses arachides bouillies. Elle alterne entre servir ses sachets fumants aux consommateurs et lever sa calebasse pour trinquer avec les autres.

Même scène chez Odile. L’une de ses habituées arrive chaque soir avec un plateau de crudité de concombre. Tout en grignotant, les clients achètent ses portions fraîches, ce qui lui permet de faire vivre son petit commerce tout en partageant le dolo de Odile.

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Le parking presque vide de ces blocs de cabarets pourtant il y’a du monde dans chaque bloc.

Malgré ces défis, l’esprit de coexistence domine, la cohabitation est pacifique au sein de ces blocs de maisonnettes. Plus loin, 2 maquis partagent le même alignement que ces cabarets. « Nul ne dérange l’autre », assurent l’un des gérants tout en rappelant que chacun connait ses clients et chaque propriétaire a son univers.

Annick HIEN / MoussoNews

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