Stress conjugal : Des témoignages qui donnent des frayeurs

“Le stress est un état d’inquiétude ou de tension mentale causé par une situation difficile.”

J’ai échangé avec un cancérologue et de nombreux médecins et thérapeutes. Tous se questionnent sur le nombre de plus en plus élevé des maladies psychosomatiques chez les jeunes femmes. Même si tous me disent qu’il n’y a pas encore une étude scientifique (à leur connaissance) qui fait le lien entre leurs hypothèses et certains cancers et maladies actuelles, ils pensent que le stress conjugal fait partie des causes possibles de ces cas.

Avant de soigner ces maladies, ils échangent avec les patientes pour mieux comprendre leur environnement, mesurer leur état émotionnel et psychologique. Le mental joue une part essentielle dans la guérison. Leurs exemples et ceux que j’ai moi-même entendu et vu, viennent conforter leurs hypothèses.

  • Savez vous que:

– il y’a des femmes qui ont couvre-feu quotidien. 17h ou 18h selon le conjoint. Passée cette heure, elles savent qu’à leur retour elles subiront des violences physiques et/ou morales, des menaces et des chantages. Cela développe chez elles, un stress chronique, difficilement compatible avec des ambitions d’avoir des postes de responsabilités. Parfois vos collègues ou vos employées paniquent, pleurent ou sont nerveuses quand il y’a le moindre imprévu qui les obligent à rester de manière exceptionnelle quelques minutes ou heures de plus, elles sont stressées par ce qui les entend.

– des femmes qui cuisinent mais n’ont pas le droit de manger, ni elles, ni les enfants, avant le retour de leurs conjoints. Peu importe l’heure à laquelle ils rentrent. Tout le monde doit les attendre. Pour avoir enfreint cette règle, une femme a été battue jusqu’à perdre connaissance, les enfants qui ont assisté à la scène et elle, n’ont plus jamais osé manger avant le retour de leur père. Ils mangent parfois à 20h, parfois à 22h, parfois pas si il ne rentre pas.

– des femmes qui n’ont pas le droit d’ouvrir le frigo de la maison conjugale sans autorisation de leurs époux. Vous avez bien lu. Pourtant elles avaient chez leurs parents des frigos pour chaque type d’aliment. Et la phrase qu’on leur lance souvent est “ici ce n’est pas chez ton père…”.

– des femmes à qui ont dit de ne pas s’assoir dans les fauteuils ou le canapé du salon pour ne pas les “abimer” (peu importe leurs poids) mais sur le tapis, un tabouret ou une chaise à part.

– des femmes en couple à qui les conjoints imposent des rapports sexuels non consentis dans des cadres qui bafouent toutes leurs valeurs personnelles. Je ne parle pas de fantames communs assouvis volontairement par les conjoints. Non, je vous parle de pratiques imposées par le conjoint souvent dans la violence. Dans des lieux imposés, avec ou sans des objets et qui impliquent parfois d’autres personnes en dehors du couple.

– des femmes battues jusqu’à la perte de connaissance. Une m’a dit qu’elle ne savait pas qu’une femme noire pouvait avoir des bleus, elle l’a su à son réveil. Les médecins ont dû l’endormir pour la soigner, elle avait des œdèmes de la tête au pied.

– des femmes que leurs conjoints ont amené à prendre des prêts financiers pour eux et qui sont endettées jusqu’à la pointe des cheveux. Elles ne peuvent plus aller dans certains lieux, ni à certains événements parce qu’elles doivent à tellement de personnes et d’institutions… Chaque mois elles se font encaisser par des créanciers divers qui viennent parfois soit au bureau, soit chez elles. Elles ne voient plus jamais la couleur de cet argent que les conjoints ont pris pour “investir” dans des projets. Certaines remboursent jusqu’à présent des crédits pris pour des conjoints qui ont déserté le foyer conjugal depuis des mois ou des années.

– des femmes à qui ont fait porter seule la responsabilité de la fertilité du couple. Malgré que les examens fait par les deux conjoints après de longues années de négociation et des résultats qui prouvent que le problème vient des conjoints, ces derniers les affublent de tous les maux du couple et les laissent subir et endurer seules les calomnies, les invectives des familles indélicates, des proches et même des inconnus. Pour “sautra” ces conjoints, elles prennent tout sur elles. Elles encaissent et sacrifient leur maternité pour couvrir ces hommes. Hommes qui leur ramènent parfois, des enfants qu’on leur affuble à l’extérieur du foyer et qu’ils errigent en trophées de leur fertilité.

– de jeunes adolescentes ba.ttues et violentées par leurs copains. Elles sont convaincues que c’est comme ça qu’on aime, en acceptant tout. Elles reproduisent ce qu’elles ont vu ou vécu. Elles sont contraintes à des pratiques sexuelles parfois avec plusieurs partenaires à cause d’un “je t’aime” d’un néo puber perturbé. Le manque d’amour et la faim ont de nombreuses conséquences.

– des femmes, qui après avoir subi toutes ces violences finissent par tomber gravement malades et sont abandonnées par leurs conjoints dans les hôpitaux où chez elles.

– et il y’a toutes ces histoires que je ne peux pas narrer ici parce que trop difficiles à raconter, trop vicieuses, trop incroyables pour que votre esprit puissent les accepter aujourd’hui.

Tous les exemples cités se passent au Burkina ou en Afrique. Pas ailleurs. Celles qui vivent ces violences sont vos amies, collègues, mères, sœurs, filles, cousines, employées… Elles vivent un stress chronique sous nos yeux. Elles survivent. Elles perdent tous les jours une part d’elles-mêmes. Certaines partent, la majorité malheureusement reste et d’autres meurent.

Bien sûr le stress conjugal n’est pas le seul facteur où la seule cause possible de ces maladies, cancers et autres maux que vivent des femmes de plus en plus jeunes dans nos sociétés mais c’est l’hypothèse dont j’ai choisi de parler.

Des hommes aussi, vivent ce stress conjugal. J’ai longuement écouté certains me parler de leur stress, leur anxiété chronique, leur douleur de vivre dans un mariage désastreux. J’en parlerai peut être dans un autre écrit.

Mon père nous a toujours dit qu’il n’y a rien de pire pour une femme que d’épouser un homme complexé. J’ajoute à cela “un homme complexé, en mal avec sa virilité, qui croit s’élever en vous rabaissant”. On ne se met pas en couple avec tout le monde, on n’épouse pas tout le monde, on ne reproduit pas tout le monde. Questionner vos valeurs et les leurs avant de vous engager et même si vous êtes dupées, ces valeurs vous feront avoir le discernement nécessaire assez tôt pour ne pas endurer toutes ces violences.

A celles pour qui ces faits sont familiers, je vous souhaite de vous aimer, de vous choisir, de vous préférer. Vous êtes trop précieuses pour nous priver de vous. Personne ne vous a peut-être appris à vous aimer, on éduque nos enfants mais est ce qu’on leur apprend à s’aimer, est ce qu’on leur apprend à vivre heureux?

Maintenant que vous savez, ouvrez les yeux sur vos proches et soyez là quand elles seront prêtes à se choisir. Dessinons ensemble et avec elles un autre possible… un autre avenir.

Fatim TOURÉ

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